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JES6 - Pour une France Juste, Ecologique et Sociale

Ce blog rassemble mes idées et constitue une modeste pierre pour bâtir une alternance en 2022.

Bilan de Sarko (7) : l'euthanasie de l'Europe

Un jour, à l'occasion d'un tête-à-tête récemment révélé, François Mitterrand s'est confié à Henri Emmanuelli sur son engagement européen: "Ma génération a bâti les murs de l'UE, lui a-t-il dit; votre génération devra en décorer l'intérieur”. C'était l'époque où le tandem Mitterrand-Kohl célébrait, main dans la main, le 70ème anniversaire de la bataille de Verdun... désireux de poursuivre cet axe Paris-Berlin relancé par de Gaulle et Adenauer dans les années 1960. Les successeurs élyséens du général avaient poursuivi cet objectif et des duos, souvent improbables (basés sur des convictions politiques opposées), s'étaient formé pour jouer le rôle d'une locomotive tirant, derrière elle, le train de l'Europe. Passée la création et la mise en place de la monnaie unique, ou encore l'instauration d'un traité institutionnel européen, le projet européen semblait à même de franchir un pas décisif. Bien que peu abordée lors de la présidentielle 2007, la présidence française de l'UE fut l'occasion pour Nicolas Sarkozy de montrer des convictions européennes mal identifiées... Quatre ans plus tard, le bilan est sombre. Les uns diront que la grande crise est passée par là. Les éternels optimistes répondront que c'est dans les pires moments de son histoire que l'Europe a réalisé les plus grands progrès. Les réalistes constateront que les avancées sont désormais minimes, que l'esprit européen ne se renforce pas vraiment... et que la locomotive franco-allemande s'est arrêtée en pleine voie.

 

Symbole d'une Europe devenue incapable de peser sur les affaires du monde et d'incarner un nouveau modèle de société, le duo Merkel-Sarkozy fait de son mieux mais, faute de conviction, ne parvient pas à se trouver. Les deux dirigeants jouent, à chaque sommet, le même psychodrame: les deux pays arrivent divisés sur les sujets fondamentaux puis, Dessin Grèceau terme de discussions bilatérales, trouvent une sorte de position commune, jamais assez radicale pour constituer une solution durable et efficace. Le message de la caricature ci-contre (tirée du quotidien régional L'Union) est simple: les Européens colmatent les brèches de l'édifice européen pour éviter qu'il ne s'effondre... mais n'ont aucune stratégie pour stabiliser, sur le long terme, ledit édifice ! Au fond, vaut-il mieux réparer en priant pour que le système perdure ou le laisser s'écrouler afin de repartir sur de bonnes bases pour le rebâtir? Pour le moment, la première option a plutôt été retenue, en adoptant des plans de rigueur, efficaces à court terme. Jusqu'à ce qu'un nouveau problème apparaisse et qu'un énième plan semble nécessaire... Pire: alors que les décisions retenues font plus de mal que de bien, tant elles plombent la croissance, les décideurs s'obstinent à les appliquer tout en les présentant comme le seule option possible !

 

Au final, la crise de la dette (en particulier celle de la dette grecque) témoigne de ce que l'Europe est devenue: un corps de médecins urgentistes qui, pour sauver un patient agonisant, continue de lui infliger un traitement réputé efficace (en fait, une potion toxique) mais visiblement inadapté au cas du patient en question. Bref, vaut-il mieux continuer à lui infliger ce traitement, au risque de l'euthanasier pas à pas, ou essayer d'autres potions? Sous prétexte que, pour la plupart des Etats, les recettes libérales n'ont pas plombé l'économie ou qu'elles ont permis la production continue de richesses, nos décideurs continuent de nous les imposer... alors que les autres traitements, rejetés par l'élite dominante, sont disponibles. Jamais leur efficacité n'a été prouvée car jamais ils n'ont été testés avec sérieux. Chaque fois qu'un homme politique évoque la "relance par la consommation" (autrement dit, hausse des salaires et baisse des prix pour stimuler la production), on le renvoie en 1981... Voyez comment la tentative mitterrandienne s'est achevée par une rigueur salée pour le peuple, lui répond-on ! Mais, le libéralisme et le capitalisme (qui dominent le monde depuis) ont-ils produit de meilleurs résultats? N'est-ce pas ce système (supposé le "moins pire") qui a façonné les causes d'une gigantesque crise dont il ne sait comment sortir? N'est-ce pas ce système qui, sous prétexte d'un enrichissement global, favorise allégrement l'enrichissement des uns au détriment de la survie des plus précaires? L'Europe apporte la réponse, tant elle se montre incapable de tourner la page d'un libéralisme qu'elle a érigé, malgré le désaccord des peuples, en totem ! A l'échelle continentale et nationale, une alternative semble urgente. Et celles ou ceux qui la porteront ne devront pas avoir peur de s'opposer de façon virulente au système ! La survie du rêve européen en dépend.

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