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JES6 - Pour une France Juste, Ecologique et Sociale

Ce blog rassemble mes idées et constitue une modeste pierre pour bâtir une alternance en 2022.

La rentrée de Philippe Manière

Après quelques jours plutôt "speed", marqués par les derniers préparatifs en vue de la pré-rentrée des enseignants et la rentrée des élèves (me voilà, cette année, prof principal d'une 4ème, et c'est du boulot !), je suis de retour. Comme souvent lorsque je manque de temps pour alimenter mon blog, j'ai aussi manqué de temps pour lire le dernier numéro de Marianne, paru le 29 août et que je n'ai ouvert qu'en milieu de semaine. J'y ai trouvé un article si intéressant que je vous en propose les grandes lignes, histoire de vous donner de quoi débattre... en attendant les prochains articles commentant l'actualité politique et internationale (et il y a de quoi dire !). Depuis un an, l'hebdomadaire du samedi ouvre ses colonnes à des personnalités diverses qui, une fois par quizaine, ont une page entière pour s'exprimer. Cette rubrique, intitulée "ils ne pensent pas (forcément) comme nous", est sans doute celle qui fait le plus réagir les lecteurs de Marianne qui, dans les pages qui leur sont réservés, se plaisent à taper sur les auteurs de ces pages. Trop libéraux, trop à droite, trop sarkozystes: ils ont bien des défauts... mais, au moins, ont-ils l'occasion de nous faire réfléchir. Car, si je ne partage pas toutes les analyses d'un Denis Tillinac, par exemple, il est de fois où sa chronique pousse à réfléchir et m'interpelle: apèrs tout, il n'y a pas meilleure manière de progresser qu'en confrontant les points de vue et en se forçant à écouter (ou lire) ceux qui ne pensent pas comme nous. Ainsi, voici le dernier billet de Philippe Manière, avec lequel je ne suis pas toujours d'accord, pousse à réfléchir...
 
"Vous, je ne sais pas, mais mo, ce que je trouve le plus difficile, à la rentrée, ce n'est pas de se remettre au travail, c'est de se remettre à croire. Tenez, la vie politique, eh bien, quand on revient de la plage, on a un peu de mal à se dire que c'est important - voire que c'est vrai. Il faut dire que, pendant l'été, les politiques en font des tonnes pour nous convaincre du contraire ! D'abord, il y a le traditionnel concours de mise en scène du genre Marcel Chapiron, ministre des poireaux et carottes, posant au bord d'une rivière et le regard perdu dans le lointan - "Marcel Chapiron consacre ses brefs congés à se ressourcer en regardant couler la Cruchoule, charmant ruisseau qui traverse sa circonscription" (...) Et tout cela vous fait un reportage d'une audace à faire pâlir Albert Londres [Note personnelle: il est vrai, que ce soit dans les colonnes de Paris Match ou de je ne sais quel autre titre de la presse people - la seule, malheureusement, qui ne voit pas ses ventes dégringoler - que nos hommes politiques se sont largement affichés en "une" des magazines pour nous montrer qu'ils continuaient à bosser. Qu'il s'agisse d'un Luc Chatel en pantalon et chemise, mais sans cravate, sur une plage bourrée de vacanciers en maillot de bain, ou d'un Xavier Bertrand attablé à la terrasse d'un bistrot, buvant un jus d'orange, dossiers sous le bras, il n'y avait que Sarko pour s'afficher se baignant au pied du cap Nègre avec Carlita, ou torse nu avec son premier ministre ! Que des scoops importants...]. Autre exercice récurrent de lèche médiatique estivale: le dossier "que lisent-ils cet été?". Untel relit Hegel (ben voyons !), tel autre se cogne au bord de la piscine les oeuvres complètes d'Obama ou de Robert Reich (c'est sûr, ça détend bien), un autre est plongé dans la documentation de son prochain opus, un portrait de Keynes (ou Marx, ou Dieu), en toute simplicité. Vous me direz, c'est rassurant de ne pas les savoir accro à Picsou ou à Gros Seins magazine.
 
