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JES6 - Pour une France Juste, Ecologique et Sociale

Ce blog rassemble mes idées et constitue une modeste pierre pour bâtir une alternance en 2022.

Téhéran-Pékin, même combat?

Après le long épisode des hommages et des obsèques de Michael Jackson, les évènements iraniens, doublés d'évènements importants en Chine nord-occidentale, sont revenus sur le devant de la scène politique... et médiatique ! L'investiture de Mahmoud Ahmadinejad pour un second mandat se rapproche et la contestation semble s'essouffler. Mais, prenons garde à trop de simplisme: d'après plusieurs spécialistes de l'Iran, confrontés par Marianne dans son dernier numéro, les évènements de juin ont durement et durablement fragilisé le régime de Téhéran. Un peuple qui n'a plus peur de manifester et de s'opposer à l'ayatollah Khameini, aidé dans l'ombre par des dignitaires plus que jamais divisé à la tête du pays, peut se réveiller et mener... la révolution. La France en sait quelque chose. Mais, l'Iran est toujours au coeur de l'actualité pour une autre raison: une universitaire française, ayant rédigé un mémoire à l'IEP de Lille sur ce pays qu'elle aime au point de s'y être rendue dans le cadre d'une mission de l'IFRI (Institut Français de Recherche en Iran), est détenue pour espionnage. Son tort: avoir filmé une manifestation pro-Moussavi, suite au scrutin présidentiel truqué, avec son téléphone portable et avoir envoyé des clichés par mail à ses amis. Bref, la voilà dépeinte en espionne à la solde de l'étranger qui veut nuire aux intérêts de la nation iranienne... comme pouvaient le faire les journalistes occidentaux, avant qu'ils ne soient expulsés du pays. L'étranger fauteur de troubles: l'argument est connu. Et témoigne de l'existence d'une dictature appeurée par ce que pourraient découvrir une population qu'elle contrôle de moins en moins bien.
 
Dès lors, pourquoi comparer le régime des mollahs à celui du PC chinois? Parce que le même genre d'argument vient d'être utilisé par les autorités chinoises dans le cadre de la révolte de la minorité ouïgour (et non Yougourt comme a pu le dire, sur France Info, Bernard Kouchner) dans la province du Xinjiang, au nord-ouest du pays. Pour simplifier, ces musulmans turkophones, majoritaire dans cette partie de la Chine, ont été la cible ces derniers jours d'affrontements ethniques (il n'y a pas d'autre mot) avec la majorité Han (les Chinois de souche) en raison de revendications trop importantes. Et c'est là qu'intervient l'argument qui tue: cette révolte des Ouïgours est orchestrée depuis l'étranger par des ennemis de la Chine qui veulent l'affaiblir ! Evidemment. Sauf que, quelques jours après le début des évènements, et la désinformation chinoise s'enclenchant, l'argument a été abandonné. Depuis, cette minorité discriminée, jugée inférieure (sur la base d'arguments dignes du IIIème Reich, contraires aux droits de l'homme et des minorités), est donc violemment réprimée par l'armée (seul moyen de faire taire une contestation). Le tableau montre donc comment une dictature, confrontée à des problèmes internes (au point que le président Hu Jin Tao ne participe pas au sommet du G8 à l'Aquila), tente de les évacuer dans le sang.  Le bilan officiel ne fait état que d'une centaine de morts. Chiffre invérifiable. Mais, au fait, tuer des êtres humains, hors période de guerre, sur des critères ethniques, n'est-ce pas la définition d'un crime contre l'humanité? D'autant que, depuis ce vendredi (jour de prière hebdomadaire dans l'islam), les mosquées ont été fermées et surveillées par la police: serait-ce le signe d'une violation des droits fondamentaux de consicence et de culte?
 
