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JES6 - Pour une France Juste, Ecologique et Sociale

Ce blog rassemble mes idées et constitue une modeste pierre pour bâtir une alternance en 2022.

Obama et l'Europe

Le sénateur de l'Illinois s'était fixé un objectif, en quittant les Etats-Unis pour sa tournée internationale: prouver à ses électeurs et à tous les citoyens américains que, sans passé glorieux à mettre en avant (qui semble être une constante pour être un bon candidat, notamment chez les républicains), il à l'étoffe d'un chef d'Etat. Apte à dialoguer avec des chefs d'Etat étrangers. Capable de proposer des solutions aux désordres du monde et de renforcer la voix d'une Amérique méprisée. Et surtout le seul à pouvoir proposer une alternative, à la fois crédible et ambitieuse, à la désastreuse diplomatie bushiste, qui a explosé le sentiment anit-américain à travers le monde. Mais, ne nous y trompons pas: quel que soit le vainqueur du scrutin de novembre, la nouvelle diplomatie américaine sera en rupture avec les années Bush. Car si nombreux sont les citoyens européens à souhaiter la victoire du candidat démocrate - qui semble avoir les faveurs des dirigeants qui l'ont reçu -, il n'en demeure pas moins que ce qui est présenté comme de l'anti-américanisme n'est autre qu'un rejet du bushisme. Qui n'en est pas pour autant un rejet des républicains ! Et Sarko a, sur ce point, eu raison de rappeler, lors de sa conférence de presse conjointe avec le sénateur démocrate, que les Français aimaient l'Amérique et les Américains, et continuaient d'admirer ce fameux rêve américain (dont Obama est un exemple). Car, les sondages le prouvent: les Européens souhaitent que le lien transatlantique se retisse et que les USA continuent d'être nos amis et alliés.

C'est pourquoi Barack Obama a fait de l'Europe une étape importante - la dernière - de sa tournée: il lui faut commencer à tisser ce nouveau lien qui unira, en cas de victoire présidentielle, la nouvelle Amérique avec le Vieux continent. Ainsi a-t-il choisi de réaliser ce que certains médias ont appelé le "discours de Berlin", dressant un nouveau parallèle entre le candidat et le président Kennedy (et son fameux "Ich bin ein Berliner"). Devant une foule immense, occupant la totalité de l'avenue séparant la porte de Brandebourg de la colonne de la Victoire (ci-contre), le sénateur s'est exprimé sur ce sujet: l'évènement, retransmis en direct par de nombreuses chaînes de télévision, a consisté en un mélange de rappels historiques (le lien qui unit les deux continents, à travers notamment l'engagement des Etats-Unis lors des deux guerres mondiales, pour garantir la paix et la démocratie en Europe) et de bonnes intentions qui, si elles se confirmaient, constitueraient l'amorce d'une nouvelle ère dans l'histoire des USA. Dans son intervention, M. Obama a fait de l'Europe son partenaire incontournable pour règler les affaires du monde: pour lui, les Etats-Unis seuls ne peuvent rien résoudre. Et, pour parvenir aux bouleversements dont le monde a besoin, ils doivent s'associer à une Europe devenue un partenaire politique, économique et diplomatique incontournable. Un tel discours était assez inattendu et révèle une vision bien différente d'un monde désormais multipolaire.

Lors de la conférence de presse qu'il a tenu à l'Elysée, le candidat démocrate a insisté à plusieurs reprises sur cette idée selon laquelle les Etats-Unis ne peuvent pas tout règler. Il a notamment déclaré qu'en cas d'élection, il n'avait pas l'intention de maintenir son pays dans un rôle de "gendarme du monde". Certes, les Etats-Unis restent la première puissance politique, économique, diplomatique et militaire du monde. Mais, aucun Etat, pas même le premier d'entre eux, ne peut en effet apporter une réponse globale aux problèmes complexes auxquels il est confronté. Autre signe de cette heureuse rupture, le sénateur de Chicago a plusieurs fois cité l'exemple du réchauffement climatique: qu'un candidat à la Maison-Blanche évoque aussi fréquemment, au cours de sa campagne, un tel sujet - diplomatique, dans la mesure où il suppose la négociation avec l'ensemble des Etats du monde - est une véritable révolution. Et je pèse d'autant plus mes mots que l'analyse que propose le candidat démocrate du monde actuel est des plus justes: négocier avec les régimes les plus durs doit permettre de ne pas les brusquer ni de les renforcer; aucun grand chantier ne pourra être résolu sans tenir compte du poids et de l'avis de l'Inde ou de la Chine; s'en prendre à un modèle capitaliste ultra-libéral en déconfiture pour préserver la paix entre les peuples.

Autant de projets, de très grande envergure, auxquels il va falloir s'attaquer... avec une bonne dose de courage politique. Dont Barack Obama ne semble pas dépourvu. Au-delà des mini-polémiques, qui n'ont d'ailleurs pas duré, sur le temps passé par le candidat en Allemagne puis en France, ou encore sur la forme qu'ont prises ses déclarations publiques, c'est le contenu de ses propos qu'il faut retenir. Et je dois bien avouer avoir été conquis - en plus d'un a priori plutôt positif - par ce candidat, franc, qui - chose rare - répond à toutes les questions qui lui sont posées. Une chose m'a frappé lors de la conférence de presse (que j'ai suivi en direct sur LCI): il n'a jamais contourné l'une des questions posées et a même, quand elles étaient multiples, fait des réponses en citant la "Xème partie de votre interrogation". Méticuleux, ne lisant pas les fiches qu'il avait pourtant préparé (contrairement à la déclaration que John McCain a fait en marge d'une partie de golf avec Buch père !), M. Obama a fait forte impression... tout autant lors de son grand discours à Berlin. Discours qui a suscité l'adhésion quasi frénétique d'une foule qui scandait le slogan de la campagne du sénateur de l'Illinois. Espérons que l'engouement qu'il suscite en Europe lui soit profitable pour l'emporter en novembre !

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