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JES6 - Pour une France Juste, Ecologique et Sociale

Ce blog rassemble mes idées et constitue une modeste pierre pour bâtir une alternance en 2022.

Quand la communauté internationale montre sa faiblesse

Depuis quelques jours, les annonces d'un cessez-le-feu imminent se multiplient. Un jour, le Hamas accepterait les propositions égyptiennes et se dirait prêt à un cessez-le-feu d'un an, renouvelable, sous conditions. Le lendemain, Israël affirme avoir atteint la plupart de ses objectifs et semble proche d'annoncer un cessez-le-feu unilatéral. Et, pendant ce temps, bombardements et tirs de roquette se poursuivent dans la bande Gaza et sur le sud d'Israël (photo). Avec son lot de morts (plus de mille depuis le début de l'opération "Plomb durci" côté palestinien) et de bavures qui, ces derniers jours, semblent plus nombreuses que les cibles atteintes. Hôpitaux, centres de l'ONU, immeubles de médias occidentaux, maisons privées de civils palestiniens sont la cible de tirs de l'armée israélienne. Laquelle les justifie, chaque fois, en affirmant qu'une roquette est partie du point touché. Sans que cette information ne soit vérifiable. Bref, l'engrenage de la mort inutile et l'enlisement d'une opération qui n'a plus de buts clairement identifiés, si ce n'est poursuivre l'anéantissement d'une zone susceptible d'abriter encore des combattants du Hamas, sont à l'ordre du jour dans cette région du monde. Et l'attitude israélienne qui, pour reprendre l'analyse d'un grand professeur spécialiste des conflits (qui donnait une conférence cette semaine à Saint-Quentin à destination des enseignants d'histoire), consiste à "assècher le lac pour prendre les poissons" (autrement dit, bombarder Gaza pour tuer les terroristes jusqu'au dernier, quels que soient les dommages collatéraux), montre aujourd'hui ses limites. Et c'est désormais l'image d'Israël qui est menacée, le gouvernement s'entêtant à rejetter toute proposition étrangère, en convoquant des conseils de sécurité dont on peut se demander s'ils servent à quelque chose puisqu'ils aboutissent systématiquement à la même réponse. Sans doute les politiciens du centre et de gauche pensent-ils ne pas en avoir encore suffisamment pour s'attirer la sympathie des électeurs.
 
Mais, comme dans tout conflit de cette ampleur et d'une telle complexité, rien n'est tout blanc ni tout noir. Et les propos de Nicolas Sarkozy, en marge de sa tournée dans la région, accusant à juste titre le Hamas de porter une lourde responsabilité dans la situation à Gaza (ce que les habitants de ce territoire comprennent bien), méritaient d'être prononcés. Histoire que les choses soient clarifiées. Et que les propos de responsables telle Leïla Chahid, représentant de la Palestine auprès de l'UE, soient clairement nuancés. Car, les accusations portées par cette dernière, qui accuse Israël de tuer volontairement des civils et de perpétrer un crime contre l'humanité (qui est inévitable, selon elle, lorsqu'une armée bombarde une zone si densément peuplée), apparaissent totalement excessifs. Elle en vient presque à soutenir le Hamas, en refusant d'y voir des terroristes qu'il faut combattre. Et en oubliant de dire que les civils palestiniens de Gaza sont de véritables boucliers humains dont usent et abusent les militants de ce mouvement. Et, ce tableau, plus nuancé, qui distribue les parts de responsabilité, en exonérant personne, les citoyens occidentaux se l'approprient enfin, comme le montre la multiplication des manifestations pour la Paix. Après une phase où pro-Israéliens et pro-Palestiniens défilaient pour soutenir une des deux parties, accusant l'autre des pires maux sans rien apporter de constructif, ce sont des défilés pour la fin des violences et la négociation entre tous les acteurs qui sont organisés. Car, ce temps où les représentants des Institutions Juives de France affirmaient, dans un élan qui puait le communautarisme, que les Juifs de France soutenaient sans nuance à 95% l'action des Israéliens, est heureusement révolu. Ce temps où des bandes de jeunes Maghrébins, dont le malaise est compréhensible, finissaient les cortèges pro-Palestine en cassant vitrines et forces de l'ordre, a cédé sa place à des attitudes bien plus intelligentes.
 
Et on ne peut que s'en féliciter. Que les opinions publiques expriment un sentiment de ras-le-bol, de voir cette région se déchirer si fortement et si continuellement, et qu'elles en appellent au respect mutuel et à la protection des droits fondamentaux de tous les êtres humains, sans distinction, fait plaisir à voir. Et, si je ne travaillais pas le samedi matin, j'aurais sans doute participer, pour la première fois de ma vie, à une de ces manifs, organisée dans les rues de la préfecture de mon département. Un défilé républicain, à l'appel de nombreuses organisations, y compris des partis politiques (du PC au parti de Mélenchon), qui vise à ne prendre parti pour aucune partie et à appeler les représentants de ces deux peuples, véritables victimes d'une guerre de soixante ans - et de l'instabilité quasi permanente de la région qui en découle -, à se mettre autour d'une table. Défilé qui doit également inciter nos dirigeants, nos diplomates et ministres occidentaux à s'activer bien davantage qu'aujourd'hui. Car, l'un des constats - alarmants - de ces semaines de conflit est simple: face à des problèmes si graves, la communauté internationale montre, s'il en été encore besoin, son inefficacité et sa faiblesse. Aucun des plans, des discours, des appels solennels à la paix, voire même des déplacements sur le terrain (de Sarko ou, plus récemment, de Ban Ki-Moon), n'ont semblé atteindre les acteurs du conflit. Un exemple parmi d'autres - qui illustre le problème Onusien -: la résolution prise par le Conseil de sécurité, la semaine dernière, a été enterrée avant même d'être votée par les responsables israéliens, tandis que le Hamas affirmait ne pas "se sentir concerné". Bref, la communauté internationale peine à se faire entendre et respecter. Sans compter que les Etats-Unis, à quelques jours du départ définitif de George W. Bush, ont été les grands absents alors qu'ils pouvaient justement pesé sur les décisions du gouvernement de Tel-Aviv.
 
Il est donc plus que temps que l'administration Obama se mette en place, et que les nouveaux diplomates américains s'activent pour règler le conflit moyen-oriental dans sa globalité. Ainsi, même s'il faut saluer la conférence internationale de Charm El-Cheikh, organisée demain par le président égyptien Hosni Moubarak, on ne peut que regretter qu'elle soit organisée dans cette période d'entre-deux américaine... deux jours avant la prestation de serment du nouveau président américain. Il est donc plus que probable que ce sommet, qui devrait constater l'ampleur des problèmes à régler dans l'après-guerre, ainsi qu'un cessez-le-feu israélien que le Hamas refusera d'entériner faute de "garanties" (sic), ne parvienne à aucune décision... en attendant, peut-être, d'après les dernières rumeurs, un sommet de plus grande ampleur à Jérusalem. Trois semaines après le début de l'offensive, la phase politique va enfin pouvoir commencer: en espérantsincèrement qu'elle aboutisse !
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