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JES6 - Pour une France Juste, Ecologique et Sociale

Ce blog rassemble mes idées et constitue une modeste pierre pour bâtir une alternance en 2022.

Législatives: et si le PS ratait la dernière marche...

Un soir, on déplore l'abstention. Le lendemain, on semble tout faire pour ne pas l'empêcher. Je m'explique: après avoir rappelé les chiffres élevés de l'abstention (les plus forts pour une législative depuis le début de la Vème République... constituant une réserve de voix que les partis devraient s'employer à aller chercher !), tous les médias ont proposé un "zoom" et une "analyse" de la situation rochelaise. Ainsi, tous les citoyens français devraient se passionner pour le duel Falorni-Royal. Pire: quand la Première dame tweet en faveur du candidat dissident (celui qui pourrait empêcher la Présidente de Poitou-Charente d'accéder, en tant que première femme, à la présidence de l'Assemblée), les médias dissertent et discutent. Est-elle dans son rôle? Est-ce la preuve de sa volonté d'être une femme libre, transgressant le devoir de réserve attaché à son rôle? Des experts se sont bousculés sur les plateaux pour donner leur avis. A ceux-là, voici ma question: ce duel fratricide, qui assure à la gauche un poste dans la future Assemblée, et tout ce qui l'entoure n'est-il pas un bel exemple de querelles de personnes qui poussent des millions d'électeurs vers l'abstention? Ma réponse est claire: OUI.

 

Pourtant, les médias auraient pu braqué leurs caméras et micros vers des circonscriptions à enjeu, afin d'expliquer aux habitants concernés que leur bulletin de vote détient un poids énorme. C'est, me semble-t-il, le cas de ma propre circonscription (la 1ère de l'Aisne), dans laquelle le député sortant (René Dosière, connu nationalement pour ses travaux sur les dépenses de l'Etat) est menacé d'être battu ! Pour ceux qui ne savent pas ce qui s'y passe, voici le résumé. Acte 1: pour appliquer son principe de renouvellement, le PS investit un conseiller général, M. Fawaz Karimet, pour défier M. Rosière au 1er tour des législatives. Acte 2: le député Dosière, ancien maire de Laon, arrive en tête du 1er tour (29,1% avec de hauts scores dans les communes rurales - 44% dans ma commune, par exemple - et une 3ème place dans la ville de Laon), devançant la candidate UMP (26,5%) et M. Karimet (21,5% des exprimés et 12,6% des inscrits, soit 0,1% au-dessus du seuil de maintien au 2nd tour). Acte 3: contre l'avis de la rue de Solférino, qui recommande à ses candidats de se désister en faveur du candidat de gauche le mieux placé (ce qu'il fit, en 2007, lors de sa première tentative), M. Karimet décide de se maintenir... provoquant une triangulaire pour un second tour où René Dosière est, désormais, le candidat (officiel) du PS !

 

En clair, avec cette double candidature de gauche, la 1ère circonscription peut, mathématiquement, passer à droite... alors qu'elle est la plus à gauche du département (au regard du score de M. Hollande le 6 mai). Bizarrement, M. Karimet explique son maintien par ce caractère "à gauche" de la circonscription: selon lui, le vainqueur du 17 juin sera, soit lui, soit son concurrent sortant... mais, en aucun cas, la candidate UMP. Vétérinaire de profession, il ne semble donc pas avoir de hautes compétences en mathématiques: d'une part, en ajoutant les voix UMP et FN (15,8%), la candidate de droite peut espérer dépasser 42% à elle seule... Il reste donc 58% (un peu plus que le score de M. Dosière, au 2ème tour, en 2007) que les deux candidats de gauche se partageront. Première hypothèse: M. Karimet ne gagne rien... il fait 21,5%... il reste donc 36,5% pour Dosière... qui arrive 2ème. Deuxième hypothèse: M. Dosière ne gagne rien... il faut 29%... il reste donc 29% pour Karimet... qui arrive 2ème. Dans tous les scénarii, à moins d'un ras-de-marée d'abstentionnistes en faveur d'un des deux prétendants de la gauche, la candidate de droite dispose d'un boulevard... Or, de ce cas de figure, aucun média ne parle ! Alors que l'enjeu est de taille: imaginez le PS disposant de 288 élus (soit un de moins que la majorité à 289). Le siège manquant sera facile à trouver... alors qu'il aurait été, normalement, si facile à conserver !

