Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
JES6 - Pour une France Juste, Ecologique et Sociale

Ce blog rassemble mes idées et constitue une modeste pierre pour bâtir une alternance en 2022.

Sur les côtes de la Manche, rien ne change

C'est un rapport de la Coordination Française pour le Droit d'Asile (CFDA) qui l'affirme: six ans après la fermeture du centre de Sangatte, par le nouveau ministre de l'Intérieur de l'époque, un certain Nicolas Sarkozy, la situation des migrants se trouvant sur les côtes françaises de la Manche n'a pas changé. Le constat est double: d'une part, sur place, la fermeture n'a rien réglé et a même aggravé la situation; d'autre part, dans ce nouveau contexte, les droits des exilés sont moins bien respectés qu'auparavant. Co-auteur du rapport sur la situation des exilés dans la région de Calais, Karen Akoka explique, dans une interview accordée à Alexandre Fache et publiée sur le site de l'Humanité, les grandes lignes de son texte. Extraits:

" [Cette enquête] est née d’une volonté de plusieurs organisations qui composent la Coordination française pour le droit d’asile de rétablir la vérité sur la situation de ces exilés. En 2002, quand Nicolas Sarkozy a fermé le camp de Sangatte, il a dit : « J’ai réglé le problème… » Or, la fermeture de ce camp et la multiplication des contrôles n’ont fait que rendre invisible un problème qui persiste bel et bien. Les exilés sont désormais éparpillés sur tout le littoral, dans les villes, mais aussi sur les aires d’autoroutes ou dans des espaces en marge, là où l’État souhaite les maintenir. Cela mobilise des forces de police importantes (pas moins de 500 fonctionnaires), un centre de rétention a même été ouvert sur place ; quant à la sécurisation du port de Calais, elle coûte plus de 12 millions d’euros par an. Une panoplie de moyens qui n’a qu’un seul objet : la répression.

(...) Ce n’est pas parce qu’ils n’ont pas de papiers qu’ils n’ont pas de droits : hébergement d’urgence, accès aux soins, demande d’asile et prise en charge des mineurs font théoriquement partie de ces droits fondamentaux. Or, notre enquête sur le terrain montre que ces quatre droits sont bafoués quotidiennement. [Le règlement di "de Dublin"] prévoit que les migrants ne peuvent demander l’asile que dans un seul État européen, et pas dans celui de leur choix, mais dans celui par lequel ils sont arrivés en Europe, aux frontières sud et est de l’Union. Donc, dans des pays qui n’ont pas forcément des infrastructures suffisantes, ni une réelle tradition d’accueil. Et même dans les pays qui ont cette tradition, comme la Grèce par exemple, le taux de reconnaissance du statut de réfugié est très faible, 0,04 % en Grèce (contre environ 20 % en France). Les migrants poursuivent donc leur route jusqu’à Calais, avec pour objectif l’Angleterre".

Elle explique ensuite ce choix de l'Angleterre: "Certains [migrants] y ont déjà de la famille et parlent anglais. Ces migrants ne sont pas les plus pauvres des pauvres : ils sont souvent issus des classes moyennes, espèrent pouvoir continuer des études… L’Angleterre a aussi la réputation d’avoir une procédure d’asile plus simple - ce qui n’est plus vraiment le cas aujourd’hui. Les migrants pensent aussi pouvoir y trouver plus facilement du travail au noir. Beaucoup, enfin, ne choisissent pas l’Angleterre en tant que telle : c’est juste leur dernière chance, la fin d’un périple au cours duquel ils n’ont pas trouvé, auparavant, la protection, le refuge nécessaire pour reconstruire leur vie.

Enfin, à la question de savoir quelles sont les recommandations de son rapport, elle répond: "La première, c’est la révision du règlement de Dublin. Les exilés doivent pouvoir choisir le pays dans lequel ils souhaitent déposer leur demande d’asile. La procédure doit également être améliorée, et les droits élémentaires (hébergement, soins…) des migrants doivent être respectés. Un effort particulier doit aussi être fait pour les mineurs, les dispositifs les concernant étant totalement saturés. Enfin, le harcèlement policier, qui n’a pour but que de les user, doit cesser".

On pourrait ajouter qu'une harmonisation des conditions d'asile pourrait être envisagé au niveau européen: alors que Sarko a déjà eu l'occasion de dire, à juste titre, qu'aucuen lutte efficace contre l'immigration clandestine ne pourra se faire en dehors du cadre européen, ne serait-il pas pertinent d'harmoniser les conditions d'accueil, de déclaration d'asile ou de naturalisation des étrangers présents sur le sol européen? Il faudra là une vraie volonté politique... Et, n'hésitez pas à laisser vos points de vue en postant un commentaire, pour que ce sujet soit une nouvelle occasion de débat sur Jes6.
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article