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JES6 - Pour une France Juste, Ecologique et Sociale

Ce blog rassemble mes idées et constitue une modeste pierre pour bâtir une alternance en 2022.

L'économie sociale et solidaire, c'est quoi?

Depuis hier, quelques dizaines (voire centaines) de manifestants, alter-mondialistes, syndicalistes et écologistes, manifestent dans les rues de Londres. Distribution de tracts à la sortie des stations de métro, défilés sur quelques places de la capitale britannique visent à mobiliser la population à quelques jours de la tenue du sommet du G20, jeudi prochain. Ces manifestants espèrent que leur mouvement prendra progressivement de l'ampleur à l'approche de ce sommet, le pic de leur mobilisation étant annoncée pour mercredi, veille de l'arrivée de vingt chefs d'Etat ou de gouvernement, représentant les vingt pays les plus puissants ou émergents du monde. Et, après la premier sommet, à Washington en décembre, qui n'avait pris qu'une décision (se réunir à nouveau en avril), une question majeure se pose: un tel sommet, dont l'ordre de jour est de "moraliser le capitalisme mondial", peut-il parvenir à des résultats concrets? Je dois dire que je suis plutôt partagé sur l'issue d'une tele réunion. D'abord optimiste, je considérais que le remplacement du G8 (les huit pays les plus puissants du monde) par un G20 accueillant des Etats émergents, dont la croissance de ces dernières années s'expliquent par l'application d'autres modèles économiques, ne pouvait qu'être une bonne chose. Plus la décision est partagée, plus les résultats peuvent sembler efficaces. Même si le risque est grand, faute d'un consensus total, de parvenir à une solution médiane qui contente tout le monde et qui ne soit pas assez audacieuse pour bouleverser un système qui mérite de l'être. Ainsi, le pessimisme est désormais de rigueur: vue l'ampleur de la crise et les écarts existant entre les stratégies voulues par les différents gouvernements (en Europe, il existe déjà des divergences), la probabilité pour qu'un nouveau système économique mondial apparaisse est faible.
 
Et ce d'autant plus que parmi les acteurs de ce sommet se trouvent des responsables politiques qui, en quelques mois, ont changé d'opinion, devenant les pourfendeurs d'un système qu'ils ont contribué à mettre sur pied. Il est même curieux que ce retournement spectaculaire, dont Nicolas Sarkozy est le plus brillant des exemples, suscite si peu de réactions: et dire que notre président, quelques mois avant la crise, alors qu'il était encore un ultra-libéral, convaincu de la force du marché non régulé, envisagé de conduire notre pays sur la voie d'un modèle américain fait de hedge funds, de subprimes, de parachutes himalayens et d'un système de retraite par capitalisation. Bref, la bourse au service du développement humain. L'argent au coeur de tout. Fort heureusement, super-Sarko n'a pas eu le temps de mettre ce programme en application... voyez les dégâts qu'il a produit en Islande ! Toute polémique mise de côté, on peut donc légitimement se demander si les héros du capitalisme et de l'argent-roi sont les mieux placés pour inventer cette économie sociale et solidaire à laquelle bon nombre d'entre nous aspirons. Car, le choix est simple: ou l'on considère que le marché peut s'auto-réguler et que cette crise, majeure par son ampleur et sa durée, n'est qu'un évènement dans un cycle plus long de croissance; ou l'on juge que le marché a besoin de règles éthiques et que c'est au politique d'intervenir pour faire en sorte que la croissance soit constante et modérée. Car, ce que nous montre de manière éclatante cette crise du capitalisme, c'est que l'espoir (ou plutôt l'illusion) qu'un gain maximal peut se faire sur le long terme n'existe pas. Ceux qui pensaient pouvoir réaliser des gains astronomiques, en trop peu de temps, se sont trompés. Avec le système actuel, les puissants se sont considérablement enrichis par temps calme et perdent beaucoup en temps de crise. Au final, leur gain moyen n'est que faible, et les turbulences économiques ne les ont que très peu frappés, les gains de la veille permettant de s'en sortir aujourd'hui et demain... ce qui n'est pas le cas des millions de victimes silencieuses de ce système profondément injuste.
 
