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JES6 - Pour une France Juste, Ecologique et Sociale

Ce blog rassemble mes idées et constitue une modeste pierre pour bâtir une alternance en 2022.

La démocratie se porte-t-elle bien à travers le monde?

Il y a un an, jour pour jour, la journaliste russe Anna Politkovskaïa était assassinée à Moscou de deux balles, l'une dans le coprs, l'autre en pleine tête. Un an après, ni l'assassin, ni les commanditaires n'ont été identifiés, arrêtés et jugés... il faut dire que cette affaire a rapidement mis en cause le Kremlin ! Les enquêtes et reportages publiés par cette femme de 48 ans avaient de quoi déranger puisque dans un pays où les libertés d'expression apparaissent comme assez restreintes, elle avait mis en cause et la politique étrangère russe et la philosophie qui la sous-tend. L'un de ses plus célèbres reportages, sur la Tchétchénie, qui prenait partie pour les victimes des exactions de l'armée russe sur ce territoire qui réclame son autonomie, avait déjà dérangé: en route vers Beslan, où une prise d'otages était en cours en septembre 2004, la journaliste avait été empoisonnée par une substance versée dans son thé, et jamais identifiée ! En cette date anniversaire, nombreux sont les Russes à rendre hommage à la première figure de l'opposition politique à Vladimir Poutine, et nombreux sont les journalistes, notamment du quotidien dont Anna Politkovskaïa était salariée, à craindre de trop bousculer le Kremlin ! 


poutine.jpg
La grande démocratie qu'est la Russie vient par ailleurs de vivre une actualité politique riche et révélatrice de ce qu'est devenu le pays depuis 2001. On se souvient de la phrase du grand démocrate qu'est Vladimir Poutine (photo officielle ci-contre) qui déclarait, il n'y a pas si longtemps: 
"Bien sûr que je suis un pur et absolu démocrate ! La tragédie, c’est que je suis le seul pur démocrate au monde. Depuis la mort du Mahatma Gandhi, je n'ai plus personne à qui parler"... et bien voilà que le président russe met en pratique sa vision de ce qu'est une "pure démocratie": après avoir été pendant huit ans, à l'issue de deux mandats, président de la Fédération de Russie, il s'apprête à en devenir le premier ministre, puisqu'il a annoncé prendre la tête de la liste de son parti en vue des législatives de janvier prochain. N'ayant pas la possibilité de se présenter pour un troisième mandat, le jeune Vladimir (qui fête aujourd'hui-même ses 55 ans) ne veut pas arrêter là sa (brillante ?) carrière politique... une seule solution: pour garder le pouvoir, sans en être officiellement le détenteur, il suffit de faire élire un nouveau président-"pion" (par exemple, le nouveau premier ministre, fraîchement nommé, et qui ne risque pas de lui faire de l'ombre !), de mener la politique gouvernementale et de tirer, dans l'ombre, les ficelles au Kremlin.

D'ailleurs, ni les observateurs, ni les Russes eux-mêmes ne sont dupes: les supporters du président russe, qui haïssent ces gens qui tentent de proposer une alternative démocratique, alors qu'ils n'ont aucune chance de l'emporter (l'ex-champion d'échecs, Garry Kasparov, n'est crédité que de 2% des suffrages !), réclament même une réforme constitutionnelle pour supprimer cette limitation du nombre de mandats ! On voit bien, qu'après huit ans de pouvoir, Poutine a fait de la Russie moderne une grande et "pure" démocratie. Pour preuve: ceux que l'on appelle les Poutine's boys, recrutés par le parti du président, form(at)és pour mener des débats entre jeunes, et pour, parfois, taper sur des opposants, sont de plus en plus nombreux, et de plus en plus puissants, dans la capitale ! Certes, Poutine a fait revenir la Russie sur le devant de la scène internationale, avec ses apparitions aux côtés de Bush ou ses interventions dans quelques dossiers où les intérêts (financiers) du pays sont concernés... mais où en est la pauvreté en Russie? Comment les plus démunis vivent-ils au quotidien? Voilà des questions, importantes, qui sont mises de côté... comme souvent, on se préoccupe bien peu du sort des peuples !

