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JES6 - Pour une France Juste, Ecologique et Sociale

Ce blog rassemble mes idées et constitue une modeste pierre pour bâtir une alternance en 2022.

Nations Unies: trois vents d'espoir

C'est une semaine cruciale pour l'avenir de la planète qui se joue à compter d'aujourd'hui. Trois faits d'actualité, qui revoient à l'ONU ou aux agences qui la composent, viennent nuancer ma vision très pessimiste d'une Organisation devenue inaudible, parfois inefficace, voire même inutile. On sait avec quel aplomb un président américain a cru bon piétiner les recommandations et débats qui se tenaient dans son enceinte pour mener une guerre d'invasion dans un pays qui vit, depuis, un cauchemar. On mesure l'absence de charisme, qui y est pour beaucoup, d'un Ban Ki-moon, incapable de rivaliser avec les grands de ce monde pour profiter du caractère partiellement supra-national de son organisation pour jouer les arbitres et tracer le chemin d'un monde meilleur. Pour moi, voir l'ONU sombrer, c'est un crève-coeur. Et pourtant...
 
1- l'Unicef défend les enfants français: c'est la dernière innovation sarkozyenne pour réduire l'espace démocratique. Un projet de loi, examiné au début du mois en Conseil des ministres, vise à supprimer deux postes importants, le Défenseur des Enfants et le Médiateur de la République (des marroquins confortables, attribués à d'anciens ministres), pour les fondre dans un collège uniqe chargé d'épauler le Défenseur des droits (poste créé pour l'occasion). D'un côté, le titulaire du deuxième poste, Jean-Paul Delevoye, ancien ministre sous le gouvernement Raffarin, affirme que la réfome voulue par le chef de l'Etat est plus que positive car elle permait d'imiter nos voisins européens, chez lesquels une seul conseil, indépendant du pouvoir politique, existe pour défendre les droits de tous les citoyens, adultes comme enfants. Si c'est vrai, l'argument se tient. Personnellement, je ne suis pas favorable à la suppression de Médiateur de la République, dans la mesure où ce fauteuil est occupé par un cumulard... accrochez-vous bien: M. Delevoye, en plus de cette fonction honorifique (et du revenu qui va avec), est sénateur UMP, maire de Béthune et conseiller régional du Nord-Pas-de-Calais !! Je suis dégoûté !!! C'est une véritable honte, ce mal français de créer des postes honorifiques, des commissions, des sous-conseils qui ne servent qu'à ralimenter les compte en banque de ces profiteurs... Je me calme. Et c'est en lisant les propos du représentant français de l'UNICEF (The United Nations Children's Fund) que le sourire me revient: pour Jacques Hintzy, la suppression du poste de Défenseur des Enfants (détenu par Dominique Versini, elle aussi ministre sous Raffarin, nommée à ce poste par Jacques Chirac en 2006, date à laquelle elle démissionna du Conseil régional d'Ile-de-France pour s'y consacrer totalement: bravo !!!) est un recul qui diminuerait l'attention des pouvoirs publics envers cette population si particulière, si vulnérable. Que l'agence de l'ONU monte au créneau, c'est une très bonne chose...
 
2- l'Unesco se choisit une "bonne" dirigeante: deuxième ouf de soulagement, avec cette nouvelle qui vient de tomber, à l'instant (information France 24, pas encore parue sur les grands sites Web d'information). L'agence de l'ONU pour l'éducation, la science et la culture a procédé, ce soir, à l'élection de son Directeur général à l'issue d'un cinquième tour de scrutin (réalisé à 18h30). Il s'agissait de remplacer le Japonais Koïchiro Matsuura, âgé de 72 ans. Le favori du scrutin, l'Egyptien Farouk Hosny (71 ans), a été tellement contesté (avec 5 tours) qu'il a fini par perdre. La realpolitik a donc échoué: les analystes estimaient en effet que deux pays éminents sur la scène culturelle poussaient pour la candidature égyptienne pour des raisons inavouables. Pour les Etats-Unis, une victoire d'Hosny aurait constituer une victoire pour son allié Moubarak, dont le rôle dans la région est crucial (en tant que médiateur entre Israéliens et Palestiniens) et qui est contesté, à l'intérieur, par les islamistes des Frères musulmans. Quant à la France, le président Sarkozy aurait monnayé son soutien du candidat cairote contre le soutien appuyé du gouvernement égyptien à l'Union Pour la Méditerranée, pour laquelle on approche d'un flop monumental. Mais, l'Egyptien présente un gros handicap: alors qu'il été ministre, il s'était félicité de pouvoir brûler tous les livres écrits en hébreu qui circulaient dans le pays. Pour quelqu'un qui est amenait à diriger une agence dont le rôle est de répandre toutes les cultures, de les faire dialoguer et de les mettre sur un pied d'égalité, c'était mal parti. Il faut croire que le mea culpa qu'il a fourni depuis n'a pas suffit. En tout cas, ce soir, c'est une femme (la 1ère à diriger cette agence !), la Bulgare Irina Gueorguieva Bokova, ancienne ministre des Affaires étrangères de Bulgarie et actuelle ambassadrice de son pays à Paris, qui l'a emporté. Une victoire à 31 voix contre 27 pour l'Egyptien, lui évitant ainsi une désignation plus contestable (les statuts prévoyant l'organisation d'un tirage au sort si les prétendants ne sont pas départagés). Encore une bonne nouvelle !
 