 

M. Karimet, c'est donc la gauche qui perd. La gauche qui place ses faux "bons principes" devant la réalité électorale: car, dans son tract de 2nd tour, M. Karimet a perdu le logo PS (qui est apparu sur celui de son concurrent)... mais se réclame toujours de la "génération Hollande" (attaquant même M. Dosière sur son âge en fin de mandat... 76 ans en 2017), de la majorité présidentielle pour réaliser "le changement" et avance une succession d'arguments foireux: il incarnerait le renouveau (après un premier échec en 2007), ce qu'il appelle "le vrai changement" et le rajeunissement (55 ans contre 70). De son côté, M. Dosière a su trouver deux slogans qui, à mon sens, font mouche: "Un bon député, on le garde" (pour faire taire les critiques selon lesquelles il a un piètre bilan dans son département) et "Un député qui compte" (avec le double sens que cette expression peut prendre: d'ailleurs, en plus de rappeler ses travaux de vérification des comptes de l'Elysée sous l'ère Chirac-Sarkozy, il explique, dans son tract de 2ème tour, que "connaissant bien la plupart des nouveaux ministres, il est le mieux placé pour faire entendre les besoins de son territoire au gouvernement"). Même si les arguments ne volent pas haut (les luttes fratricides ne sont jamais bonnes), il me semble dommage de constater la peopolisation de la campagne (le cas Royal intéresse plus que le cas Dosière)... alors que, ces derniers jours, l'épouse du Président du Conseil général de l'Aisne a, telle la 1ère dame, défendu, sur Tweeter, le dissident face au candidat officiel (lisez ICI l'article que je viens de découvrir).

 

Heureusement, pour me consoler, d'autres péripéties fragilisent l'autre camp. En effet, côté UMP, quelques situations cocasses font les choux gras des médias nationaux. Prenez NKM: l'ancienne ministre de l'Ecologie et ex porte-parole de Sarkozy pendant la campagne présidentielle est menacée par une consigne du FN. Rare personnalité UMP à avoir toujours expliqué préférer voter PS que FN en cas d'un tel duel, elle est l'une des cibles de la liste noire de Marine Le Pen, comportant les personnalités à faire battre. Depuis, Mme Kosciusko-Morizet dénonce, dans ses meetings, l'attitude de son adversaire socialiste qui accepterait les voix de l'extrême gauche ("On peut déjà s'en inquiéter") et de l'extrême-droite, depuis que l'ex-candidat FN du coin appelle à voter PS ! Une telle mauvaise foi, après avoir été une des leaders d'un combat qui l'honorait, montre bien que, à quelques jours de disparaître de la scène politique nationale (si confortable), les meilleurs esprits peuvent perdre leur âme. Autre confirmation: les moins bons esprits sont, eux aussi, prêts à tout pour gagner, sans le moindre état d'âme. Preuve en est venue de l'insupportable Nadine Morano, en ballotage plutôt défavorable dans sa circonscription: talonnée par le candidat socialiste (qui pourrait être un des symboles du basculement de la France vers la gauche), l'ancienne ministre fait du pied à l'extrême-droite. Appel aux électeurs (ce qui semble normal). Interview dans un journal controversé, où elle affirme partagée les valeurs de l'extrême-droite. Canular téléphonique dans lequel elle avoue son admiration pour Mme Le Pen... Mme Morano prouve ce que beaucoup pensait déjà: une frange de moins en moins négligeable de l'UMP se sent plus proche du FN (de ses thèses sur des sujets qu'elle agite comme autant d'épouvantails, tel le vote des immigrés !) que du PS.

 

Décidément, cet entre deux-tours s'avère instructif... à condition d'y réfléchir et de ne pas s'arrêter au traitement qu'en font les médias parisiens ! Bon vote !

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