Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
JES6 - Pour une France Juste, Ecologique et Sociale

Ce blog rassemble mes idées et constitue une modeste pierre pour bâtir une alternance en 2022.

Elections: une gauche essoufflée?

Libération a publié, dans un de ses derniers numéros, un débat intéressant sur ce sujet: "la social-démocratie fait-elle partie du passé?". Cette tendance du centre-gauche européen, qui s'est converti à l'économie de marché, estimant qu'il était plus utile pour les citoyens de profiter de la mondialisation en la régulant plutôt qu'en la critiquant, a fonctionné pendant quelques temps. Lionel Jospin en France (avec des privatisations nombreuses menées par DSK ou Laurent Fabius), Gerard Schröder en Allemagne, Tony Blair en Grande-Bretagne ou encore les gouvernements nordiques, souvent cités en exemple, se faisaient élire sur des promesses de gauche (progrès sociale, partage équitable des richesses...) pour finalement mener une politique de droite, au nom du réalisme politique. On se croyait revenu en 1983, lorsque le gouvernement Mauroy entama le tournant de la rigueur, les mesures trop à gauche du septennat mitterandien ayant plongé le pays dans une situation économique difficile. Et les électeurs fuyaient donc comme la peste cette "fausse gauche": on ne sait par quel miracle Gordon Brown est encore en place (il ne le restera pas bien longtemps); les Allemands ont donné les clés du pouvoir à une grande coalition dominée par la droite (qui devrait l'emporter aux législatives de la semaine prochaine) qui mène une politique clairement libérale et audacieusement écolo (avec un parc d'éoliennes off-shore impressionnant, opportunément annoncé à quelques jours du scrutin); je ne rappelle pas les conditions dans lesquelles le dernier premier ministre socialiste français a été lourdé...
 
Une autre question se pose alors: à travers le monde, la gauche serait-elle essoufflée et incapable de promouvoir un nouveau modèle de société attractif pour des électeurs parfois en perte de repères? Ne parlons pas du cas français, presque atypique, et sur lequel on a déjà eu (et on aura encore) l'occasion de revenir. Penchons-nous sur plusieurs exemples que fournit l'actualité. Premier constat: faute de renouvellement, les élites de la gauche et du centre-gauche, en Europe notamment, sont celles-là mêmes qui ont participé à des gouvernements menant des politiques de droite. Quand on voit, exemple caricatural, le socialiste Pascal Lamy, directeur de l'OMC, dirigeait une institution qui défend le système actuel rejetant toute possibilité de régulation et d'encadrement, malgré la crise et ses conséquences, il y a de quoi ne pas vouloir confier les clés du pays au parti auquel il appartient ! Quand on voit l'âge du rival de Mme Merkel en Allemagne, les profiteurs qui composent le Parlement et une partie du gouvernement britannique, ou encore la gauche italienne se jetait dans les bras du maire de Rome, défait lors des municipales, on comprend que la gauche peine à se faire entendre. Surtout quand elle n'a même pas un projet crédible à proposer. Les dernières élections au Japon sont ainsi là pour le prouver: les centristes démocrates viennent de conquérir le pouvoir dans l'archipel après un demi-siècle de règne des conservateurs. Plus qu'une victoire de la gauche nippone, c'est une lourde sanction contre les sortants, incapables de protéger le pays de la crise et d'adapter l'économie au nouveaux défis mondiaux, que viennent d'infliger les électeurs. C'est donc plus la défiance envers la droite qu'une réelle confiance dans la gauche qui s'y est exprimée. Et on ne peut donc pas vraiment s'en réjouir !
 
En France, on sait que la gauche s'est progressivement éloignée des intellectuels et que le débat d'idées n'y fait plus rage. Cette incapacité à faire des propositions novatrices et crédibles est pour beaucoup dans la dérive de la gauche. Ainsi, pour revenir au cas allemand, le paysage politique est en train de se modifier considérablement: lors de scrutins régionaux, la gauche radicale (le parti "Die Linke" d'Oskar Lafontaine, équivalent du Front de gauche français, autour du PCF et de Mélenchon) s'est renforcée, talonnant les sociaux-démocrates du SPD, largement devancés par les conservateurs et libéraux de droite. D'ailleurs, c'est vers une coalition de ces deux tendances que l'Allemagne semble se diriger au niveau fédéral, Angela Merkel ayant toutes les chances de conserver son poste. Pourquoi? Parce que la CDU vend la régulation en matière économique et agit sur la voie du développement durable, tout en jouant la carte de la coopération euro-mondiale, la chancelière sortante étant active sur la scène politique aux côtés des Sarkozy, Brown et Obama. La droite apparaît donc attractive, quand le centre-gauche, débordé par une gauche plus radicale, ne parvient pas à renouveler ni ses cadres, ni ses idées. La proposition, entendue récemment, d'abaisser l'âge de la majorité électorale à 16 ans (faite par des syndicats lycéens, proche de la "vraie" gauche) suffira-t-elle? S'il s'agit de gonfler le viviers des électeurs en y introduisant une population plus favorable aux progressistes qu'aux conservateurs, on ne résoud pas le problème. D'autant que les premiers intéressés, lorsqu'ils sont interrogés, affirment ne pas être prêts à ce rôle d'électeurs. Pour eux, 18 ans, c'est le strict minimum pour un citoyen suffisament formé et averti. Tandis que les défenseur du projet veulent permettre aux jeunes, qui n'ont que les manifs et les blovages d'établissements pour s'exprimer, d'être mieux entendus et considérés par les politiciens. Pas faux: cela mérite en tout cas débat ! Une prochaine fois...
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article