3- la réunion sur le climat pour préparer Copenhague: en attendant l'intervention solennelle de N. Sarkozy, à 20 heures, demain soir sur TF1 et France 2 (l'occasion d'un petit voyage new-yorkais pour Laurence Ferrari et David Pujadas), les chefs d'Etat de la planète sont réunis au siège de l'ONU pour parler climat. Leur but? Se mettre d'accord sur l'essentiel, c'est-à-dire sur les grands principes, à propos de la lutte contre le réchauffement climatique... avant de discuter des modalités, des mesures concrètes à prendre, et accessoirement des concessions à faire, pour aller dans ce sens. Cette deuxième bataille se jouera au Danemark, dans quelques semaines, pour le Grand Sommet sur le climat qui doit permettre de penser à l'après-Kyoto. Et, déjà, les beaux discours, pleins de belles intentions,s 'enchaînent. L'appel d'Obama, cet après-midi, à la tête d'un pays qui, sous administration républicaine, n'avait fait aucun effort dans ce domaine, constituait une bouffée d'oxygène. Et sur une planète bourrée de dioxyde de carbone, d'ozone ou de je ne sais quels autres gaz, c'est déjà ça ! Certes, cette première étape n'a rien de révolutionnaire... mais, dans une enceinte comme celle de l'ONU, les discours peuvent parfois avoir un écho impressionnant. Ainsi, celui de Dominique de Villepin, s'exprimant au nom d'une France qui refusait de cautionner et de participer à l'équipée irakienne, restera dans l'histoire comme un grand moment de l'ONU. Peut-être même étudiera-t-on des extraits de ce discours dans les cours d'histoire, dans quelques années, lorsque le monde de l'après-11 septembre aura été intégré au programme. En tout cas, je le souhaite vivement ! Souhaitons que, dans la même veine, les belles paroles d'aujourd'hui puissent aussi s'inscrire sur une page (verte) de l'histoire de l'humanité...
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M
<br /> Entiérement d'accord pour ton analyse concernant la direction de l'UNESCO.La bulgare semble mieux placée pour le poste ,surtout parce que l'egyptien ,  ministre inamovible de la culture chez<br /> Moubarak ne semble pas faire l'enthousiasme des intellectuels dans son propre pays .Et puis quelqu'un qui prône l'autodafé des livres -Qu'ils soient en hébreu ou dans n'importe quelle langue -<br /> devrait être rayé de la liste des gens de culture. Pour la réunion sur le climat , je crains que les "nécessitées" économiques sur le court terme prendront encore une fois le pas sur la lucidité et<br /> que la planète devra encore attendre. <br /> <br /> <br />
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A
<br /> Hosny n'est pas digne de défendre la culture au niveau mondial: c'est ce que disent bon nombre d'intellectuels, au lendemain de sa défaite. Ce scrutin a aussi cela d'intéressant qu'il montre que<br /> l'on ne peut pas gagner un scrutin d'avance... et que la realpolitik a, heureusement, des limites.<br /> <br /> En écoutant plus attentivement Obama, qui n'a pas reconnu la part des Etats-Unis dans les émissions de gaz à effet de serre (le point central de Kyoto et de l'après-Kyoto), mon enthousiasme d'hier<br /> est un peu retombé ce matin. C'est vrai que les enjeux sont énormes et sur ce sujet, nos dirigeants croient qu'économie, social et environnement sont incompatibles. Qu'il faut protéger l'un au<br /> détriment de l'autre.<br /> <br /> C'est la logique qui prévaut pour les délocalisations: l'économie est supérieure au social. C'est ce qui se passe pour les discussions climatiques: la protection de la planète ne doit pas pour<br /> autant tuer nos économies. Or, la révolution écologique intellectuelle, c'est de comprendre qu'économie et environnement peuvent aller de pair. Et, même, qu'en réfléchissant sous ces deux angles,<br /> en même temps, on a un potentiel important !<br /> <br /> Si nos dirigeants me montrent qu'ils l'ont compris, ce sera un premier pas...<br /> <br /> <br />