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JES6 - Pour une France Juste, Ecologique et Sociale

Ce blog rassemble mes idées et constitue une modeste pierre pour bâtir une alternance en 2022.

Fantomas contre les bonus !

Quand j'étais petit, le dimanche, ma famille (comme nombre de familles françaises) mangeait, dans la salle à manger plutôt que la cuisine, un repas "amélioré". Le tout devant un des classiques du cinéma français: une semaine, c'était "la Grande Vadrouille", la fois suivante "le Corniaud" et une semaine plus tard "les Tontons flingueurs". Des films que l'on connaît par coeur et que l'on prend plaisir à revoir, en profitant des énièmes rediffusions que nous proposent les chaînes françaises. Et, avant-hier soir, comme je ne sais combien de millions de télespectateurs, j'ai regardé, sur France 2, les aventures de "Fantomas contre Scotland Yard". Un film que j'ai sans doute vu étant petit, mais dont je n'avais aucun souvenir. L'occasion de découvrir des choses intéressantes qui, eh oui, ont leur place sur ce blog. Ainsi, pour ceux qui auraient manqué ce programme, je rappelle que Fantomas (que Louis de Funès et Jean Marais combattent d'abord en France puis en Angleterre) élabore son propre projet de société: truand en soif d'argent, il réalisait le casse du siècle, en bijoux, à Paris. Dans le troisième et dernier épisode, il s'en prend aux plus grosses fortunes d'Angleterre, les contraignant - sous menace de mort - de payer une "taxe pour le droit de vivre" qui permettrait de réduire ces revenus qu'ils considèrent indécents. Taxe qui s'appliquent également aux mafieux londoniens, qui amassent illégalement les mêmes fortunes que les précédents, tout en échappant au fisc. Tout un programme !
 
Voir un tel film, à l'humour parfois un peu lourd mais souvent plaisant, permet de faire un constat simple: 42 ans après (la triologie prit fin en 1967), la situation n'a guère évolué. Il existe toujours des détenteurs de fortunes indécentes qui, libéralisme économique aidant, peuvent désormais échapper légalement au fisc. Et, bien sûr, les traficants en tous genres (armes, drogue, être humain), mondialisation aidant, pullulent sur la planète, amassant des fortunes non moins considérables, légitimant leurs actions par des soi-disantes actions charitables au profit des plus démunis. Imaginons, puisque l'épisode a été diffusé le même jour que la réception des patrons de banques à l'Elysée, un autre épisode: Fantomas contre les bonus. Que le Fantomas en question apparaisse sous les traits d'un Robin des bois de gauche, voire de Sarkozy, c'est vous que cela regarde... En tout cas, la tâche s'annonce rude, comme le souligne un journaliste du quotidien régional L'Union qui, dans un billet intitulé "les crocodiles seront végétariens", écrit: "Nicolas Sarkozy se prendrait-il pour Rodney Ansell, alias Crocodile Dundee, fameux chasseur asutralien capable d'affronter des crocodiles à mains nues? Pour la septième fois en un an, il recevait à l'Elysée une belle brochette de banquiers en croco. A la sortie, le Président (...) a proposé une batterie de mesures. Bonus encadrés, malus quand les résultats ne seront pas à la hauteur, surveillance accrue des banques, sanctions... Qu'on se le dise: la France sera exemplaire et les crocodiles végétariens ! Mais l'animal n'étant pas commode, on pour nourrir quelques suspicions. Grâce à son cuir épais, le crocodile résiste très bien aux pressions. Quant à ses larmes de repentir...". Vous l'aurez compris: les banquiers crocodiles n'ont pas les faveurs de l'auteur de ces lignes. Qui aurait d'ailleurs pu enrichir sa métaphore d'un autre élément: avec sept réunions en un an, et des tapes répétées sur les pattes des banquiers, le cirque sarkozyen ne devrait pas faire faillite. Il a encore de beaux jours devant lui.
 