Et pendant ce temps-là, il en est un de peuple qui continue de mourir de la faim, de la soif et de l'extrême pauvreté dans laquelle son dirigeant l'a plongé. Et c'est le brillant reporter de France 2, Dominique Derda, qui, se faisant passer pour un touriste, caméra amateur à la main, a réalisé un reportage plus qu'intéressant sur la vie quotidienne au Zimbabwe. Ce pays africain, parmi les plus pauvres de la planète, est dirigé par un dictateur, Robert Mugabe, au pouvoir depuis 1987 date à laquelle il prend la tête du pays après l'avoir dirigé en tant que premier ministre pendant sept ans: à côté de lui, Poutine est un démocrate crédible... Agé de 83 ans, le dictateur zimbabwéen est le responsable d'une des catastrophes économiques les plus importantes du continent noir: 1- selon certains experts, l'inflation serait supérieure à 7 000% (oui, vous avez bien lu !) cette année, plongeant encore un peu plus les habitants, non dans la pauvreté, mais dans une situation d'extrême misère ; 2- grâce à des investissements importants pour reconstruire les villes, en en détruisant les bidonvilles, le président a chassé des villes les plus pauvres qui s'entassent dans le désert, où l'eau est devenue une denrée accessible par intermitence ; 3- pour nourrir leurs enfants, les paysans doivent fouiller les décharges ubliques de la capitale à la recherche d'un peu de nourriture, dont les touristes n'auront pas voulu et que les hôtels se chargent de jeter (aujourd'hui, plus des deux tiers de la population vit sous le seuil de pauvreté, un chiffre qui a doublé en vingt ans !).

Et pendant que femmes, enfants et vieillards meurent de faim, des milliers de touristes visitent les trésors de ce pays, qui regorgent de merveilles telles les célèbres chutes Victoria ou des réserves d'éléphants. Jamais les touristes ne verront l'envers du décor... ni même le reste du monde: les journalistes, en tant que tels, sont interdits de séjour et les ONG, si elles ont le malheur de dire la vérité, sont immédiatement expulsées... voilà donc un dictateur qui pense, quotidiennement, à ses concitoyens !! Et voilà une très dure réalité que le monde occidental veut cacher: essayer de compter le nombre de références faites à la misère dans le mone, à la pauvreté par les ministres des affaires étrangères... et vous verrez que ce n'est pas notre priorité ! Or, comme je veux le montrer avec la communauté "Pour un monde meilleur", tout ce qui se passe dans le monde nous concerne, la misère des uns ne faisant pas forcément le bonheur des autres, car toutes ces populations fragiles ne rêvent que d'une chose: fuir et trouver un nouvel eldorado. Le monde est-il malade d'un manque de vraie démocratie? J'attends vos réactions !

Et je profite de cet article pour vous inciter à consulter les résultats du prix Bayeux-Calvados (en cliquant ICI) qui récompense les meilleurs correspondants de guerre de la télévision, de la radio et de la presse écrite... parmi les lauréats 2007 figurent deux journalistes de France 2 ayant respectivement enquêté sur le Darfour et la reconstruction au Liban, un an après la guerre avec Israël.

