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JES6 - Pour une France Juste, Ecologique et Sociale

Ce blog rassemble mes idées et constitue une modeste pierre pour bâtir une alternance en 2022.

La double mort d'Ingrid Betancourt

Le titre de cet article est, évidemment, à prendre au second dégré: il plagie le titre d'un ouvrage historique que je viens d'acheter (La double mort de Louis XIII). La situation de l'otage franco-Ingrid.jpgcolombienne est sffisamment difficile et dramatique, notamment depuis ces dernières heures, pour en plaisanter. Il faut dire que les nouvelles en provenance de la jungle colombienne, données par les quatre anciens parlementaires, libérés sans contre-partie par les FARC avant-hier, ne sont guère rassurantes. Selon deux de ces ex-otages, retenus depuis six ans, Ingrid Betancourt serait atteinte d'une hépatite B et son état de santé serait catastrophique. Malade, elle serait mentalement à bout de force: ses tentatives avortées d'évasion (l'un des otages récemment libérés a confirmé l'existence d'une tentative jusque-là inconnue), symbolisant son courage, ont bien sûr entamé la détermination d'une femme apparue, déjà il y a quelques mois, épuisée, dans la vidéo la plus récente qui a alors fait office de "preuve de vie" (photo). Avec ces nouvelles alarmantes, les proches de l'otage la plus célèbre des FARC multiplient les déclarations alarmistes: son fils, Lorenzo, craint pour la vie de sa mère et s'est dit "épouvanté et horrifié" par la situation créée par la mort du numéro 2 de la guérilla colombienne.

Car, dans cette affaire complexe, deux éléments semblent décisifs. 1- le président vénézuélien, Hugo Chavez, qui avait débuté une médiation qui semblait pouvoir porter ses fruits reste, pour les FARC, leur interlocuteur privilégié. La communauté internationale, sans le dire clairement, s'en remet au leader vénézuélien pour pallier son propre manque d'action: notons qu'à chaque nouveau coup de projecteur sur ce dossier, les déclarations de bonnes intentions se multiplient, alors que chaque fois les enfants d'Ingrid appelle les diplomates à agir... sous-entendant que leur activisme verbal n'est que rarement suivi de faits ! 2- l'attitude du gouvernement colombien, et du président Uribe (certes, réélu sur la promesse de mater les FARC), est des plus catastrophiques. Leur entêtement à vouloir combattre militairement la guérilla pour l'obliger à relâcher les otages fait courir un énorme risque à ces hommes et ces femmes retenus dans d'atroces conditions. Les derniers évènements ne pouvant que servir d'exemple à cette situation: tout en relâchant sans contre-partie quatre de leurs otages, en signe de bonne volonté (et d'ouverture !), les FARC faisaient savoir qu'ils ne négocieraient avec Chavez qu'en cas de retrait des troupes colombiennes.

Le lendemain, l'armée mène une grande opération, tuant l'un des principaux responsables des FARC (leur porte-parle, Raul Reyes, photo), croyant décapiter le mouvement en le démoralisant... mais, c'est dans FARC.jpgces situations que les organisatons terroristes, ou considérés comme telles, sont les plus à même de se renforcer et de devenir plus que jamais dangereuses ! Malheureusement, la communauté internationale ne réagit que peu, appelant les Colombiens à plus de retenue: cela fait des mois qu'Uribe entend ce discours... et on voit aujourd'hui le résultat ! Dans le même temps (super) Sarko s'est dit prêt à aller chercher Ingrid en Colombie: s'il ne va pas à Bogota avec l'idée de convaincre Uribe d'arrêter son délire militaire et de l'inciter à ouvrir de véritables négociations politiques avec les FARC, alors l'échec est assuré. Car, ici, c'est bien d'un problème politique interne au pays dont il s'agit: les membres des FARC, souvent issus de couches pauvres de la société, menacés par la précarité financière et sécuritaire, se réfugient dans les bras d'un mouvement paramilitaire... comme les jeunes des quartiers difficiles du Maroc alimentent les rangs d'Al-Qaida au Maghreb ! Le gouvernement essaie d'inciter les guérilleros à déserter en échange d'une réintégration facilitée... et cela semble porter ses fruits. Pourquoi ne pas encourager une négociation plus large, à laquelle les FARC semblaient, jusque-là, disposés?

Bref, en continuant sur cette voie, le président colombien "tue" une seconde fois les otages des FARC, déjà anéantis par des années de détention. Le calvaire qu'ils subissent, et dont personne ne peut avoir une véritable idée (comment imaginer ce à quoi doit ressembler six années d'otages?), les a déjà, symboliquement, plongé dans une première mort, dans un état de coma, qui les tient loins de leurs proches. Six années sans réellement vivre, faite de désespoir et de peur ! Quel cauchemar ! Et, c'est pour cette (terrible) raison qu'il faut que nos dirigeants, nos diplomates qui savent aller chercher de juteux contrats, s'emparent d'un dossier dans lequel la vie de centaines d'êtres humains sont en jeu ! Et, chaque citoyen peut agir:  la veille du 2200ème jour de détention pour Ingrid, allez signer la pétition en ligne sur son site de soutien (en cliquant
ICI). En voici, par ailleurs, l'intitulé: "Monsieur le Président de la République Française, Mesdames et Messieurs les députés européens, nous vous demandons de faire tout ce qui est en votre pouvoir pour favoriser la mise en place d’accords humanitaires en Colombie, seule issue envisageable pour la libération des otages. Nous remettons notre espoir entre vos mains".
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B
Que dire qui n'a pas déjà été dit ?<br /> Le temps va finir par manquer
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