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JES6 - Pour une France Juste, Ecologique et Sociale

Ce blog rassemble mes idées et constitue une modeste pierre pour bâtir une alternance en 2022.

Nouveau sondage: Davos-Belem inconciliables?

Dimanche, c'est sondage. Voilà un possible slogan pour Jes6 qui, tous les quinze jours (voire toutes les trois semaines, pour les sondages que je considère parmi les plus intéressants), vous propose de donner votre avis sur un sujet d'actualité en n'ayant qu'à cocher une simple case. Et, ce dimanche, je clôture un sondage pour le remplacer par un autre: après celui sur les services publics du XXIème siècle, trois des cinq lecteurs à s'être prononcés (donc 60%) adhèrent à ma proposition, en considérant que "des services publics universels doivent être définis et ne peuvent, en conséquence, qu'être exercés par l'Etat (éducation, santé, armée, justice, police), en dépassant les fonctions régaliennes traditionnelles". Cette réponse, qui s'opposait à une autre proposition, plus libérale (qui considère, elle, qu' "un service public ne doit pas être systématiquement géré par une entreprise publique et peut être confié, dans tous les domaines, à une entreprise privée, liée à l'Etat par un contrat définissant ses missions"), reprend l'une des idées que j'ai eu récemment l'occasion de développer, à savoir la création de nouvelles fonctions régaliennes qui doivent, selon moi, rester dans le giron de l'Etat à travers des entreprises publiques dont des acteurs peuvent participer au capital (sous la barre des 33%, seuil de ce que l'on appelle une minorité de blocage). Cette proposition, j'en fais la base d'une nouvelle réflexion sur la nouvelle société que nous nous devons de construire, pour sortir au mieux de la crise que le monde traverse actuellement. De nouvelles règles et de nouveaux cadres nécessitent d'être mis en place et, plus ils seront éloignés de la logique ultra-libérale qui nous a conduit où nous sommes, mieux nous nous porterons. C'est mon avis !
 
Or, les principaux acteurs du monde d'aujourd'hui viennent de se réunir dans deux lieux bien différents, avec deux objectifs qui ne le sont pas moins. Alors que, des deux côtés, il s'agissait pourtant de réfléchir au monde de demain et à la tournure que la mondialisation va devoir prendre dans les prochaines décennies. Ces deux rendez-vous sont les forums économique de Davos (en Suisse) et social de Belem (au Brésil). Le premier, qui se réunit dans une station de ski plutôt chic, réunit dirigeants politiques et économiques qui, plus que jamais persuadés que le libéralisme est la seule solution, ont réaffirmé un certain nombre de principes: l'intervention directe de la puissance publique dans l'économie est impensable, son secours financier en revanche bienvenu tandis que la totale liberté doit être maintenue aux acteurs qui, par leurs compétences (dont on vient d'ailleurs de mesurer l'ampleur), sont seuls capables de maintenir le cap. Quant au second rendez-vous, qui n'est pas systématiquement annuel et qui se réunit chaque fois dans une ville (que les géographes sont presque seuls à savoir placer sur une carte) d'un de ces pays qui deviennent les porteurs d'un modèle de développement alternatifs, ces pays que l'on dit émergents et qui se bâtissent une réputation de puissance régionale, sorte de locomotive dynamique pour le continent auquel ils appartiennent. Après Porto Allegre, au début des années 2000, puis Nairobi en 2007, c'est donc à Belem que la huitième édition de ce Forum Social Mondial s'est tenu, dans ce petit port à l'embouchure de l'Amazone, en pleine Amazonie. Et, au cours de ce forum altermondialiste, réunissant essentiellement représentants de partis de gauche et syndicalistes, en plein coeur d'un continent qui a, depuis quelques années, basculé à gauche (dans toutes ses sensibilités, d'ailleurs) et qui, derrière l'argument d'un "monde meilleur" (auquel je suis personnellement attaché), se fixe un cap: parvenir à définir, par des mesures concrètes, souvent présentées comme des alternatives à la mondialisation libérale actuelle, une autre mondialisation, mettant l'économie au service du développement des Etats, profitant à tous les territoires et à l'ensemble de leur population.
 
