Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
JES6 - Pour une France Juste, Ecologique et Sociale

Ce blog rassemble mes idées et constitue une modeste pierre pour bâtir une alternance en 2022.

Président lunaire cherche peuple optimiste !

Cette année aura été une première: même si l'exercice me semble de moins en moins passionnant, je n'ai pas écouter les voeux du Président de la République, au soir du 31 décembre, en direct à la télévision ! Il faut dire qu'au moment où il s'exprimait, je venais d'admirer le spectacle son et lumières de la cathédrale colorisée d'Amiens et j'étais sur le point de dîner dans un restaurant de la capitale picarde. Pour la première fois, je n'ai même pas ressenti l'envie d'écouter Nicolas Sarkozy. Il faut dire que je n'ai jamais manqué aucune de ses interventions mais que, le temps avançant, je décroche de plus en plus tôt... J'ai tout de même été les écouter, le lendemain, sur le Net. Et là, sans surprise, j'ai découvert ce que je pensais trouver: un Président lunaire !! Totalement déconnecté des réalités du pays. Il faut dire que ses ministres le sont tout autant. Rappelons-nous, avant son départ, Jean-Louis Borloo nous jurer que 95% des stations essence étaient approvisionnées malgré le bloquage des raffineries et alors que les Français devaient passer par au moins trois stations pour trouver de l'essence ! Ou encore Brice Hortefeux nous expliquer qu'il n'y avait aucune paralysie du réseau routier au moment de l'épisode neigeux alors que les JT montraient les images de ces Français bloqués sur le périphérique, sur les axes secondaires non dégagés, contraints de multiplier par trois ou quatre leur temps de parcours habituel ! Comme ses ministres, Sarko vit donc sur une autre planète. Une planète où le chômage baisse, où la délinquance et les violences faites aux personnes ne progressent pas, où l'après-crise s'amorce et la croissance revient, où le pouvoir d'achatVoeux-Sarko--par-Gros-.jpg progresse, où le non-remplacement d'un fonctionnaire sur deux améliore la performance des services publics, où le capitalisme a été moralisé grâce au courage politique des dirigeants français.

 

Et de nous annoncer, clou du spectacle, que 2011 sera une année utile pour la France et qu'il ne saurait être question d'attendre patiemment l'arrivée du prochain scrutin présidentiel. C'est d'ailleurs ce que Gros, caricaturiste pour Marianne, disait à l'occasion des voeux pour 2010 (le dessin ci-contre a été republié dans une compilation des meilleurs caricatures de l'année). Il cite alors les chantiers à ouvrir, dont celui de la dépendance: depuis le temps qu'il nous était annoncé, il fallait bien que l'on y vienne... mais sans trop d'urgence ! Au chapitre des annonces, il conserve son objectif de non remplacement d'un fonctionnaire sur deux partant en retraite... ce qui donne, dans les collèges par exemple, des situations qui relèvent de l'indignité républicaine !! Dans le même temps, les médias relaient une information essentielle: les Français font partie des peuples parmi les plus pessimistes de la planète... Comment ne le serait-on pas quand on entend, dans la bouche de notre chef d'Etat, un tel décalage entre ses souhaits et la réalité vécue? La comparaison n'est pas flatteuse, mais Sarko s'apparente à une sorte de Ben Ali (démocratique, évidemment !). Il intervient à la télévision pour rassurer, faire des annonces, appeler à l'unité nationale face à la difficulté du moment... mais le peuple y reste sourd, tant il sait que ce Président-là est à côté de la plaque. Pire: le peuple sait que le Président fait le contraire de ce qu'il proclame, contribuant à la casse du service public qu'il affirme renforcer. Ce qui donne, parmi les caricatures publiées dans Marianne, dernièrement, celle-ci: "les Afghans sont plus optimistes que les Français... c'est plus facile quand on n'a pas la crainte de perdre des acquis sociaux ou les bénéfices de nos systèmes de solidarité".

