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JES6 - Pour une France Juste, Ecologique et Sociale

Ce blog rassemble mes idées et constitue une modeste pierre pour bâtir une alternance en 2022.

Un espoir pour les banlieues? Peut-être...

C'est donc conformément aux promesses du candidat que le président Sarkozy a mis en place un nouveau plan banlieue, appelé "Espoir banlieue" (logo ci-dessous) et présenté, dans les grandes lignes, par la secrétaire d'Etat à la politique de la ville, Fadela Amara. Avant de revenir sur l'esprit de ce projet (sur le fond, donc !), et en attendant de pouvoir parler des propositions elles-mêmes (d'ici qelques jours), analysons la manière avec laquelle il a été annoncé. Ce fut lors d'une visite de la secrétaire d'Etat, aux côtés de sa ministre de tutelle, à Vaulx-en-Velin, dans la banlieue lyonnaise. Une annonce symbolique de la méthode d'un président qui se réserve le moment où il faut dévoiler les grandes mesures de ce plan, sans doute dans un salon de l'Elysée devant quelques dizaines de courtisans qui viendront applaudir l'une des réussites de ce début de septennat... et qui laisse à sa ministre la primeur d'en annoncer les grandes lignes, histoire de freiner l'impatience de celles et ceux qui attendent beaucoup d'une politique qui a, jusque-là, et ces cinq dernières années notamment, était que peu efficace. Bref, tout l'inverse de ce que devrait être un président: celui qui fixe les grandes lignes de l'action gouvernementale, qui "fixe le cap" (comme on disait sous Chirac) et qui laisse aux ministres qu'il a nommé le soin de boucler l'intégralité du dossier, de la défendre au Parlement et dans les médias, pour informer les citoyens.


La méthode Sarko, c'est aussi beaucoup communiquer et jouer sur les apparences. La preuve? 1- il se rend, la veille de la présentation par ses deux ministres, dans une des cités les moins chaudes de la région parisienne pour se refaire une... popularité ! Au contact des gens, volant la vedette à une secrétaire d'Etat dont on sait à l'avance ce qu'elle va dire, le président de la République veut montrer qu'il contrôle tout, qu'il continue à faire l'actualité, qu'il peut revenir fréquemment en banlieue (aussi souvent qu'en Inde, comme si la banlieue n'était pas vraiment la France) ; 2- comme ses prédecesseurs, le chef de l'Etat propose un énième "plan banlieue", qui se veut pourtant en "rupture" avec tout ce qui s'est fait jusque-là... et à ceux qui critiquent déjà ce nouveau plan, voté (certes) par la même majorité que celle qui a échoué récemment, je dis: "laissez-lui le temps d'en présenter les contours". Il est logique qu'un candidat qui a fait campagne sur l'idée d'une rupture avec ce à quoi il appartenait décide de créer un plan qui "répare" les insuffisances des plans précédents ! Tout comme il aurait été logique que Ségolène Royal mette en place un tout aussi "énième" plan banlieue...

espoir-banlieues.jpg
Venons-en au fond ! Et notons, d'emblée, le décalage assez net entre les propos de la ministre, qui a centré son intervention (retrouvez-là en cliquant ICI) sur les personnes, les individus qui habitent les quartiers dits difficiles, et ceux de la secrétaire d'Etat qui, quelques instants auparavant, rappelait que le plan avait pour ambition d'aider 100 quartiers, retenus pour leurs difficultés. Certes, il est quasiment nécessaire de cibler les zones difficiles, ces banlieues qui cumulent les handicaps et contre lesquels il faut lutter énergiquement, avec d'importants moyens financiers... mais, comme le faisait remarquer Christine Boutin, c'est bien d'hommes, de femmes et d'enfants, majoritairement (mais pas uniquement !) d'origine étrangère, plus ou moins bien intégrés, dont il est ici question. Dans la France 2008, ces zones font peur: ce qui s'y passe (voitures brûlées, trafic de drogue, violences physiques quotidiennes...) effraie une partie d'un électorat qui, faisant l'amalgame avec ces populations immigrées, se jette dans les bras d'un FN qui joue sur cette ambiguité.

Plus qu'à ces territoires, c'est donc aux hommes qui les peuplent qu'il faut accorder notre plus grande attention. C'est en facilitant leur intégration, en refusant les communautarismes, en en faisant des citoyens de la République (qui ont les mêmes droits et les mêmes devoirs que nous tous), en leur offrant les chances de réussir et de bâtir un projet de vie que l'on réussira. Et cela, Mme Boutin l'a compris... c'est, à mon avis, ce qui faisait, jusque-là défaut aux ministres successifs de la Ville qui continuaient de réfléchir en terme de territoire. De là à dire que le président de la République l'a lui aussi compris, je n'en suis pas cetain: le discours n'avait de sarkozyste que la première partie où il était question... de sécurité, bien sûr ! Le reste était, à mon sens, du pur Boutin, comme le prouve cet extrait: " Après toutes ses années d’efforts, de subventions, nous le savons tous, persistent de véritables inégalités entre nos quartiers. Notre volonté c’est est de rétablir l’égalité républicaine. Chacun doit trouver sa place et être certain d’apporter par son existence, sa contribution au développement de la société française. Par exemple, vous le savez, dans certains de nos quartiers, le chômage est souvent deux fois plus élevé que la moyenne nationale. C’est inacceptable ! Cela représente une perte de confiance en soi, un gâchis humain, un manque à gagner considérable pour le dynamisme de notre pays ".

Le diagnostic est clairement posé: l'Etat doit, dans ces espaces, ramener l'équité républicaine, la justice sociale, la justice tout court (et donc, les forces de l'ordre: ce qui n'est nullement choquant) et donner ainsi aux jeunes de ces quartiers les moyens de réussir, de reprendre confiance en eux, et de faire la preuve qu'ils sont des citoyens à part entière, qu'ils ne sont pas que des "racailles" en puissance... c'est une révolution dans la manière de voir ce douloureux dossier. D'autres passages de ce discours (digne, à mo avis, d'un "vrai" président qui fixerait l'esprit de sa politique) permettent d'y voir encore plus clair, et de comprendre quel rôle l'Etat doit jouer. " L’Etat apportera tout son soutien à cette politique. Mais l’Etat ne peut pas tout faire et c’est un mirage de croire que la Puissance publique dispose du pouvoir de bouleverser l’avenir des quartiers depuis Paris. Le rôle de l’Etat c’est de fédérer, d’accompagner et de réguler quand c’est nécessaire. Nous devons faire confiance aux forces vives locales qui partout se mobilisent pour aider nos villes à retrouver leur équilibre, leur dynamisme, leur avenir dans le développement et l’harmonie sociale ".

Donner aux acteurs de terrain, à ceux qui connaissent les personnes dont il est ici question, les moyens de mener des actions qu'ils ont déjà commencé, voilà qui pourrait donner un peu d'espoir aux banlieues ! On attend donc de voir le détail des mesures... et, en attendant, réagissez en postant vos commentaires !

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