A la lumière de tout cela se pose la question essentielle - que soulève le titre de l'article -: peut-on comparer le régime des mollahs à Téhéran avec celui des communistes de Pékin? Oui et non. Car, donner une réponse sans nuance est ici impossible. Les similitudes, dans le discours et les attitudes des dirigeants de ces deux dictatures, ont été soulignées. L'acharnement à vouloir donner du pays l'image la plus polissée possible en est une autre. Mais, il existe dans le même temps des différences notables: le régime de Téhéran repose sur un consensus religieux qui, en matière politique, est en train de se fissurer; le multipartisme, malgré des élections truquées (pour la première fois, semble-t-il), existe en Iran alors que le PC contrôle toute la vie politique chinoise; la Chine est une puissance émergente incontestable au niveau mondial tandis que l'ancienne Perse aspire à devenir une puissance régionale, qu'elle n'est pas encore (la bombe nucléaire étant évidemment un outil pour y parvenir). Au final, ces divergences l'emportent car, en cette année 2009, les deux régimes ne sont pas aussi solidement ancrés: si celui de Pékin est toujours autant critiqué, il résiste sans trop de problèmes... les JO n'ayant été qu'un épisode ayant fait tremblé les dignitaires, soulagés d'avoir affaire à une communauté internationale si faible ! Par contre, à Téhéran, la division entre les plus hautes personnalités, religieuses ou non, du régime se fait jour. Ce qui, pour l'instant, n'est pas le cas à Pékin où tous les responsables, unis derrière leur chef, ne bronchent pas. Les enjeux y sont trop grands !

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A
Merci pour votre article, j'aime beaucoup la comparaison que vous faites entre la Chine et l'Iran. Neanmoins il existe une erreur grave dans votre article qui est votre reference a l'existence de multipartisme en Iran. Votre erreur est neanmoins expliquable et est induite par l'acharnement du regime islamique pour toujours montrer une image democratique pour satisfaire la conscience des europeens a passer des contrats commerciaux. En Iran il n'y a qu'un seul parti es c'est le Hezbollah (parti de dieu) tous les candidats sont filtres et tous adherent aux principes fondamentaux du regime qui aspire, entre autres, a la bombe nucleaire et a sa propagation non seulement regionale mais mondiale (le regime iranien agit etape par etape n'est-ce pas?). Maintenant a l'interieur du regime iranien il y a des differences de vues quant au moyen d'arriver a ces buts communs a tous (les radicaux et ceux qu'on appelle tres injustement les moderes que nous iraniens appelons les moins radicaux).D'autre part vous avez raison, il existe des fissures au sein du systeme iranien mais elles sont beaucoup du fait que certaines forces de l'ordre et notamment certains pasdarans (les gardiens de la revolution) ont refuse d'ouvrir le feu sur le peuple demuni. Il existe aussi des luttes de pouvoirs entre personnes qui n'ont rien a voir avec des luttes d'idees ou d'ideologie. Ceci dit ces personnes (le clan de Moussavi, Rafsanjani, Khatami et autres et le clan de Khamenei, Ahmadinejad, Jennati et autres) ne remette pas en cause la nature du regime ni ses pricipes fonadamentaux contraires aux droits de l'hommes, ni encore la politique nucleaire et l'aspiration a la puissance regionale et plus tard mondiale de l'Islam.Je rajouterai un seul element a votre article. Alors que la Chine massacre des musulmans, l'ayatollah Khamenei qui se veut le guide de tous les musulmans du monde n'a pas bronche et de peur de froisser son partenaire commercial et militaire qui l'aide aussi a former ses forces anti-emeutes a mieux massacrer et refouler les protestations, il a passe le massacre des musulmans chinois sous silence.Merci encore pour votre article 
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A
<br /> Bonjour ! Et merci pour cette intéressante contribution.<br /> <br /> Concernant l'absence de multipartisme, vous avez raison d'attirer mon attention sur l'usage inadéquat de ce terme pour qualifier la situation politique de l'Iran. En fait, je voulais dire - et vous<br /> l'avez compris - qu'il existe plusieurs sensibilités à l'intérieur de la classe politique iranienne, toutefois rassemblée sur les principaux sujets.<br /> <br /> De fait, les hommes politiques, qu'ils soient modérés (les médias disent aussi "libéraux") ou conservateurs, veulent - et c'est logique - donner à leur pays une visibilité mondiale et renforcer son<br /> rôle régional. Ils se différencient essentiellement sur les questions économiques, ainsi que dans leurs discours qui vise, justement, à donner une image agressive (vôté Ahmadinejad) ou pacifique<br /> (côté Moussavi) au reste du monde. Ces différences sont donc plus marquées dans le style que dans l'idéologie.<br /> <br /> Cela ne retire rien au fait que le fonctionnement institutionnel iranien est différent de celui, beaucoup moins démocratique, de la Chine où le leader désigné du PC devient chef de l'Etat<br /> parce que chef du parti unique.<br /> <br /> Bonne journée à vous, au plaisir de vous relire sur le blog.<br /> <br /> <br />