 

Après la grande crise de 2008, on a l'impression que nos dirigeants ne prennent pas la mesure de la catastrophe vers laquelle ils nous conduisent. Les actionnaires sont gavés, en 2010, par des dividendes qui traduisent les meilleurs résultats jamais obtenus par les entreprises du CAC 40. Alors qu'à l'autre bout de l'échelle, le nombre de précaires et de personnes vivant sous le seuil de pauvreté ne baissent pas. Alors que les Etats cumulent des dettes qu'ils ont contracté pour sauver un système qui repart de plus belle dans la spéculation. Alors que les dirigeants du monde n'ont pas le courage de prendre des mesures radicales qui puissent mettre fin aux pratiques libérales les plus néfastes... tout en proclamant que la finance continue de se moraliser. Qui peut encore croire que la situation économico-financière est meilleure en 2011 qu'en 2008? Qui peut croire que le G20, présidé par la France, accouchera de mesures concrètes limitant la spéculation? Qui peut croire que la France lutte, à son niveau, contre les pratiques bancaires les plus répugnantes? Quand on apprend, dans les médias, qu'un couvreur à la retraite a égorgé sa femme, sa fille et sa mère, avant de se donner la mort, parce qu'il avait contracté plus de 200 000 €uros de dettes et qu'il ne voulait pas en faire porter le poids à ses proches, on n'attend qu'une chose: que les organismes prêteurs (les Cetelem et compagnie), qui continuent de prêter aux personnes les moins solvables à des taux usuraires, sans que l'Etat ne lève le petit doigt, soient poursuivis pour homicide involontaire. Car ce sont ces organismes qui sont responsables du surendettement des ménages fragiles et des drames auxquels il peut conduire. A quand une loi mettant au point un fichier national répertoriant tous les prêts contractés par une personne et une autre loi interdisant l'application de taux d'intérêt supérieurs à 10%? Se contenter, comme Mme Lagarde (qui n'est pas concernée), de demander à ces entreprises de faire figurer la mention "Attention: un crédit vous engage" ou encore, dans une énième petite ligne, en bas de contrat, le taux final du prêt (quand le 3,5% de la pub se transforme en 21%), est irresponsable !! Rien de moins.

 

Pendant ce temps, notre Président, qui ne pense évidemment qu'à 2011, peaufine sa stratégie de reconquête de l'opinion en vue de 2012. Et la stratégie repose sur trois points:

1- sillonner le pays et le monde lors de grandes messes médiatisées et orchestrées: avant de s'envoler pour Washington, où il a rencontré Barack Obama (pour tenter de poursuivre - commencer? - la moralisation du capitalisme), il s'est rendu aux Antilles. Pour y faire quoi? Prendre un bain de foule au milieu de militants UMP acquis à sa cause et hurlant des "Sarko président". Flatter l'égo des populations locales en annonçant le transfert d'Aimé Césaire au Panthéon... sauf que, exceptionnellement, le poète martiniquais disposera d'une plaque en son honneur à l'entrée du bâtiment, sans que son corps ne soit transféré. Les locaux ne le souhaitent pas... Et les Cotteréziens, ils étaient favorables au transfert des restes d'Alexandre Dumas? Clientélisme !!

2- demander à Carla de l'épauler: la première dame, dont on annonce qu'elle sera la digne successeur de Bernadette (en investissant le monde de la solidarité, sur le terrain particulier de l'illétrisme), sera de tous les voyages. Pour quoi faire? Eponger le front de son mari, comme en Martinique? Il faut dire que notre Président court tellement à travers le monde pour résoudre nos problèmes qu'il a besoin d'être, hostensiblement, face aux caméras, épongé !! Quel cirque. 

3- lancer des ballons d'essai dans l'opinion sans en avoir l'air: c'est la mission dévolue à Copé et son porte-flingue, M. Jacob. Le tout nouveau secrétaire général de l'UMP (installé à ce poste depuis l'Elysée, sans que les militants de ce grand parti démocratique n'ait eu leur mot à dire !!) et son remplaçant au poste de patrons des députés UMP ont massivement investi les médias. Objectif: préparer le programme présidentiel en testant quelques idées (fin de l'emploi à vie des fonctionnaires, retour de l'identité nationale...). Officiellement, les deux compères agissent de leur propre initiative et, à l'Elysée, on se contente d'observer. En fait, l'Elysée observe les enquêtes d'opinion et vérifie si lesdites idées sont plébiscitées ou non par les Français. 2011, une année utile... pour bien préparer 2012 !

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article