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JES6 - Pour une France Juste, Ecologique et Sociale

Ce blog rassemble mes idées et constitue une modeste pierre pour bâtir une alternance en 2022.

Et si on débattait de l'identité européenne?...

"Vive la France, vive l'Allemagne et vive l'amitié franco-allemande": c'est par ces mots que Nicolas Sarkozy, puis Angela Merkel, ont conclu leur discours respectif au pied de l'Arc de Triomphe ce matin... dans le cadre de la commémoration parisienne de l'armistice mettant fin à la première guerre mondiale. L'évènement est d'autant plus important que 2009 marquera un tournant dans l'histoire européenne. Il y avait eu la photo du président Mitterrand et du chancelier (à l'époque, ouest-allemandà Kohl, main dans la main, à Verdun (sur un des champs de bataille les plus meurtriers de cette guerre). Et voilà qu'en novembre 2009, le dernier des 27 ratifie le traité de Lisbonne, que la présidence suédoise annonce un sommet extraordinaire pour le 19 (afin de désigner le Président stable du Conseil et le "Haut représentant de l'Union pour les affaires extérieures et la politique de sécurité"), que les dirigeants du continent se retrouvent, un lundi pluvieux, à Berlin pour célébrer le chute du "mur de la honte" et que, le mercredi suivant (plus ensoleillé), le couple franco-allemand se retrouve pour une matinée his-to-ri-que ! Le rendez-vous aurait pu avoir lieu dix ans plus tôt alors que le chancelier Schröder avait rejeté la proposition de Jacques Chirac de participer, à Paris, à ces mêmes commémorations: un affront lavé, onze ans plus tard, par son successeur qui y voit une "excellente initiative". Il faut dire que, depuis quelques années, le rapprochement franco-allemand connaît de belles heures. Le développement des sections européennes (avec l'apprentissage de la langue allemande dans des disciplines comme l'histoire) en lycée, la parution d'un manuel franco-allemand de l'histoire européenne du XXème siècle (pour le programme de terminale) ou la poursuite des échanges scolaires dans le cadre des jumelages (et ce, malgré la baisse constante du nombre d'élèves choisissant l'allemand comme 2ème langue vivante) en sont autant de signes.
 
Aujourd'hui, c'est sur le terrain à la fois politique et "scolaire" que ce rapprochement (le mot "réconciliation", utilisé par les participants, me gêne un peu car elle me paraît déjà accomplie): en effet, sur la place Charles de Gaulle, étaient présents des lycéens étudiant dans des cursus franco-allemand. Ils venaient symboliser ces nouvelles générations, qui ne connaissent le mur de Berlin qu'à travers les livres, et qui participent eux aussi à la poursuite de ce rapprochement entre les deux pays. Un rapprochement qui n'a rien d'évident: comme le disent les historiens allemands, le couple franco-allemand n'existe que par les volontés des dirigeants des deux pays. A tel point que, ce matin, les médias allemands ne parlent presque pas de la visite de la chancelière à Paris... privilégiant les débats qui agitent le Bundestag autour du discours de politique générale de la nouvelle équipe gouvernementale. Et, pourtant, de par leur histoire compliqué, ces deux peuples ont vocation à se retrouver: comme l'expliquait ce matin l'historien Stéphane Audoin-Rouzeau sur France 2, les deux pays ne partent pas d'un même point (ils commémorent des choses différentes à des dates différentes) mais se retrouvent vers un même but, cette communauté de destin qui fait que Français et Allemands s'entendent mieux que Français et Anglais (pour ne prendre qu'un exemple - un peu trop - facile). Il est vrai (et j'ai du mal à me l'expliquer) que je préfère, pour les fêtes de fin d'année, passer quelques jours à Strasbourg et sur les marchés de Noël de villes allemandes proches de la frontière (comme Aix-la-Chapelle) que d'aller à Londres. Et pourtant je crois pouvoir mieux me débrouiller en anglais qu'en allemand ! En tout cas, cette initiative de faire du 11 novembre une journée de commémoration de la paix entre nos deux pays est vraiment excellente. Certes, la mort du dernier poilu, l'an dernier, facilite ce tournant: de célébration de notre victoire sur nos voisins, cette date devient synonyme de fin d'un des épisodes les plus cruels pour notre continent. La Grande guerre, c'est un épisode qui a profondément changé notre continent et qui a bouleversé l'Allemagne tout autant que la France, en ce début de XXème siècle. Près de cent ans après, il est donc plus utile de ne garder à l'esprit ce qui nous rapproche (c'est notre moteur pour avancer dans le futur) que ce qui nous éloigne. Aux enseignants, à l'école, de poursuivre l'oeuvre de mémoire.
 
