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JES6 - Pour une France Juste, Ecologique et Sociale

Ce blog rassemble mes idées et constitue une modeste pierre pour bâtir une alternance en 2022.

Si j'étais premier secrétaire...

Depuis quelques temps, j'avais envie de consacrer un article à un sujet qui me semble essentiel, dans la vie politique française. Je n'en avais pas trouvé l'occasion jusqu'à aujourd'hui, en lisant un dossier sur le site Internet de Paris Match. Bien sûr, par curiosité, j'ai regardé la photo de Ségolène Royal, prise sur la Costa del Sol, avec celui qui semble être son "nouvel ami", d'après l'hebdo, qui y consacre sa "Une" cette semaine. Car, comme le dit si bien Anne Roumanoff, dans ses interventions dominicales chez Michel Drucker, "la vie privée des hommes politiques ne nous regarde pas du tout... mais nous intéresse beaucoup !". Peut-être pas au point d'y consacrer un article. Car, ce n'est pas de ce dossier dont je veux parler. Parmi les autres "reportages" de la semaine, l'hebdomadaire a choisi de traiter de ce "cumul des mandats [qui] fait loi au Parlement" avec, pour illsutrer l'article, une photo du député socialiste de Saône-et-Loire, Arnaud Montebourg, qui a la particularité d'avoir longtemps combattu cette pratique et qui est, depuis près d'un an maintenant, parlementaire ET président du Conseil général de son département ! Il faut dire que, d'après le site de Paris Match, "plus de 86 % des députés et 73 % des sénateurs, tous partis confondus, cumulent leur mandat parlementaire avec un ou plusieurs mandats locaux". Et le plus drôle est que, quelque soit le banc de l'Assemblée sur lequel ils sont assis (quand ils sont présents !), ces profiteurs (un exemple qu'un autre hebdomadaire, Marianne, a sans doute oublié d'intégrer au dossier qu'il consacrait à ce thème la semaine dernière) usent des mêmes arguments. Petit florilège: pour les uns, être parlementaire et avoir un mandat local permet d'avoir une vision plus complète des problèmes de la France (c'est ce qu'avance le champion du cumul, Jean Bizet, 61 ans, "sénateur UMP de la Manche, maire, conseiller général, vice-président d’une communauté de communes et, enfin, président du pays de la baie du Mont-Saint-Michel" !
 
Mais, pour d'autres, c'est l'esprit de sacrifice qui l'emporte: que voulez-vous, ces braves hommes (car il y a encore peu de femmes sur les rangs de nos assemblées) sacrifient leur vie de famille pour servir la patrie. Pas mal, non? Et certains vont même plus loin dans le lien politique/famille: cumuler, c'est ramasser de belles smmes d'argent, c'est disposer d'un parachute en cas de problème (se rabattre sur une mairie en cas de défaite aux législatives, par exemple) et mettre sa famille en déhors du besoin, tant qu'on y est? Et puis il y a ceux, République oblige, qui font élire leurs enfants dans des circonscriptions ingagnables pour l'opposition: citons l'exemple de Serge et Olivier Dassault, père et fils, respectivement sénateur et député UMP; ou encore Nicolas et Jean Sarkozy, père et fils, respectivement président de la République et conseiller général des Hauts-de-Seine (le poste qu'occupait papa il y a quelques temps... et pour lequel le valeureux fiston sacrifie se réussite dans ses études pour servir les Neuilléens). Ca donne envie de pleurer... Mais, nous nous écartons du sujet car, ces derniers exemples illustrent davantage l'esprit de famille que le cumul, Olivier Dassault et Jean Sarkozy n'étant, pour l'instant, pas des cumulards. Dans ce paysage politique, rares sont donc ceux qui s'opposent au cumul; ainsi le sénateur communiste du Val d'Oise, Robert Hue (qui vient de créer une nouvelle structure politique), ose-t-il affirmer: "Quand on est parlementaire et qu’on additionne les mandats, le temps manque pour siéger". Sans compter qu'en Sarkozye, avec la légère inflation législatrice, être parlementaire devrait demander du temps... à moins que le seul enregistrement des projets gouvernementaux ne suffise. Auquel cas, cumuler est une nécessité pour ne pas s'ennuyer !

