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JES6 - Pour une France Juste, Ecologique et Sociale

Ce blog rassemble mes idées et constitue une modeste pierre pour bâtir une alternance en 2022.

Soirée électorale: l'argumentaire UMP

Soyez d'abord rassurés, amis lecteurs (et cher Matt !): je vais très bien ! Je croule seulement sous le boulot... et les sorties. Ce qui explique mon absence de près de 20 jours. J'ai fêté, aujourd'hui, l'anniversaire de mon petit frère. Demain, j'ai offert une place pour le match de rugby France-Italie, au stade de France, à ma chère mère. Et, depuis plus de deux semaines maintenant, je passe mes soirées et mes week-ends à préparer le séjour en Provence auquel la direction de mon établissement m'a demandé de participer du 29 mars au 2 avril prochain. Un voyage pédagogique destiné aux élèves latinistes pour découvrir le patrimoine gallo-romain de cette belle région (Arles, Nîmes, Pont du Gard, Vaison-la-Romaine, etc). Or, préparer un tel voyage (si certains d'entre vous en doutaient), c'est de nombreuses heures prises sur notre temps libre (et incluses, de fait, dans nos horaires de service). Il ne s'agit pas seulement de définir les modalités du séjour, mais aussi d'animer une réunion destinée aux parents des heureux partants, de concevoir une page "spéciale voyage" sur le site Internet du collège, de réaliser le questionnaire pédagogique sur les sites visités. Des quatre professeurs accompagnateurs, je suis celui qui manie le mieux l'outil informatique: c'est donc moi qui met en page le "cahier pédagogique", qui cherche les cartes et documents d'illustration... Si j'ajoute à cela les conseils de classe (qui se sont, pour la plupart, tenus cette semaine) et les réunions parents-profs (pour la semaine à venir), qui nécessitent aussi des préparations (surtout quand on est prof principal): vous comprendrez que je n'ai pu consacrer le peu de temps qui me restait à mon blog.
 
Ce soir, à la veille du premier tour des élections régionales, je n'ai pas l'ambition de vous demander de vous déplacer aux urnes pour que votre voie (voix) compte. Les lecteurs de mon blog, plutôt attirés par la politique, feront leur devoir civique: c'est sûr ! Non, je veux évoquer mes dernières impressions en ce qui concerne ce scrutin. Avec un premier constat: c'est la première fois, depuis 2004 (j'ai voté pour la première fois aux régionales de cette année-là), que j'hésite autant sur le choix du papier que je glisserai, demain matin, avant mon départ pour Paris, dans l'enveloppe. Pour être franc, le militant socialiste que je suis a bien failli pencher pour les listes d'Europe Ecologie car, à lire le programme de ce courant, c'est celui qui me semblait le plus convaincant. Les propositions concrètes ne manquent pas et leur volonté d'impulser une politique régionale qui aille dans le même sens que celle qui a été menée ces six dernières années, mais avec un reflet vert plus marqué et une volonté d'aller plus loin / plus vite, me séduisait. D'autant plus que la liste socialiste cumulait, à mes yeux, pas mal de difficultés: 1- la personnalisation de la liste au profit du Président sortant (avec un site Internet officiel du genre gewerc2010: on se croirait dans une présidentielle !); 2- l'augmentation assez peu raisonnable des frais de comm' et des dépenses liées au fonctionnement de la Région (dont les cigares et la refonte totale du bureau présidentiel à l'Hôtel de région); 3- l'éviction du conseiller régional sortant de ma section au profit d'un allié (hors PS) qui pourrait cumuler cette fonction avec le rôle d'adjoint au maire d'une commune de 15 000 habitants. Et, finalement, j'ai changé d'avis. Non que ma conscience militante me dicte de voter "PS" sans réfléchir: depuis que j'ai une carte d'électeur, j'ai voté davantage pour des non-socialistes que pour les candidats de "mon" parti. Mais, deux arguments ont finalement fait pencher la balance: 1- le bilan du président sortant, en Picardie, est plus que convenable et, en ayant vécu la politique menée de l'intérieur (via ma responsabilité de conseiller régional jeune), je pense que la même équipe doit continuer à gérer la région; 2- parce qu'il y a une dimension nationale évidente (qui n'arrive, à mes yeux, qu'en arrière-plan), j'ai plus que jamais envie que la liste PS devance, dès le premier tour, celle de la candidate UMP... pour que Sarko comprenne que sa dégringolade est une réalité à laquelle il ne peut échapper. Or, donner ma voix à Europe Ecologie, c'est priver le PS de la possibilité d'arriver en première place.
 
