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JES6 - Pour une France Juste, Ecologique et Sociale

Ce blog rassemble mes idées et constitue une modeste pierre pour bâtir une alternance en 2022.

Au-delà du PS, c'est toute la gauche qui doit se reconstruire !

Tout le monde déplore le spectacle qu'a donné de lui le Parti socialiste ces dernières semaines (comme la presse européenne qui, après avoir dit de la droite française qu'elle est  la "plus bête du monde", qualifie la gauche française comme la "plus folle du monde" - Le Soir à Bruxelles). Et, pourtant, c'est sur ce sujet que les débats sont les plus intenses, que ce soient dans la blogosphère ou dans les médias où, on le constate aisément, le sujet a finalement passionné les commentateurs et la plupart de ceux qui s'intéressent à la vie politique. Il faut dire que des débats aussi passionnés, des tractations basées sur des divergences de fond et sur des ambitions présidentielles, il n'y en a pas souvent en France: et, contrairement à l'UMP (où les ambitieux agissent en coulisse pour occuper telle ou telle place, en se rapprochant du "prince"), le PS a aussi offert un vrai moment de démocratie, avec l'affrontement de deux visions et le choix final par les militants du nouveau Premier secrétaire. Certes, le vote de la semaine dernière a ajouté de la confusion à la division en mettant à égalité les deux prétendantes, Martine Aubry (finalement vainqueure, avec une centaine de voix soit 0,1% du total) et Ségolène Royal, représentantes de deux courants de pensée qui, malgré les récents appels à l'unité et à la collaboration, se distinguent sur un certain nombre de points. La phase de désignation et les menaces d'action en justice étant maintenant terminées, je souhaite donc revenir sur cette actualité en vous proposant une sorte de bilan de toutes les positions que j'ai eu l'occasion d'exprimer notamment sur le blog de Jacques Heurtault (où je vous invite à lire - ou relire - l'article le plus passionné - comptant, à ce jour, rien de moins que 36 commentaires associés, en cliquant ICI).

 

Avant toute chose, j'aimerais vous faire profiter des prises de position de deux personnes, commentateurs de la vie politique et de l'actualité françaises. D'un côté, invité de France Info en milieu de semaine, l'humoriste Patrick Timsit commentait l'actualité du PS ainsi: "Le PS, c'est comme un couple et j'ai envie de hurler: "séparez-vous et arrêtez de parler d'union". Visiblement, l'union, ça ne marche pas. Le PS, c'est un peu comme un couple qui reste pour les enfants; là, ils restent ensemble pour les adhérents. On veut leur faire plaisir et pourtant ils ne s'aiment plus. Alors, je veux leur dire: "fâchez-vous, séparez-vous et l'union, elle reviendra toute seule après". Ce qui devient, à la Une du Canard Enchaîné de cette semaine: "Divorce au PS: qui va garder les militants?". Il est clair que, comme je le répète depuis quelques jours, la meilleure des solutions serait un éclatement du PS qui laisserait place à deux nouveaux partis, dirigés par deux leaders légitimes et incontestés et qui permettraient à toute la gauche de ses reconstruire. Car, le constat est simple: depuis 2002, et la défaite dès le premier tour de Lionel Jospin, on regrette cet émiettement de la gauche française lors des grandes élections nationales, qui sont les plus importantes puisqu'elles dotent notre pays de son gouvernement. Alors quà droite, l'UMP a fait la synthèse du RPR et de Démocratie libérale, en faisant des anciens partis des courants d'un nouveau gros ensemble représentant une sensibilité claire dans laquelle leurs électeurs peuvent se retrouver, la gauche reste éparpillée. Or, rassembler tous ceux qui partagent la même vision du monde et de l'Europe, pour qu'ils construisent un projet cohérent et lisible pour les Français est une absolue nécessité: c'est ce qu'a compris Olivier Besancenot, lequel a voulu profiter de sa force électorale (en étant le seul représentant de l'extrême-gauche à progresser entre 2002 et 2007 à la présidentielle), pour créer un grand parti anti-capitaliste rassemblant la LCR, certains communistes, et peut-être des adhérents de Lutte Ouvrière ou du Parti des Travailleurs, ainsi que de nouveaux militants qui prennent leur carte pour la première fois car ils veulent faire de la politique autrement et espérer être entendus.

 

