Quelle politique de l'emploi en Sarkozie?

Plusieurs sujets présents dans l'actualité récente ramènent au premier plan le dossier de la politique de l'emploi. Alors que les statistiques officielles confirment ce que nous savions déjà (que le nombre de chômeurs diminue grâce aux nombreux départs en retraite de la génération du Baby-boom), les dispositifs mis en place par le gouvernement pour créer de l'emploi mérient quelques commentaires:

- après les maisons de l'emploi, que Jacques Chirac et Jean-Louis Borloo avaient créés, pour accompagner plus efficacement les demandeurs d'emploi dans leurs démarches, le gouvernement Fillon met en place la fusion de l'ANPE et des ASSEDIC qui en est le corollaire. En instituant un Dossier Unique du Demandeur d'Emploi, cette réforme permet au gouvernement d'accentuer le contrôle des chômeurs, dont le principal objectif est de chasser les fainéants (que l'on pourrait croire majoritaire, tant on en entend parler !) qui ne répondent à aucune offre et qui regardent la télé à longueur de journée en attendant d'empocher le RMI ! Qu'un demandeur d'emploi ne puisse plus, au bout d'un certain temps, refuser une offre qui corresponde à ses qualifications et à son profil (projet professionnel, expérience, temps de transport, rémunération), c'est d'autant plus normal qu'on peine à comprendre comment il pourrait la refuser.

Que des sanctions soient créées pour réduire le nombre de ces chômeurs fainéants, qui sont loin d'être majoritaires mais qui existent, c'est tout aussi normal. Mais cela ne suffit pas. Ces dossiers personnalisés doivent aussi éviter que des demandeurs d'emploi reçoivent des propositions d'embauche dans un secteur qu'ils ne connaissent pas, pour lequel ils ne sont pas formés ou à des conditions de rémunération qui ne paraissent pas justes. Il faut aussi savoir défendre les droits des salariés: et, pour cela, un parcours et un suivi personnalisés sont nécessaires.

- dans la réforme de l'Education, on entend que très peu parler de l'apprentissage, de ces filières basées sur l'alternance, qui sont des voies d'avenir pour nombre d'élèves français. Or, toutes les études le montrent: les secteurs les plus demandeurs de main d'oeuvre sont des secteurs bien souvent manuels, qui nécessitent un apprentissage à la fois théorique et pratique. Ces voies soivent être valorisées et rendues plus attractives. Un débat sur le statut des apprentis, sur leur rémunération et les charges qui pèsent sur les employeurs ne serait pas inutile. Un débat sur le rôle des séniors dans la prise en charge des apprentis, pour la transmission de leurs savoirs et savoir-faire le serait encore moins. Dans ce domaine, de nombreuses pistes sont à explorer: au PS de savoir s'en saisir.

- en parallèle à ce problème de l'apprentissage s'ajoute la question des travailleurs sans-papiers qui occupent les places laissées vacantes par des Français démotivés pour alimenter ces secteurs d'activité. Les salaires, qu'ils jugent insuffisants compte-tenu des conditions de travail, et les conditions de départ en retraite devraient par ailleurs être examinés. Car, si la France ne peut pas accueillir toute la misère du monde, elle ne peut pas non plus procéder à la régularisation automatique de ces immigrés illégaux travaillant dans notre pays. Faute de quoi un appel d'air serait créer. Même s'il serait mal venu de ne pas accorder la nationalité à des personnes travaillant en France, logées en France et parlant français. La politique d'immigration ne doit pas se limiter à une immigration de travail, qui alimenterait des secteurs où les employeurs n'auraient pas d'efforts salariaux à faire, et doit, je le répète, faire l'objet d'un grand débat européen où tous les aspects de ce délicat dossier seraient discutés. De cela aussi le PS doit savoir se saisir... car l'échec des lois successives sur l'immigration n'est plus très loin.