D'aucuns jugeront cette démarche quelque peu politicienne. Certes. Mais, elle allie l'utile (donner ma voix à une formation de gauche dont le projet me satisfait) à l'agréable (donner une bonne gaffe au chef de l'Etat qui, avec son scrutin uninominal à un tour pour l'élection des futurs conseillers territoriaux, se croit tout permis !). A coup sûr, le président de la République et sa majorité seront sonnés, demain soir, vers 20 heures. Quand les médias annonceront, je l'espère, une victoire du PS au premier tour, devançant - ne serait-ce que d'un demi-point, au niveau national - une majorité présidentielle diverse... mais à sec. Car, ce scénario (impensable ces dernières semaines) n'est plus totalement écarté. Moins d'un an après les européennes, où l'UMP fanfaronnait de sa victoire brillante avec 30% des voix, ce serait une belle revanche. Une manière aussi de faire comprendre à Sarko que, depuis 2007, le rapport de forces gauche-droite se déplace de plus en plus nettement en faveur de la première. Si le vote de nos concitoyens confirme les tendances des dernières enquêtes d'opinion, la gauche parlementaire atteindra son plus haut niveau depuis plusieurs décennies tandis que la droite parlementaire touchera un fond qu'elle n'avait pas connu depuis les années 1980. Mais, demain soir, les aboyeurs de l'UMP (les Morano, Lefevre et compagnie) viendront expliquer, sur les plateaux télé et sur consigne de l'Elysée, que c'est une élection à deux tours et que seul le deuxième tour compte vraiment. Bref, que le résultat du 14 mars n'a (presque) pas d'importance... surtout avec un tel niveau d'abstention (que l'on attend aux alentours des 50%). Mais, comme l'indiquait Brice Teinturier (de l'institut TNS Sofres), comment portait crédit à des gens qui, en juin dernier, expliquait qu'une UMP à 30% avec 50% d'abstention enregistrait une belle victoire et qui, demain, diront qu'un PS à 30% avec 50% d'abstention n'est pas un grand vainqueur? Il est clair qu'on nous fera le coup: si l'UMP n'est que 2ème, ce ne sera pas une défaite... Alors qu'en réalité, les ténors du "mouvement populaire" n'auront pas réussi à mobiliser leur électorat tandis que la gauche, elle, y sera parvenue. Pouvant envisager, sereinement, un second tour plein de succès.
 
