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JES6 - Pour une France Juste, Ecologique et Sociale

Ce blog rassemble mes idées et constitue une modeste pierre pour bâtir une alternance en 2022.

PS: en route vers le Congrès !

Ce sont donc finalement six motions qui ont été déposées par les différents contributeurs au débat interne du PS en vue du congrès de Reims, de novembre prochain. L'examen de chacune de ces motions permet de parvenir à une conclusion majeure: même si un conflit de personnes pourrait finalement faire la une des médias (entre les trois principaux prétendants que sont Bertrand Delanoë, Martine Aubry et Ségolène Royal), plusieurs lignes apparaissent. Le PS apparaît comme un agglomérat de courants de pensée, qui accordent une place plus ou moins importante aux valeurs de gauche et qui, surtout, se distinguent par les stratégies d'alliance qu'elles préconisent. Comme le soulignait le maire de Paris, le PS n'a rien d'une UMP, qui suit son chef sur une ligne que fixe ce dernier. Et, même si les militants finissent pas choisir l'une de ces lignes, pour en faire la principale ligne directrice du parti pour les prochaines années, il n'en demeure pas moins que ce sont les stratégies d'alliance, avec la gauche ou le centre, qui devraient être au coeur du choix final, dans la mesure où le PS ne peut pas réussir à construire un projet alternatif fiable tout seul. De la présentation de ces six motions, dont les textes devraient être disponibles sur le site officiel du PS en fin de semaine, on peut tirer plusieurs conclusions.

1- avec la motion du maire de Paris, Bertrand Delanoë, c'est la renaissance du courant jospiniste: la plupart des proches de l'ancien premier ministre, ceux du premier cercle, qui ont participé de près ou de loin à son gouvernement, et qui partage sa vision du pouvoir et du monde, ont décidé de soutenir celui qui est présenté comme le favori des sondages. Ce dernier, particulièrement populaire auprès du petit peuple de gauche - comme le fut Ségolène avant la présidentielle -, a pour lui son bilan de maire de Paris: sachant prendre les décisions les moins populaires, qui lui semblaient les plus efficaces (à l'image des couloirs de bus), il a affronté la critique avant d'être réélu sans entrave par des Parisiens, au final, satisfaits. Son point faible? Bénéficier de l'appui du premier secrétaire sortant, François Hollande, qui représente, par sa théorie du "consensus mou" - qui privilégie l'entente sur le minimum plutôt que l'affrontement des idées -, la partie la plus centriste du parti. Ne pas faire table rase du passé, en s'alliant à ceux qui ont joué un rôle dans les deux derniers gros échecs nationaux, est devenu le mot d'ordre d'un Delanoë qui se veut rassembleur... et qui pourrait, en fait, avoir du mal à y parvenir.

2- certains commentateurs ont, à l'annonce des différentes motions, considéré qu'il s'agissait d'une nouvelle victoire des plus anciens socialistes, pas seulement des éléphants, sur les jeunes loups, ces quadras ambitieux qui portent le renouvellement, notamment générationnel. Sauf qu'à y regarder de près, la plupart de ces jeunes socialistes (Manuel Valls, Vincent Peillon et Julien Dray), qui n'ont pas tous été ministres, et qui sont des députés-maires à l'action reconnue, soutiennent la même motion. Celle de Ségolène Royal. L'ancienne candidate à la présidentielle a présenté son texte comme un outil pour le débat d'idées, considérant qu'il n'y avait pas un premier signataire, mais une équipe de vingt premiers signataires. Jouer collectif, défendre une vision et des idées plutôt que de se disputer les places, c'est aussi ce que souhaite Bertrand Delanoë, dont les derniers soutiens sont venus à lui sans négocier des places. Pierre Moscovici a ainsi, à la dernière minute, rallié le clan du maire de Paris, semblant refuser la proposition de la présidente de Poitou-Charente qui lui aurait proposé le poste de premier secrétaire, sorte d'assurance d'être premier ministre si elle l'emportait en 2012 (comme le député du Doubs le souhaitait d'ailleurs).