Il est donc temps de considérer que l'économie, la finance et toutes les possibilités qu'offre la mondialisation ne sont que des moyens pour permettre l'enrichissement, progressif et régulier, de tous les habitants de la planète. Et cela nécessite, comme le dit si bien François Bayrou, de créer un modèle humaniste. Plus que l'argent, c'est l'homme (et son épanouissement) qui doit être placé au coeur de toutes les décisions, qu'elles soient prises au niveau national ou international. Cette révolution humaniste, qui se conjugue parfaitement avec la modernité, l'ambition démocratique et la révolution écologique (qui doit permettre de protéger la planète des méfaits d'une hyper-croissance mal contrôlée), est devenue une absolue nécessité. Car, dans le monde d'aujourd'hui, les écarts se sont considérablement creusés entre les plsu riches et les plus pauvres. Or, un modèle qui contribue à l'enrichissement sans limite des uns, au détriment de l'intérêt général (c'est-à-dire celui de la majorité silencieuse, que notre président n'entend que quand cela l'arrange), c'est un modèle dictatorial ! Rien de moins. La dictature du fric a plus que fragilisé un continent comme l'Afrique, torturé par des guerres fratricides pour le contrôle des matières premières, par des dictatures où un clan accapare les richesses et le pouvoir, où les simples citoyens meurent par millions de maladies qui n'existent plus en Europe, où l'extrêmisme religieux progresse en même temps que la misère... C'est un constat bien sombre que je dresse ici. Mais, force est de constater que ce modèle est à bout de souffle et que les potions libérales, que les organismes internationaux (notamment la Commission européenne) continuent de nous faire avaler, ne guérissent plus les maux dont souffre la planète. Nous avons une grande chance, nous Européens. Car, après l'échec probable (mais non certain) du prochain G20, qui n'apportera aucun bouleversement notable, les élections européennes seront l'occasion d'envoyer un message fort à nos gouvernements, en leur disant que d'autres chemins sont possibles. Et que nous, citoyens, souhaitons les emprunter, plutôt que suivre un mouvement qui nous éloigne peut-être de la crise actuelle... pour mieux nous précipiter dans la prochaine !
 
Dès lors, pour ne pas rester dans un discours trop général, gauchisant et plein de bonnes intentions (ces discours que j'ai l'habitude de dénoncer), j'ai entamer quelques recherches. D'une part, pour vous permettre de mieux appréhender ce qu'est cette alternative appelée "économie sociale et solidaire". D'autre part, pour faire une série de propositions concrètes qui permettent de faire avancer un débat indispensable (et auquel j'espère contribuer). Mon constat de départ est simple: comme les parlementaires UMP qui envisagent d'encadrer les rémunérations des grands patrons, je considère que les agissements de certains de ces puissants sont impardonnables et que, pour éviter qu'ils ne puissent exister, la loi doit les encadrer de manière stricte. Au nom d'une éthique qui semble de plus en plus faire défaut dans les rangs d'un grand patronat, sourd aux inquiétudes de leurs concitoyens. Mais, je n'oublie pas, dans le même temps, que ces agissements concernent une petite minorité de chefs d'entreprise et que la plupart des dirigeants sont de véritables entrepreneurs. C'est ce que tenait à rappeler la CGPME, qui regroupe les patrons de petites et moyennes entreprises. Disons-le clairement: dans ces entreprises de taille modeste, et contrairement aux grands groupes ultra-bénéficaires, les patrons et actionnaires ne valent pas plus de cinq ou dix fois leurs salariés. Or, dans des entreprises comme Total, le PDG, si l'on en juge par son salaire et ses bonus, vaut 2000 fois un de ses salariés. Comment, dans une société démocratique comme la nôtre, cette anomalie peut-elle exister? Le principe même de ces écarts de salaires est tout simplement insupportable.
 
Dès lors, voici donc quatre propositions concrètes que je soumets à vos réflexions et critiques:
- revalorisation du SMIC à 1200€ net par mois et création d'un salaire maximal équivalent à un peu moins de deux années de SMIC, soit 27 500€ net par mois;
- limitation à 30% des primes et bonus versés à TOUS les membres d'une entreprise, du simple salarié au PDG: il n'est pas normal qu'un grand patron puisse toucher, en simple bonus (sous forme de stock options, d'actions gratuites ou autres), trois à quatre fois son salaire de base;
- limitation à 30% de l'ensemble des revenus perçus pendant l'ensemble de son mandat en guise de prime de départ pour un grand patron ayant fait progresser son entreprise: ainsi, finis les parachutes dorés, d'un montant colossal, distribués aux dirigeants qui ont coulé leur boîte;
- enfin, grande réforme fiscale qui entérine ces évolutions, le but étant de réduire l'impôt sur le revenu, dès lors qu'il serait impossible de gagner plus d'un demi-million d'€ par an, de moduler les impôts frappant les entreprises en fonction de leurs performances en terme de création d'emplois,d e protection de l'environnement...
 