Car, ce qui pose clairement problème aujourd'hui, c'est cette inégalité de la répartition des richesses, tant à l'échelle mondiale qu'à l'échelle des Etats. Or, c'est en revenant à des principes plus humanistes (qui placent notamment l'économie virtuelle, de la bourse, au service de l'économie réelle, qui profite à tous), en ne refusant pas le potentiel de développement qu'offre la mondialisation tout en en corrigeant les effets les plus pervers (que l'ultra-libéralisme des droites les plus décomplexées ne freine pas) que nous pourrons revenir à un monde de solidarité, de démocratie, de liberté et de paix... où chaque citoyen du monde se sent appartenir à une ambition collective qui le porte plus haut. Sans en faire une variable pour l'enrichissement de quelques-uns. Ceux-là mêmes qui se réunissaient donc à des milliers de kilomètres de là. Mais, et avant de vous laisser la parole, je veux réaffirmer une chose: il est bien évident que les patrons ne sont pas les grands méchants et les peuples du Sud les gentils opprimés (évitons les discours trop tranchés et manichéens !). La réforme du capitalisme, ou plutôt sa disparition au profit d'une mondialisation que l'on qualifiera d'humaniste, ne se fera évidemment pas sans eux. Mais pas uniquement avec eux, non plus ! Dès lors se pose une question: "lequel des deux forums, de Davos et de Belem, peut apporter la meilleure des solutions pour construire, collectivement, ce monde meilleur auquel nous aspirons?". C'est tout simplement la question que je vous pose donc, ce dicmanche, à travers le nouveau "sondage de la quinzaine". A vous de choisir parmi les cinq réponses proposées et, si vous en prenez le temps, de la justifier en postant un commentaire en cliquant sur l'onglet "Ecrire" au bas du sondage.
 
En guise de conclusion, je vous propose de lire le compte-rendu de Ségolène Royal, reçu via la newsletter de son réseau Désir d'avenir le 1er février dernier, et intitulé "Un autre monde possible est à portée de main". Compte-rendu que la présidente de Poitou-Charente a rédigé alors qu'elle se trouvait sur place, ayant choisi d'être à Belem pour montrer que la gauche franaçise pouvait participer à cette oeuvre collective de construction d'un autre monde. D'où son envie de rencontrer les dirigeants de la gauche locale, notamment le président brésilien Lula (photo), ici en compagnie de sa première ministre (officiellement "chef de la maison civile du Brésil") qu'il voudrait voir lui succèder lors de la présidentielle de l'an prochain. Voici donc les extraits de ce texte: "J'étais invitée au Forum social mondial de Belém la semaine où, en France, des centaines de milliers de manifestants ont clamé, eux aussi, leur colère et leur désir d'une alternative au système qui a plongé la planète dans une crise globale de civilisation (…) Ce qui se passe aujourd'hui confirme les mises en garde des altermondialistes. La tenue du forum aux portes de l'Amazonie, lieu emblématique des dangers qui menacent les équilibres écologiques de la planète, pose avec force cette question urgente: quel autre modèle de développement pour que la crise ne soit pas une catastrophe subie mais l'occasion de faire naître un ordre juste et de nouvelles règles morales ? Le président brésilien Lula l'a proclamé dans le meeting immense qu'il a tenu avec les présidents du Venezuela, de la Bolivie, de l'Equateur et du Paraguay: "Il semblait que les pays riches savaient ce qu'ils faisaient et que nous, nous étions incompétents. Aujourd'hui, c'est leur crise, pas la nôtre. Le dieu marché s'est écroulé faute de responsabilité et de contrôle." Une chose m'a frappée à Belém: il n'y a pas de barrière infranchissable entre ces trois composantes que sont la gauche de gouvernement, les mouvements sociaux qui luttent sur le terrain, et ce qu'on appelle en France l'extrême gauche (…) Ici, on s'écoute. Ici, on argumente. Des ONG de tous les pays, des militants politiques et syndicaux, des élus, des religieux engagés aux côtés des plus pauvres se retrouvent dans les forums dans le respect de leurs différences. Les jeunes sont massivement présents, le dialogue entre générations fonctionne, alliant transmission et rénovation de l'action politique (…) Ce pouvoir-là n'est pas déconnecté de la société. Et cette société sait que ses dirigeants comprennent ses difficultés et se battent, à l'écoute des citoyens, pour améliorer la vie de tous".

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