Cette réunion de rentrée, qui marquait le retour offensif du Président avec des vacances studieuses au Cap-Nègre, n'est sans doute que la 7ème d'une longue série. Car, depuis que la crise a commencé et que les scandales se multiplient, en France, en Europe ou aux Etats-Unis, le moins que l'on puisse dire est que l'action de notre Président et de son gouvernement n'a eu aucune efficacité. Comme avec son prédecesseur, le locataire de l'Elysée a bien parlé: on a retrouvé le Sarko offensif de la campagne présidentielle qui s'en prenait aux "patrons voyous", ces spéculateurs qui n'ont rien de commun avec les vrais investisseurs qui, eux, réfléchissent sur le long terme. Dans son point presse, le chef de l'Etat a multiplié les déclarations de bonnes intentions, rappeler la nécessité de règler au niveau mondial ce problème et de rester ferme face aux mauvaises pratiques. Tel un maître d'école, il a donc décidé de distribuer les bons points (les bons bonus) et les mauvais points (en inventant des malus). Mais, à l'inverse de Fantomas, il n'a pris aucune décision radicale: réunir les grands patrons pour leur taper sur les doigts, les gronder pour ne pas avoir respecter leurs engagements passés et les supplier d'en prendre de nouveaux, cela n'a aucune utilité. Sauf à permettre au patron de la BNP d'annoncer, sur le perron de l'Elysée, la diminution de moitié de l'enveloppe destinée à ses traders. Quel grand homme, ce Baudoin ! Et personne ne relève que les 500 millions en question pourrait sauver des centaines de PME de la faillite et, par conséquent, des centaines d'emplois payés au SMIC. Mais, le plus important, c'est qu'au journal de 20 heures, on met un peu de pomade à l'opinion et, avec le retour de la grippe A (à la Réunion cette fois-ci), on est tranquille... jusqu'à la prochaine réunion ! Vous savez, cette réunion du siècle, des vingt chefs d'Etat les plus puissants, qui ne se contenteront pas de prendre des engagements écrits, mais qui annonceront des décisions fermes (c'est Sarko qui l'a dit).
 
On attend de voir... Car, cela va faire un an que les citoyens qui perdent leurs emplois voient les banques s'enrichir à nouveau, alors que, dans le même temps (et le constat est plus que jamais d'actualité), elles ferment les crédits qui auraient pu maintenir certaines entreprises à flot. D'un côté, les spéculateurs refont leurs stocks, remboursent l'Etat et repartent comme si rien ne s'était passé. De l'autre, la crise sociale menace de s'aggraver: car, comme l'explique l'économiste Elie Cohen, après avoir mis fin aux contrats d'intérim et aux CDD, les entreprises les plus menacées vont commencer à détruire de vrais emplois, des CDI, faute d'une relance de leur activité. J'ai d'ailleurs du mal à comprendre que les hommes (et femmes) les plus puissants du monde puissent attendre plusieurs mois, passer un mois de vacances pour se faire photographier torse nu, avant de convoquer un nouveau sommet. Dans ce laps de temps, des milliers d'emplois continuent de disparaître, plongeant des familles entières dans la précarité et la dépense aux aides d'un Etat qui ne semble pas encore suffisamment endetté. Dans ce las de temps, aucun pays ne prend d'initiative car, comme le répète Mme Lagarde, cela ne sert à rien d'agir seul dans son coin. C'est vrai, ça, au fond. Quitte à aller dans le mur, allons-y tous ensemble. Comme cela, on retrouvera les conditions d'une bonne concurrence libre et non faussée, entre des Etats qui se seront tous, sans exception, casser la fugure. Sauf qu'un exemple intéressant vient contredire la belle théorie de la minsitre de l'Economie: en surtaxant les plus hauts salaires, les Pays-Bas ont crée, par l'impôt, une limite au-delà de laquelle ceux qui continuent de s'enrichir remplissent du même coup les caisses de l'Etat. Taxer à 85% les bonus? Une hérésie pour les ultra-libéraux. D'ailleurs, elle ne manquerait pas d'engendrer cette hémorragie tant redoutée des talents de la finance, qui partiraient vers des cieux plus cléments. Patatras: pour le moment, les Pays-Bas n'enregistrent aucuns départs massifs pour des raisons fiscales. Espérons que, moins passif que la France, le gouvernement d'Amsterdam saura faire figure de modèle à suivre...
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