Je veux profiter de cette journée pour aborder, à mon tour, le fameux débat sur l'identité nationale, voulue par le ministre qui en est le défenseur, Eric Besson. Je ne vais pas m'attarder ni sur l'ambiguité de l'appellation de ce ministère (qui me choque, comme beaucoup d'autres républicains), ni sur l'opportunité électoraliste de ce débat (tout a été dit sur la nécessité, pour la droite, de remobiliser la partie la plus conservatrice de son électorat en vue des régionales). Premier élement intéressant (quelque peu dénoncé par des humoristes comme Stéphane Guillon): il est étrange de constater que le débat sera quelque peu encadré. Ne pourront parler d'identité nationale que ceux qui pourront accéder aux préfectures ou sous-préfectures, à des dates et heures bien précis... comme des membres d'associations ou de partis politiques (pour ceux qui auront répondu à l'appel). Les simples citoyens pourront poster leurs commentaires sur un site Internet spécialement créé. Et nul doute que les échanges risqueront d'être virulents... à défaut d'être réellement pris en compte par le pouvoir en place. Qui nous dit que le discours présidentiel, qui sera prononcé lors d'un colloque de clôture du débat, n'est pas déjà écrit? Ben oui: invité sur le plateau de "Mots croisés", M. Besson a déjà donné les grandes lignes de la (bonne) réponse à la question" Qu'est-ce qu'être français?". D'ailleurs, tous les ministres (Fadela Amara, sur le même plateau, ce lundi) répètent les mêmes formules (magiques): c'est le sentiment d'appartenir à une communauté qui se définit par ses symboles (le drapeau, l'hymne, la devise au fronton de nos mairies) et ses valeurs (celles que nous avons hérité de la Révolution de 1789). Qui peut s'y dire opposé?
 
C'est le principal piège de ce débat: il pourrait bien déboucher sur un pseudo-consensus... qui ne fera pas avancer les vrais sujets. On se disputera sur la manière d'honorer nos couleurs: le ministre a déjà lancé un ballon d'essai (applaudi par M. de Villiers !) en proposant de faire chanter "la Marseillaise" dans la cour de nos écoles... oubliant de suggérer de le faire, le jour de la rentrée, lors d'une cérémonie de levée du drapeau. Et pourquoi pas faire une grande journée patriotique, histoire de cimenter les élèves-citoyens autour du pouvoir élyséen, tous les 22 octobre, avec une matinée spéciale incluant la lecture de la lettre de Guy Môquet? Bref, il y un risque de voir ces sujets polémiques inutiles prendre le dessus. De telles initiatives sont profondément stupides et il faudra que l'opposition, politique et citoyenne, les refuse... Et, en l'occupant avec ces hochets, le gouvernement se met à l'abri des vrais sujets qui, eux, mériteraient d'être débattus. Vous l'aurez peut-être compris: je suis favorable au débat sur l'identité nationale. Mais à un débat de fond qui débouche sur des propositions fortes dans le domaine de l'intégration (ce dont M. Besson a aussi la charge). En effet, à écouter les premiers débats (télévisés), l'une des questions posées est bien sûr celle de l'accueil de ceux qui ne sont pas Français de naissance (ou qui le sont à la 2ème ou 3ème générations) et qui doivent réussir à se sentir Français. Le risque est de voir certains affirmer qu'il existe plusieurs "types" de Français: les gaulois de souche, qui le sont depuis des générations et qui tirent leur citoyenneté de la naissance (et de leur sang); les jeunes issus de l'immigration, au fond des demi-Français, qui sont nés sur le sol national mais ont du sang étranger par leurs parents ou grand-parents; les "faux" Français qui ne le sont que par la voie de la naturalisation, étant nés d'une autre nationalité.
 