(...) Juste avant mon départ, le président de la République a reçu les patrons des grandes banques pour faire le point avec eux sur les bonus. A peine j'étais rentré, le président de la République recevait les patrons des grandes banques pour faire le point avec eux sur les bonus [Note personnelle: fin aôut, c'était la septième rencontre en un an avec les patrons de banques. Il y avait eu, au début de la crise, la tape sur les doigts pour obtenir un code de bonne conduite, rédigée par ceux-là mêmes qui ont profité des anciennes règles. Il y a eu, à intervalles réguliers, les réunions de crise pour montrer que le chef de l'Etat agit en menaçant de légiférer... sans jamais mettre sa menace à exécution. Ce qui, en politique comme dans une salle de classe, a pour effet de susciter la plus profonde indifférence de la part de ceux que ladite punition est sensée menacer]. Quand j'ai lu ça cette semaine à la une, j'ai vérifié la date de mon journal - mon premier réflexe, c'était que la concierge s'était débarassée d'un rossignol de fin juillet. Pas du tout ! On prend les mêmes et on recommence. "Dites-moi, cher ami, vos traders, là, ils gagnent beaucoup d'argent, hein !". "Ca n'est pas fait, monsieur le président". " C'est embêtant, ça...". "Monsieur le président, j'attire respectueusement votre attention sur le fait que nous les payons désormais selon la méthode que vous nous avez vous-même suggérée !" [Note personnelle: où l'on voit qu'en plus de devoir attendre une décision internationale qui, seule, règlera le problème durablement, les solutions soi-disant révolutionnaires de super-Sarko, qui n'ont pas plus d'audace que celles mises en place en Allemagne ou aux Pays-Bas, n'ont au final absolument aucun effet. Bien parler ne suffit donc pas]. "Et, donc, ça ne suffit pas à faire disparaître complètement les bonus? Eh ben, vous savez quoi, ont va rechanger la méthode !" (...) Ca peut durer longtemps, ce petit jeu-là ! Sur son BlackBerry, Sarko a dû mettre une alarme mensuelle "dernier mercredi du mois: arroser le banzaï et taper sur les traders".
 
Evidemment, si on cherchait, il y aurait moyen de renouveler un peu le genre. Par exemple, pour changer, on pourrait convoquer les restaurateurs à l'Elysée. "Dites donc, mon vieux, vous vous souvenez peut-être qu'il y a trois mois on vous a baissé la TVA?". "Vous voulez sans doute parler, monsieur le président, de cette infime réduction de 19,6 à 5,5% qui n'allège que marginalement le terrible fardeau des charges pesant sur notre malheureuse profession?". "Oui, ben, cette infime réduction, elle nous a coûté 2 milliards d'euros et ça vous fait quand même 14% de marge en plus in the pocket. Vous pourriez me dire pourquoi vos prix n'ont baissé que de 1,2%?". "C'est-à-dire, monsieur le président...". "C'est-à-dire, rien du tout. Vous allez me réduire le prix du boeuf mode, sinon, je vous colle une taxe sur le mètre de comptoir, moi !". Mais, ça, on ne le verra jamais. Demander aux gargotiers de rendre à tous les Français un peu de l'énorme cadeau qu'on leur a fait sans raison, c'est moins facile que de désigner régulièrement les méchants spéculateurs à la vindicte publique. Dans le fond, les vacances, c'est ça: rien ne change. Même ressourcé par la contemplation de la Cruchoule (ou par le jogging au cap Nègre), le pouvoir aura toujours ses chouchous et ses épouvantails. Toujours les mêmes".
 
Je vous laisse maintenant le soin de commenter cet article et de me faire part de vos impressions. Avec un peu de retard, bonne rentrée à tous et à bientôt !
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