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JES6 - Pour une France Juste, Ecologique et Sociale

Ce blog rassemble mes idées et constitue une modeste pierre pour bâtir une alternance en 2022.

Un socialisme d'alternative

J'ai décidé de rédiger cet article hier soir alors que Jean-Marc Ayrault, patron des députés socialistes, affirmait que ses troupes n'allaient pas faire obstacle au plan européen de sauvetage des banques, laissant entendre que le groupe pourrait voter "pour" le texte examiné cet après-midi. C'était donc avant que les députés PS ne décident de s'abstenir au moment de vote, manière de ne pas avoir à voter "pour" (comme si cela signifiait soutenir la politique du gouvernement, comme l'a dit Pierre Moscovici dans l'hémicycle) ni à voter "contre" (ce qui aurait signifier une opposition à un plan qui paraît nécessaire). Cette voie du consensus mou, qui n'a le courage ni de s'opposer clairement (comme ont décidé de le faire Verts et communistes) ni d'approuver le plan trouvé par le président de la République (sous prétexte que les socialistes sont dans l'opposition), me désole. Et, pour une fois, je partage l'analyse de Jean-François Copé qui disait, cet après-midi au palais Bourbon, qu'il aurait préféré voir les socialistes voter "contre" en proposant une alternative, cette abstention masquant un accord sur le fond étant incompréhensible. A croire que les principaux responsables socialistes, qui veulent réapparaître crédible aux yeux des Français, n'ont pas compris que l'unité nationale, tant voulue par le Premier ministre, pouvait être pertinente en ce qui concerne la manière d'éteindre l'incendie et de protéger nos institutions bancaires. A croire que ces dirigeants, qui veulent faire preuve de "responsabilité", n'ont pas compris que la fracture gauche-droite sera plus qu'éclatante au moment de sortir de la crise et de reconstruire un nouveau modèle économique. Unité aujourd'hui, combat politique demain. C'est la ligne qui aurait dû être la leur.

En effet, voter "pour", ce n'était pas seulement faire un cadeau à Sarkozy, à quelques semaines de leur Congrès, mais c'était aussi valoriser un plan qui remet l'Etat et l'Europe sur le devant de la scène économique... et, pour ne pas tomber dans le piège politicien, Manuel Valls pourrait bien voter "pour" ce soir. Par conviction. Parce qu'il veut défendre l'idée que le PS doit être cohérent et doit montrer aux Français qu'il compte dans ses rangs des hommes d'Etat, capable de prendre des décisions préservant l'intérêt général et mettant de côté les querelles qui caactérisent la politique depuis si longtemps. Et, en effet, on ne peut pas vraiment le nier, le plan de Nicolas Sarkozy est une réussite. D'une part, parce que contrairement au plan Paulson et aux multiples apparitions télévisées de George W. Bush, le plan europén (décidé dans le cadre de l'€urogroupe) et la conférence de presse des dirigeants des pays concernés ont eu un impact clair sur les marchés boursiers: +11% pour le CAC40 hier et +12% (plus forte hausse de son histoire) pour le Nikkei japonais ce matin. Et voilà donc que l'Europe apparaît comme une puissance économique capable d'influencer la planète financière ! D'autre part, parce que le plan annoncé semble équilibré: alors qu'individuellement, les Etats s'engagent à renflouer les banques en difficulté à hauteur de plusieurs milliards d'€uros, le président en exercice de l'UE a voulu conditionner cette aide, les banques ainsi épaulées devant ensuite verser des intérêts et prendre des engagements "éthiques".

Et même si cela peut sembler de belles promesses d'une moralisation future (et idéaliste?) du capitalisme, il s'agit d'un pas symbolique qu'à mon avis les socialistes auraient du soutenir. Et, dans la mesure où ce plan met en avant quelques bases du projet socialiste (un Etat revalorisé qui intervient pour fixer des règles, une Europe économique mais aussi politique et sociale...), les socialistes auraient pu jouer une carte sans doute plus intelligente, en approuvant ce plan puis en marquant leur différence sur, le feu étant éteint, la manière de reboiser... Et cela, Ségolène Royal le propose. La présidente de Poitou-Charente, invitée du "Grande rende-vous" sur Europe 1, avec Le Parisien, hier matin, a fait six propositions concrètes pour répondre à la crise économique et financière. Ce socialisme d'alternative, qui critique sans refuser d'approuver ce que la majorité fait bien (c'est ce que disait M. Valls sur le plateau de "13h15 le dimanche" il y a deux jours), et qui avance des propositions, est un socialisme qui peut réussir à revaloriser la parole politique et à bâtir une société différente de celle que le sarkozysme construit depuis plus d'un an. Reçues par mail, voici les six propositions - que je vous invite à commenter - de l'ex-candidate du PS à la dernière présidentielle:
 


1. Créer un ministère franco-allemand de l’économie préfigurant un futur gouvernement économique de la zone euro. La crise actuelle démontre en effet la nécessité d’une politique économique européenne forte et d’un plan de relance à l’échelle de l’Union. Ce ministère serait en particulier chargé de créer les conditions d’une croissance verte en investissant dans les technologies environnementales.
2. Agir pour le pouvoir d’achat en révolutionnant la fiscalité française. Fusion de la CSG et de l’impôt sur le revenu et suppression d’une partie (20 milliards) de niches fiscales, qui permettraient par exemple de redistribuer 1 000 euros à 20 millions de familles, sous forme de baisse d’impôts.
3. Pour soutenir et accompagner les entreprises dans leur développement, constituer une véritable banque publique. Constatant les insuffisances actuelles d’Oséo, cette banque serait adossée à la caisse des dépôts et consignations. Elle accorderait des crédits de court terme (trésorerie) et de long terme.

4. Imposer à l’ensemble des acteurs financiers le respect de la réglementation dite de Bâle 2.
Cette réglementation qui contraint les banques à détenir un euro de fonds propres pour 12 euros de crédits ne s’applique pas aujourd’hui à un certain nombre d’acteurs, notamment les fonds spéculatifs.
5. Agir contre les paradis fiscaux. D'une part, engager une réflexion collective au sein de l’union européenne ; d’autre part, interdire aux fonds et aux banques domiciliés dans les paradis fiscaux d’investir sur les marchés de l’Union européenne;
6. Contraindre les banques à conserver dans leurs bilans les créances qu’elles revendent aujourd’hui à d’autres acteurs financiers. La  crise actuelle est en effet le résultat pour une large part de la « titrisation ». Cette réforme devrait être faite dans l’Union Européenne et dans les pays du G7.

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