Vous voyez de qui je veux parler? Du FN, bien sûr. Qui s'est engouffré dans la brèche et qui, comme à son habitude, s'en va poser les bonnes questions. On entend déjà Marine Le Pen qui, après s'être plainte de ne pas avoir été reçu par le chef de l'Etat - qui ne lui a même pas envoyé une missive de refus -, en appelle à ouvrir le débat sur la réforme du code de la nationalité. La proposition est déjà connu: seul le droit du sang doit prévaloir pour devenir Français et les autres formes d'acquisition doivent restées exceptionnelles. Moi, je réponds: et si on mettait en place un code de la nationalité à l'échelle européenne - en dépassant nos traditions nationales - en même temps que créer une véritable citoyenneté européenne (avec carte d'identité et passeport uniques pour tous les habitants de l'UE)? Etre Français, c'est être pleinement citoyen français... d'où l'importance des cérémonies qui, pour les étrangers naturalisés, consistent à obtenir leur carte dans une salle avec le buste de Marianne, etc. D'où l'importance aussi que la République fasse en sorte que ces personnes, prises en charge de leur pays d'origine jusqu'à leur lieu de destination finale, apprennent à bien maîtriser la langue française, l'histoire et la géographie de notre pays. Au moins les bases. Sans tomber dans l'extrême britannique du questionnaire ultra-pointu que les citoyens de naissance ne réussiraient même pas ! L'Etat peut faire des tas de choses, qui existent déjà pour la plupart, mais qui ne sont pas encore généralisées. Et, si l'Etat a des solutions entre les mains, il est clair qu'il peut aussi être impuissant: que faire face aux supporters qui sifflent "la Marseillaise" dans les travées d'un stade? Comment agir sur de tels comportements individuels déviants? C'est presque impossible. Le débat n'a donc pas de fin... Ni de solution définitive: rappelons-nous le débat sur les soi-disant "racines chrétiennes" de l'Europe (qu'il avait été question d'inscrire dans le Marbre de la Constitution européenne). Parler de notre identité commune n'est pas facile. Faire en sorte, via une école forte et dotée de moyens suffisants, que chaque citoyen puisse connaître et s'identifier à une identité mouvante - et qu'il définit lui-même -, est sans doute bien plus essentiel !
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M
<br /> Tu as rasion en fait un débat sur l'identité européeen pourrait aider a definir l'identité française puisqu'il faudra definir ce que nous voulons apporter a cette europe. Pour cela il faut se<br /> definir et pourquoi pas dans le cadre européeen, ce qui implique d'intégrer l'Europe dans nos esprits......<br /> <br /> <br />
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A
<br /> <br /> Et pour compléter ton propos: j'ai lu, dans un des derniers numéros de Marianne, une tribune d'Elie Barnavi qui, historien de formation, réclame la création d'un musée de "l'histoire de<br /> France en Europe". Selon lui, les Français ne seraient pas chauds pour un musée de l'histoire de France. Il propose alors d'évoquer cette riche histoire sous le prisme de ce que notre pays a<br /> apporté, à toutes les époques, à la construction européenne... mais aussi en évoquant ce que l'Europe a pu apporter à notre pays.<br /> <br /> C'est une idée à creuser. Car c'est un défi vraiment intéressant... dans le prolongement de notre échange.<br /> <br /> A bientôt !<br /> <br /> <br /> <br />
M
<br /> je voulais dire  "cela est vrai pour des personnes qui viennent de pays a forte identité et au passé riche comme le Maroc et l'Algerie par exemple"<br /> <br /> je tape trop vite et c'est tout petit le cadre :-))<br /> <br /> <br />