Et, plutôt que faire cette proposition, le PS repart sur une nouvelle volonté de synthèse, basée sur le projet soutenu par tous ceux qui n'ont pas eu le courage et la clairvoyance de le rénover plus tôt. Et cette situation, c'est une aubaine pour Jean-Pierre Gauffre, dont j'ai déjà évoqué la chronique quotidienne sur France Info, intitulée "Il était une mauvaise foi". Lundi, à la veille de la réunion du Conseil national du parti, cela donnait: "Ce week-end, on avait des amis à la maison. Alors, bien sûr, il fallait faire des courses: je suis allé au marché et comme toujours, j’ai passé pas mal de temps devant le stand des fromages, parce que c’est toujours très délicat de choisir… On hésite, on se tâte, on va faire un tour, on revient… Bon, au final, j’hésite entre un chabichou du Poitou et un Vieux Lille. Le chabichou, c’est connu, c’est de la chèvre, c’est frais, ça peut agacer légèrement le palais, ça ne plaît pas toujours à tout le monde, mais c’était ce que me proposait le fromager. A côté de ça, le Vieux Lille, c’est pas pareil: c’est un fromage qui connaît une certaine notoriété depuis « Bienvenue chez les Ch’tis », c’est un grand cousin du maroilles. C’est trapu, musclé, 35 heures pour la fabrication, 35 jours de fermentation, 35 semaines pour faire partir l’odeur dans le frigidaire… Je reconnais que le choix n’est pas évident, parce que ce sont deux fromages tout de même très différents. Alors, qu’est-ce que j’ai fait ? Très simple… Comme y avait beaucoup de monde devant et derrière moi, je me suis fait mon petit sondage personnel dans la file d’attente, pour savoir si les clients étaient plutôt chabichou ou plutôt Vieux Lille… Les gens sont gentils, ils m’ont répondu sans problème: je notais sur un petit papier, au fur et à mesure, pour ne rien oublier. Eh bien, à l’arrivée, vous me croirez où pas, c’était 50-50… Enfin, pour être très précis, c’était 50,02 % pour le Vieux Lille. Mais je n’étais plus tellement sûr de moi, alors j’ai recompté. Surtout qu’entre temps, dans la file d’attente, il y avaient des clients qui revenaient me voir, en me disant qu’ils s’étaient trompés en me répondant. Enfin, ça devenait très compliqué… A tel point que j’étais à deux doigts de lâcher l’affaire, ce qui plaisait pas du tout au fromager, parce que du coup, il y a des clients qui commençaient à se battre devant le stand, parce qu’ils préféraient l’un plutôt que l’autre. Ca devenait surréaliste et totalement ridicule… Du coup, le fromager m’a dit : écoutez, vous prenez les deux, le chabichou et le Vieux Lille, je vous en fais cadeau. Et ce que vous pouvez faire, c’est une fondue, avec les deux fromages. C’est original, vous verrez, ça s’appelle une fondue de synthèse. C’est ce que j’ai fait: ben, je peux vous dire que c’est pas terrible… J’ai même des copains qui m’ont dit que c’était un truc à les dégoûter du fromage pour le restant de leurs jours…".

 

Dès lors, que faut-il faire? Commencer par écouter les Français, entendre ce qu'ils nous disent et prendre des décisions en conséquence. Car, si la politique consiste à rendre des arbitrages pour préserver l'intérêt général, cela suppose aussi d'être à l'écoute et de se faire le relais de leurs attentes. Or, pour être efficace, selon moi, la gauche doit être lisible avant d'être audible: à la place des cinq ou six partis (PRG, MRC, Verts, PS, PCF...), sans compter le nouveau mouvement que s'apprête à lancer Jean-Luc Mélenchon (qui va donc rajouter de la confusion à la confusion !), créons deux grands partis, l'un clairement à gauche (rassemblant des communistes en perte de vitesse, l'aile gauche du PS, tous ceux des petits partis qui se reconnaîtraient dans cette ligne et tous ceux de nos concitoyens qui seraient alors prêts à s'engager pour défendre autre chose que al synthèse molle !), l'autre au centre-gauche (une sorte de parti social-humaniste, regroupant l'aile droite du PS, certains écologistes, radicaux, voire les militants du MoDem ainsi que ceux de nos concitoyens qui pourraient s'engager dans ce nouvel ensemble). En travaillant dans ce sens, les responsables politiques de gauche permettraient aux Français "de gauche" d'avoir le choix entre deux lignes différentes mais complémentaires, au premier tour d'une élection majeure, avant que les deux entités ne se rassemblent au second tour, derrière le leader le mieux placé et autour d'un projet de gouvernement (fait de concessions et de compromis, qui sont, selon moi, la base d'une politique réussie - contrairement aux vérités toutes faites de notre actuel président qui n'admet jamais avoir tort !). Et si j'en crois le forum que France Info a ouvert aux auditeurs sur l'avenir du PS (forum qui a explosé le nombre de participations), nombreux sont ceux qui souhaitent cette clarification de la partie gauche de l'échiquier politique. Regardons la réalité en face, soyons pragmatiques: une gauche bipolaire, prête à gouverner ensemble au-delà de ses différences, en faisant de ses valeurs et de ses points communs, le moteur pour reconquérir le pouvoir, voilà ce qu'il faudrait faire à présent.

 

Mais cette rénovation, certes audacieuse, mais qui aurait sans doute davantage de chance de produire des résultats (ce qui, compte-tenu de ce qui s'est passé ces six dernières années, semble à portée de main !), encore faut-il la vouloir. Or, dans le cas du PS, ce grand parti d'élus, qui contrôle nombre de collectivités locales, la possibilité d'un éclatement semble la moins probable. Ces élus, légitimement accrochés à leurs fauteuils - qu'ils veulent préserver pour ne pas les laisser à la droite -, ne voudront pas que cette machine électorale qu'est le PS explose. Il faudrait donc espérer, comme je l'écrivais sur le blog de Jacques, que "les hommes (et femmes) politiques concernés soient prêts à renoncer provisoirement à leurs postes ou à leur réelection pour construire deux nouvelles machines électorales, qui repartiraient de zéro, tout en gagnant en cohérence et en efficacité... au service des Français !". Et c'est donc loin d'être gagné !...

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