Autre mensonge prévisible: ce scrutin n'est qu'un scrutin régional et n'a aucune dimension nationale. Les Français choisissent leurs présidents de région (qu'ils veulent manifestement de gauche) mais n'envoient aucun signal au chef de l'Etat. Baliverne ! Pourquoi, dès lors, ce dernier accorde-t-il un gigantesque entretien au Figaro magazine à deux jours du vote? Il s'exprime comme président de la République et évoque la politique nationale, nous dit-on. Faux: il déroule, point par point, tous les thèmes de campagne que l'Elysée ordonne à ses listes en régions de développer. La présidence parle de sécurité et fait voter une loi sur les caméras de vidéo-protection? Deux jours plus tard, sur la pare-brise de la voiture, sur le parking du collège, un tract de l'UMP picarde avec le slogan: "Envie de sécurité en Picardie" et la promesse de 100% de caméras aux abords des lycées de la région ! Bingo ! Du coup, du côté de la rédaction du Figaro, on explique que Nicolas Sarkozy veut remobiliser son électorat sur des thèmes qui sont porteurs (c'est de bonne guerre) et qu'il a donc choisi un journal que lit son électorat.  Evidemment. Mais, ces mêmes journalistes ne semblent pas comprendre que c'est leur attitude à l'égard du président qui est éminemment choquante. Que le président, se contre-disant lui même (ça le regarde !), veuille intervenir dans le débat, quel média le refuserait? Et, au fond, je trouve cela normal. Mais, que ledit média, dont le patron est un sénateur UMP proche du pouvoir, n'accorde aucun droit de réponse à aucun des opposants du président, lui laissant ainsi une tribune extraordinairement complaisante, cela me choque énormément. Le Figaro aurait proposer à Mme Duflot, M. Hamon et M. Mélenchon de répliquer au chef de l'Etat par des tribunes publiées dans le même numéro, cela aurait été juste et pertinent. Laisser tribune libre au Président, c'est anormal. Presque anti-démocratique. Car le contenu de l'interview n'est pas déconnecté (au contraire) du scrutin ! Mais passons.
 
En revanche, je partage plusieurs points d'analyse du Président. Il affirme qu'un ras-de-marée socialiste sur les 22 régions ne l'incitera pas à changer son gouvernement parce que l'on en change déjà trop souvent. Il a entièrement raison. Car, à bien y réfléchir, quel que soit le nom du ministre (et c'est d'autant plus vrai en Sarkozie), c'est la même politique qui continuera d'être menée ! Il ajoute qu'il continuera de réformer la France, en ouvrant le dossier des retraites et le sujet des collectivités locales, en vertu du mandat qui lui a été donné en 2007. Il a encore raison. Ce sont des sujets trop importants pour qu'ils soient éludés. Les Français doivent s'en saisir et en débattre. Le pire scénario serait de ne pas les ouvrir ou, pire, d'imposer des solutions qui n'aient pas été concertées. En revanche, là où son analyse est carrément erronée, c'est sur le message que les électeurs lui enverront. Lui et ses conseillers affirment qu'une défaite de la droite ne signifie pas rejet de sa politique nationale. Evidemment, si ! Si les électeurs choisissent la gauche, dans leurs régions, pour gouverner ces territoires aux compétences de plus en plus larges et importants (en terme de formation professionnelle et de politique industrielle, notamment), c'est pour réaliser, à cette échelle, des politiques différentes de celles entrepris par le gouvernement. Sinon, ils voteraient pour les listes UMP. Donc, ces mêmes électeurs rejettent la politique menée par notre Président. Parce qu'ils jugent, à juste titre, qu'elle creuse les inégalités, qu'elle ne les protège pas des menaces de la mondialisation, qu'elle ne leur prépare pas un bel avenir et qu'elle ne va pas dans le bon sens. M. Fillon a parfaitement raison lorsqu'il affirme (et se désole) que le seul but des socialistes est de freiner quand le gouvernement veut avancer. Tout simplement parce que la direction que prend le train France n'est pas la bonne et que, en régions, les socialistes proposent un "bouclier social" (une expression très utilisée par Benoît Hamon) pour aider les plus démunis, que la politique nationale de la droite n'aide plus. Alors, demain, si le PS arrive en tête (et malgré le niveau de l'abstention - tant pis pour ceux qui la pratiquent !), le Président devra comprendre que ses "chers compatriotes" attendent un changement de cap. Ou, au moins, une concrétisation de toutes ces belles paroles qui fleurissent depuis le début de la crise !
 
J'ai été un peu long. Mais, je ne pense pas pouvoir publier un nouvel article avant mercredi (au mieux). Malgré tous les brouillons que j'ai commencé à rédiger et qui ne sont pas achevés. Alors, patience... et, en attendant, bon week-end à tous !
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