Dernier rallié à Ségolène Royal, le député de la Nièvre et animateur du courant rénovateur, Gaëtan Gorce a expliqué son choix dans une interview accordée à LCI. En voici les principaux extraits: " Ma préférence aurait été d'aller jusqu'au bout d'une démarche que notre contribution avait formalisé. Malheureusement, beaucoup de ceux qui souhaitent la rénovation du parti n'ont pas réussi à s'entendre directement et ont choisi d'autres  chemins. Donc je rejoins la motion qui est la plus proche des convictions que je défends depuis dix-huit mois, c'est-à-dire la motion de Ségolène Royal, de Gérard Collomb, de Manuel Valls et de Vincent Peillon. C'est la motion qui est la plus proche de la volonté de renouvellement, un renouvellement générationnel, politique et démocratique dont le PS a besoin aujourd'hui. Je ne peux pas me retrouver dans une démarche soutenue par celles et ceux qui portent la responsabilité de la situation dans laquelle se trouve notre parti aujourd'hui. Deux choses sont importantes : que le PS assure sa mutation à la fois idéologique et organisationnelle. Sur le plan idéologique, il ne s'agit pas de ne plus être un parti de gauche mais de devenir  le parti de la gauche d'aujourd'hui (…) Dans la motion, les choses sont dites de manière à lever toute ambiguïté. [Le PS] doit être prêt à travailler avec tous ceux qui veulent préparer l'alternative à la droite (…) J'ai beaucoup d'estime et de sympathie pour Bertrand Delanoë. Il aurait été d'ailleurs souhaitable que lui et Ségolène Royal s'entendent car leur ligne politique est assez proche. Si l'un et l'autre reportaient à plus tard le choix du candidat à la présidentielle, ce serait une base de compromis futur possible. Mais si je n'ai pas rejoint la motion de Bertrand Delanoë, c'est que je ne peux pas me retrouver sur la même motion que la direction actuelle du PS dont je combats la stratégie depuis 18 mois car elle empêche la rénovation (…) L'idéal aurait été qu'autour de Pierre Moscovici puisse se fédérer tous ceux qui incarnent la relève. Cela n'a pas été possible. Donc je crois que la plupart d'entre eux sont plutôt maintenant du côté de Ségolène Royal.  On y retrouve de nombreux jeunes parlementaires et d'autres qui peuvent présenter une relève car ils n'ont pas occupé de poste de responsabilité jusque-là. Ségolène Royal veut incarner une démarche politique plutôt qu'une démarche de soutien à  telle ou telle personnalité. [Parce qu’]elle est la seule qui s'exprime d'une manière claire et nette, elle reste une valeur forte pour le PS ".

3- la troisème voie, incarnée par la maire de Lille qui, après une période de silence national lié à son échec aux législatives de 2002, se remet en selle avec l'ambition de devenir premier secrétaire du PS. Et la ligne de Martine Aubry est claire: elle est de ceux qui ne veulent pas que la gauche ait honte d'être à gauche, comme dirait Olivier Besancenot, à tel point que l'ancienne ministre du gouvernement Jospin continue de défendre - c'est son droit - les 35 heures qu'elle a contribué à mettre en place, considérant que les bienfaits de la mesure dépassent les effets négatifs que cette loi a engendré dans le monde économique. Sur cette base, les propositions de Mme Aubry sont proches de l'aile gauche du PS, sa capacité à rallier certains proches de Dominique Strauss-Kahn et ceux de Laurent Fabius le montrant. Ce dernier, ne voulant pas user ses cartouches avant la désignation du candidat aux présidentielles de 2012, ne s'est pas lancé dans la bataille... laissant la voie à la maire de Lille qui, pour défendre sa motion, utilise les mêmes arguments que ceux de Benoit Hamon (photo), lui aussi candidat pour devenir premier secrétaire. Faisant le constat d'un monde en crise (financière et écologique notamment) et d'un libéralisme en faillite, les deux prétendants évoquent le rôle majeur qu'a à jouer l'Etat pour la redistribution plus équitable des richesses. Bref, renouer avec la base du socialisme pour bâtir une "gauche décomplexée".

4- enfin, il y a ces deux petites motions qui, a priori, n'ont aucune chance de s'imposer. Et paradoxalement, alors qu'on critique le fait que les personnalités se livrent à une guerre des chefs, c'est l'absence de personnalités de premier plan pour porter ces deux motions qui pourraient expliquer ce manque d'intérêt des Français, et surtout des médias, pour les contributions des mouvements "Utopia" et "Pôle écologique". Mais quoi de plus normal lorsque leurs signataires déclarent - et ils ont raison - vouloir privilégier le débat d'idées. Ainsi, le premier décline l'alliance du socialisme (qui remet en cause le système capitaliste et s'attaquent au trois dogmes de la croissance, de la société de consommation et de la dmination de la valeur travail), de l'altermondialisme (en proposant la régularisation de tous les sans-papiers) et de l'écologie (en appelant à la sortie du nucléaire). Quant au second, il préconise de jouer la double carte de l'écologie et du social, considérant que les urgences écologiques et sociales, auxquelles le monde est aujourd'hui confronté, doivent trouver au plus vite des réponses concrètes et combinées. A cela s'ajoute, pour ses défenseurs, un renouveau démocratique par lequel le PS s'appliquerait à lui-même ce qu'il préconie, notamment en terme de cumul des mandats. Ce qui, de fait, ne serait pas de trop !
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