Enfin (et ce sera ma conclusion), voici quelque extraits de réflexions menées par des auteurs, hommes politiques ou économistes, ayant réfléchi à la notion d'économie sociale et solidaire:
- dans un document intitulé "Economie sociale et solidaire et régimes de gouvernance", paru dans la "Revue internationale de l'économie sociale" (n°296, 2005), l'auteur, Bernard Enjolras, évoque la problématique de la gouvernance dans un nouveau système économique. Selon lui, cette problématique traduit un déplacement de l'attention, des modes de fonctionnement des organisations publiques vers les réseaux d'acteurs. Cet article s'attache dans un premier temps à montrer la convergence qui s'établit entre nouvelle gouvernance, valorisation du territoire et caractéristiques des organisations d'économie sociale et solidaire. Cette convergence doit cependant être relativisée. En effet, le concept de "régime de gouvernance", développé par l'auteur, permet de mettre en évidence une pluralité des modes de relation entre l'Etat et la société civile. Au regard de la typologie des régimes de gouvernance proposée, la « nouvelle gouvernance », qualifiée de régime de gouvernance partenariale, apparaît comme l'un des modes d'intervention de la puissance publique qui n'est pas nécessairement dominant;
- sur son site Internet, la communauté des acteurs de l'économie sociale et solidaire fait apparaître neuf thèmes de réflexion, qui sont autant de rubriques alimentant son action: la politique de la ville, la gérontologie, l'insertion et la formation, le handicap, la santé, l'économie solidaire, le social, la petite enfance, l'animation et la jeunesse. Neuf nouvelles priorités d'avenir?
- citons enfin l'ouvrage titré "Pour le tiers secteur, l'économie sociale et solidaire : pourquoi et comment ?", paru aux éditions La Découverte/La Documentation Française en 2001, qui constituait, à l’origine, un rapport destiné à la ministre de l'emploi et de la solidarité de l’époque, et dont l'objectif était d'analyser les possibilités de créer un "nouveau statut d'entreprise à but social". Ainsi, pour son auteur, le Vert Alain Lipietz, notre économie est devenue si puissante qu'elle ne reconnaît les individus qu'en tant que créateurs de valeur marchande. Il distingue alors l’économie sociale, se résumant aux mutuelles, coopératives et associations diverses dont l'origine remonte pour la plupart au XIXème siècle, de l’ économie solidaire, née des limites de l'économie sociale et qui peut se résumer ainsi : au nom de quoi on fait quelque chose. Dès lors, le tiers secteur apparaît comme une sorte de synthèse entre l'économie sociale et l'économie solidaire, comportant un aspect marchand qui fait de lui un marché exploitant les avantages de la mondialisation (échanges en fonction des préférences individuelles, enrichissement de l'acheteur et du vendeur), sans en avoir les inconvénients (exploitation du travail, échange inégal).
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H
Le G20 n'est gouverné que par les USA et la CHINE. Les autres pays ne sont que des sous fifres et que dire des 185 autres pays non représentés.
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A
<br /> Je n'en suis pas si sûr. Le couple franco-allemand, dès lors qu'il est sur la même longueur d'onde, peut influencer (ce qui n'est déjà pas si mal) les décisions prises en infléchissant ou orientant<br /> les projets du couple anglo-saxon USA-Royaume-Uni. De plus, l'attitude (que je pense sincère - mais peut-être me trompe-je) d'Obama va dans le sens d'un partage des responsabilités. Cependant, il<br /> est assez clair que les douze pays qui ont rejoint le G8 pour former le G20 n'ont que peu d'influence.<br /> <br /> Par ailleurs, vous soulevez un problème très intéressant: quid des 185 autres pays non représentés? Ceux pour lesquels on prend ces décisions. Ceux dont l'avenir se décide en partie entre les mains<br /> de quelques Grands puissants qui n'ont nullement l'intérêt de défendre les intérêts du Bostwana ou de la Gambie... C'est là le plus dramatique. On laisse, presque volontairement, cespays livrés à<br /> eux-mêmes, à des gouvernements peu démocratiques... et, de plus en plus, aux appétits de Pékin !<br /> <br /> J'espère que nous aurons l'occasion de reparler de ces sujets. En attendant, avez-vous voter au sondage de la quinzaine (dans la colonne de droite du blog)? C'est le moment où jamais de participer<br /> à cette enquête en répondant à cette question: faites-vous confiance au G20?<br /> <br /> <br />