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M
<br /> Passionnant débat que celui de l'identité nationale et européenne dans un pys où quand j'etais gamin (dans les années 70) c'etait une honte de chanter la marseillaise. On etait considéré forcement<br /> comme un facho. Cela a changé depuis mais le paysage a changé avec les vagues d'immigration et les pbs d'intégration. J'aurai personnelemnt une vision très large de l'identité franaçaise basée sur<br /> celle de francophonie incluant donc les ex colonies et les pays parlant français. Abou Diouf a dit dans un article que le frnaçais appartenait autant a la France qu'aux pays africains francophones<br /> et c'est vrai.<br /> <br /> Concernant l'identité et les valeurs françaises, je relèverai juste une chose. Comment veut on qu'un etranger s'integre dans une antion qui n'a aucune fierté? cela reviendrait a dire que lui meme<br /> sera quelqu'un sans fierté s'il devient français et cela est pour des personnes qui viennent de pays a forte identité et au passé riche comme le Maroc et l'Algerie par exemple. Alors oui soyons<br /> fiers de ce que nous sommes, nous apprehenderons que mieux les autres. il n'y a que les frustrés qui haissent, quand on est bien dans sa peau, on n'a pas besoin de hair.<br /> <br /> Je lisais un article sur l'Iran recemment et une personne interviewée disait que l'Iran traitait commericalement avec la France mais ceux qui les interessaient vraiement c'etait les USA; Pourquoi ?<br /> parce qu'on admire toujours les forts, pas les faibles et les gens qui crachent sur leur identité et c'est tres vrai dans les pays arabes qui ont un riche passé et une identité culturelle<br /> forte.<br /> <br /> Quant à l'identité européenne, franchement a part dans les pays fondateurs (sauf l'Italie pour moi) c'est possible mais ailleurs c'est un voeux pieu.J'ai vecu en Grande Bretagne et la c'est la<br /> catastrophe, l'Europe c'est les autres. L'espagne est a peine sorti des guerres napoleoniennes sans etre mechant, et les pays de l'est sortent a peine des dictatures communistes cheres au PCF. Donc<br /> y a du boulot mais au moins on ne se cogne plus dessus, c'est bien non. Que de progres en 50 ans quand on pense qu'en une si petite periode on a mis fin a des siecles de guerres. C'est beau<br /> apprecions le a sa juste valeur<br /> <br /> Merci pour ton article et les debats qu'ils susciteront.<br /> <br /> Matt<br /> <br /> <br />
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A
<br /> Tu as raison, Matt: d'une part, l'identité francophone est à approfondir (bizarrement, les autorités françaises ont bien du mal à le faire...) car elle permet de tisser des liens plus concrets et<br /> utiles avec les pays d'origine des migrants que nous acceuillons; d'autre part, l'identité européenne sera extrêmement compliqué à déterminer. Pour preuve: dans le débat sur l'entrée de la Turquie,<br /> les Européens peinent à expliquer ce qui compose le ciment de nos différentes nations. Les apports sont divers... et l'on a tendance à trouver plus facilement les différences que les points communs<br /> !<br /> <br /> D'où l'intérêt d'un débat sur l'identité européenne. Débattre de l'identité française, cela pourrait aboutir sur des consensus entre acteurs variés de la vie publique car, au fond, nous avons plus<br /> ou moins les mêmes réponses. En revanche, définir l'identité européenne engendrerait un véritable débat. Et, en ces temps à la fois difficiles et déterminants pour la construction européenne, cela<br /> ne ferait pas de mal pour nous en sortir...<br /> <br /> En espérant que ce débat puisse commencer ici. Bonne soirée à toi (et aux autres lecteurs) !<br /> <br /> <br />