 
Trêve de plaisanterie. La remarque de Robert Hue, qui achève l'article de Paris Match, touche le point sensible sur ce sujet. Et un exemple, pêché dans l'actualité, peut faire réagir: Victorin Lurel (photo), député socialiste de la Guadeloupe, en est également le président du Conseil régional. Je ne fais que poser une question: comment peut-on exercer ces deux mandats, si importants, alors que des milliers de kilomètres séparent Paris de Basse-Terre? Dès lors, quand on veut s'engager pour la défense de l'intérêt collectif et servir les électeurs qui vous ont élu, on doit, au contraire, consacrer tout son temps à une seule fonction pour la faire dans les meilleures conditions. Faire deux choses en même temps, n'est-ce pas le meilleur moyen de mal faire les deux? J'en suis d'autant plus persuadé que, dans le cas de nos parlementaires, ils sont rarement simple conseiller (municipal, général ou régional). Ils ont bien souvent, en tant que maire, la charge d'une ville parmi les plus peuplées de leurs circonscriptions, ce qui leur garantit une certaine "existence" au-delà de leur seule commune. Je me suis toujours demandé comment on pouvait gérer convenablement une ville de plus de 3500 habitants, présider les conseils municipaux, orchestrer l'action des adjoints, réaliser des permanences... et sièger au Palais Bourbon, en séance plénière et dans les commissions, tout en étant suffisamment présent auprès de tous les électeurs de la circonscription. A moins de sacrifier ses nuits, sa vie de famille, ses week-end entre amis, ses vacances, je ne sais pas comment faire... J'ai déjà, personnellement, eu bien du mal à remplir comme je l'aurais voulu mon mandat de membre du Conseil régional des Jeunes (CRJ) de Picardie. A moins d'un an des élections qui désigneront, en décembre, mon successeur dans cette instance, force est de constater qu'avec, ces deux dernières années, le concours de l'enseignement et l'année de stage qui suit, je n'ai pas été assez présent pour participer convenablement et activement à cette mission, évidemment passionnante !
 
Ainsi, si je devais un jour m'engager en politique, je n'accepterai jamais de cumuler ne serait-ce que deux mandats "basiques" (c'est-à-dire conseiller municipal ou régional sans autre responsabilité particulière), faute de quoi je devrais renoncer à mon emploi d'enseignant (ce que je ne conçois pas, pour le moment). Parce que je suis convaincu que le non cumul des mandats est sans doute une absolue nécessité pour notre démocratie (car il permettrait, avec de nouvelles règles institutionnelles, de faire progresser la place des femmes et des "minorités visibles" dans les instances de décision), je crois que le PS doit prendre des mesures drastiques. Si nous voulons être crédibles aux yeux des Français, il faut commencer par nous appliquer à nous-mêmes les beaux principes sur lesquels notre futur programme de gouvernement sera basé. Ainsi, si j'étais premier secrétaire du PS (ne rêvons pas !), avec pour mission de "rénover" le parti (celle que s'est assignée la nouvelle direction où les "royalistes" sont entrés cette semaine), je déciderais ceci: nul ne pourra être candidat bénéficiant de l'investiture socialiste aux deux prochains scrutins, européen et régional, s'il n'est pas déjà élu pour une autre fonction (en dehors de "simple" conseiller dans une instance municipale, départementale ou régionale) ou s'il s'engage à quitter une de ses deux fonctions en cas d'élection. Exemple: ne pourront être candidats aux européennes que les "simples" conseillers, ou d'actuels responsables s'ils quittent cette fonction (adjoint, vice-président d'un Conseil général ou régional) après leur victoire aux européennes. Histoire de permettre à ceux, battus en juin prochain, de conserver une responsabilité pour laquelle ils ont été élus. Par ailleurs, la direction du PS pourrait demander aux parlementaires de renoncer à leurs autres fonctions importantes (présidence d'un Conseil général ou régional, maire d'une commune de plus de 3500 habitants), faute de quoi des sanctions, à définir (car l'exclusion me semble un peu disproportionnée), seraient prises.
 
En conclusion, pour ce qui est de ma proposition de réforme de nos institutions, et plus particulièrement le statut de l'élu que je propose, vous pouvez consulter le deuxième point de ma première des "dix réformes pour avancer" (en consultation libre, dans la colonne de droite). Pour cela, cliquez ICI et, si vous souhaitez la commenter, postez un message ci-dessous (les commentaires des pages de ce type n'étant pas possibles). J'attends donc vos réactions !
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J
Salut Aurélien,Tout comme toi je déplore le cumul des mandats même si je dois avouer que cumuler un mandat de maire et de sénateur/député ne me déplait pas. Au delà de cette forme de cumul je suis totalement contre.Etre maire c'est être théoriquement au plus près des citoyens et être député/sénateur c'est justement de concrétiser ce que veut le citoyen en quelque sorte, ou du moins de préserver ses intérêts.
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A
<br /> Salut Jérémy,<br /> A priori, je serais plutôt d'accord avec toi. Mais, les principes, ce sont les principes. Et le cumul député-maire ou sénateur-maire me pose deux problèmes:<br /> <br /> - on peut parfaitement être parlementaire et être "au plus près des citoyens" en tenant des permanences et en étant, pourquoi pas, simple conseiller municipal dans sa ville;<br /> - le fait que tu utilises le mot "théoriquement" montre qu'il faut être méfiant: n'y a-t-il pas en effet un risque de voir un député-maire être plus attentifs aux problèmes de sa ville qu'à ceux du<br /> reste de sa circonscription? N'est-il pas préférable que le député d'une cirsconscription soit justement à l'écart de tout conflit d'intérêt, en étant juge et partie?<br /> <br /> Par principe, je suis donc opposé au cumul député-maire ou sénateur-maire, notamment pour les communes de plus de 3500 habitants qui ont besoin d'un premier magistrat vraiment disponible. Or, un<br /> parlementaire est censé être présent à Paris et dans un maximum de villes ou villages de sa cirsonscription !<br /> <br /> <br />