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B
Associer aide financière à des objectifs de mise en place ou de maintient d'une vie démocratique me parait un excellent préambule à tout accord de co-développement.<br /> Auquel il faudrait aussi ajouter des mesures en matière de respect de l'écologie, mais piur se faire, il faudrait que nous montrions l'exemple
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B
Mais pour répondre à la question par laquelle vous titrez votre article je dirai qu'aujourd'hui comme hier, la démocratie est menacée de part le monde.<br /> <br /> Que ce soit dans les exemples que vous exposés (dictature pure et dure dans certains pays africains, démocratie "controlée" en Russie) ou sur d'autres territoires :<br /> -Ceux dont le manque de démocratie ne fait pas ou quasiment pas débat (Chine, Corée du Nord, Cuba, certains pays d'Afrique...)<br /> -Ceux où elle est en danger : influence religieuse (Etats-Unis ; serait-il possible d'y voir un athé affirmé de venir Président ?), médiatique (Vénézuéla avec Chavez, Italie pendant un temps avec Berlusconi, certains diraient la France de Sarkozy), montée du populisme (Autriche durant la décennie 90, et une multitude d'autres exemples). Attention, quand je dis que la démocratie y est menacée, il s'agit d'une menace hypothétique, non encore totalement concretisée, je n'appelle pas à descendre dans la rue, il faut juste rester vigilant.<br /> Il a souvent fallu se battre pour obtenir la démocratie, il faudra encore beaucoup se battre (pas forcément par la violence s'entend) pour la conserver
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A
Je suis parfaitement en accord avec votre analyse, notamment la dernière phrase. Et j'irais même plus loin: nous ne parviendrons jamais à développer convenablement les pays africains s'ils ne deviennent pas de vraies démocraties car ces pays regorgent de richesses naturelles et humaines. C'est aussi cela, selon moi, le co-développement: il pourrait prendre la forme d'un partenariat entre pays pauvres et pays riches, signant un contrat (placé sous la tutelle de l'ONU) qui fixe les obligations de chacun (les pratiques démocratiques étant une condition à laquelle se soumettraient les pays recevant des aides financières massives).Voilà une proposition concrète, que je fais depuis plusieurs mois, et qui pourrait voir le jour... à condition qu'il y ait, côté pays riches, une vraie volonté politique qui est, au fond, la clé de tout... comme d'habitude !
B
Le problème n'est pas la candidature en soi de M. Poutine, en tout cas de mon point de vue. Rien n'oblige cet homme à ne pas se retrésenter.<br /> Plusinquiètant, mais c'est pour moi un autre problème, est la place accordée à l'opposition et la liberté disons "encadrée" des médias russes que vous avez également avoqués.
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J
Sauf accident, Poutine sera réélu sans problème ... L'actuel régime politique russe est incomparablement meilleur que le régime brejnevien. S'ingérer dans les affaires intérieures russes, c'est donc dire que l'on préférait Brejnev (même si on s'en défend!).
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A
Il n'est pas question de s'ingérer dans les affaires intérieures russes... personne n'oserait parler d'un tel sujet, les conséquences diplomatiques et économiques pouvant être trop importantes. Défendre des idéaux comme la liberté de la presse ou les droits de l'homme (en Russie comme en Chine) est un peu ringard, en diplomatie ! Je ne conteste pas le fait que Vladimir Poutine soit populaire: il faut dire que l'encadrement des médias ne donne pas beaucoup l'occasion à ses opposants de s'exprimer ! Si des élections vraiment démocratiques (campagne électorale et vote inclus), l'opposant Kasparov n'aurait sans doute pas 3% des voix !!
J
Le plus sage, c'est de laisser les électeurs russes se prononcer tout en veillant au déroulement démocratique de la campagne électorale et du scrutin. <br /> Ensuite, on analyse les résultats et on en tire les conclusions.
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A
Je suis bien sûr tout à fait d'accord avec vous: c'est aux électeurs d'avoir le dernier mot. Mais, c'est aussi une pratique politique que je veux dénoncer:- le président qui se présente pour devenir premier ministre, c'est assez étranger. N'y a-t-il pas de personnalités compétentes dans l'entourage de Poutine, qu'il se croit obligé de tout faire lui-même?- les médias russes qui parlent énormément, ce dimanche, de l'anniversaire d'un homme qui organise son propre culte de la personnalité (voyez les images de Poutine, torse nu, pendant ses vacances !)... pour masquer les manifestations d'opposants qui voulaient faire entendre leur voix à l'occasion de la mort d'Anna Politovskaïa.La pression des médias et gouvernements occidentaux pourrait-elle permettre de changer la donne? Sans doute pas, et c'est dommage !