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JES6 - Pour une France Juste, Ecologique et Sociale

Ce blog rassemble mes idées et constitue une modeste pierre pour bâtir une alternance en 2022.

Réforme des armées: les militaires mécontents

Aujourd'hui était un grand jour pour l'armée. Parce que l'une des promesses de Nicolas Sarkozy, celle de réformer la Grande Muette, notamment en faisant des économies de postes (comme dans l'Education nationale), est sur le point d'être achevée: après le Livre blanc, révélé par le chef de l'Etat et des armées en juin, c'est la liste des sites militaires (casernes -photo-, bases aériennes ou navales) appelés à disparaître dans les trois ans à venir qui était dévoilée par le premier ministre à Matignon. L'armée n'ayant pas vocation à aménager le territoire, ce sont 83 sites qui fermeront leur porte sur tout le territoire national, DOM-TOM compris, tandis qu'une trentaine d'autres, ne correspondant pas à des suppressions d'emplois, seront transférés d'une ville à l'autre. Cette réforme, mal vécue par les élus locaux dans la mesure où elle vide des communes déjà économiquement sinistrées (dans le nord et l'est de la France notamment) d'une part importante de leur population. Des commerces seraient menacés alors que, bien souvent dèjà, d'autres services publics ont été supprimés ou reconcentrés vers des villes de plus grande taille: aux bureaux de Poste et gares SNCF s'ajoutent parfois des classes de maternelle ou d'école primaire quà chaque fin d'année, au moment des inscriptions, les maires essaient de conserver. Au-delà de ces considérations territoriales, la réforme des armées, c'est aussi la recherche d'un gain de productivité, en rendant les moyens de l'armée plus efficace. Un autre aspect (les relations entre le chef de l'Etat, chef des armées, et la "Grande muette"), aux conséquences politiques non négligeables, mérite notre attention: je vous livre ici quelques extraits d'un article de Jen-Dominique Merchet, journaliste à Libération et animateur du blog Secret-défense, publié dans Marianne.

" Rien n'y fait: le courant ne passe pas entre le chef de l'Etat et les porteurs de képi. Ni le style, ni les propos, ni les décisions du président ne parviennent à séduire dans les casernes. Pis: de semaine en semaine, la tension monte. Le drame de Carcassonne a été la goutte d'eau qui a fait déborder le vase (...) Les militaires sont sous le choc. Le président de la République débarque aussitôt dans la cité audoise et pique l'une de ces colères dont il est coutumier. Il traîte les soldats d' "amateurs". Les intéressés se sentent insultés. Le jour même, les premiers parachitistes du 8ème Rpima - régiment frère du 3ème de Carcassonne - aarivaient en Afghanistan pour aller renforcer, à la demande du même Nicolas Sarkozy, l'opération de l'Otan. D'autres amateurs? Dans les garnisons, on s'étrangle et la démission du chef d'état-major de l'armée de terre - une première depuis un quart de siècle - libère la parole. "On ne peut pas faire porter le chapeau d'une faute individuelle à 130 000 militaires" s'insurge un officier (...) C'est que "Nicolas Sarkozy aime les policiers, pas les militaires". Voilà ce qui se dit sous le treillis.

(...) Dès la campagne présidentielle, les militaires s'attendaient qu'une présidence Sarkozy ne soit pas une partie de plaisir. "Nous n'arrivons pas à lui parler, à l'intéresser à nos affaires" confiaient, unanimement, officiers supérieurs et industriels de l'armement. Tous ou presque ont pourtant voté pour lui, par fidélité à le droite classique. Au cours de la première année, tout se déroule plutôt bien: le président lance de grand travaux très attendus. Premier accroc, le 18 mars 2008. Nicolas Sarkozy se rend, ce jour-là, sur le plateau des Glières, haut lieu de la Résistance en Haute-Savoie (...) Lors de la cérémonie avec les anciens résistants, un général à la retraite lui glisse que l'attribution d'une dizaine de Légions d'honneur serait la bienvenue. "Je vous en donne 15, vous êtes content?"  répond le président, cryant faire plaisir. Mais, en fait, il choque l'ex-militaire par la désinvolture avec laquelle il distribue les médailles (...) Dernier exemple, le 7 juin. Ce jour-là, le chef de l'Etat est en voyage au Liban. Il a prévu d'aller rendre visite aux 1200 Casques bleus français, dans le sud du pays. La veille, le président annule son déplacement dans le sud. Dans son entourage, on invoque des raisons de sécurité. La raison est plus triviale: Nicolas Sarkozy voulait rentrer plus tôt à Paris pour y passer la soirée.

Voilà pour l'ambiance. Chez les jeunes officiers, on en vient à redouter l'apparition d'un antimilitarisme de droite. Deux droites s'affrontent: celle de l'armée et celle du président. La première, "tradi", souvent catholique, est de sensibilité légitimo-bonaparatiste, attachée au service de la patrie et au rôle social de l'officier. L'autre, celle de l'Elysée, se soucie plus d'ordre policier et de chiffres d'affaires, de paraître et de fortunes (...) La salle est donc bien chauffée lorsque le président monte à la tribune de la porte de Versailles, le 17 juin, pour présenter le Livre blanc de la défense. Il oublie de saluer les officiers généraux, enterre sa promesse de construire un second porte-avions et annonce 54 000 suppressions de postes (...) Dès le lendemain, le Figaro publie un texte au lance-flammes contre le Livre blanc. Il est signé d'un "groupe d'officiers généraux et supérieurs" sous le pseudonyme de Surcouf (...) Sarkozy exige des têtes. La DPSD (ex-Sécurité militaire) est chargée de trouver les coupables et Le Nouvel Obsevateur affirme même que l'Elysée, peu confiant dans l'enthousiasme des militaires à dénoncer leurs petits camarades, aurait demandé aux policiers de la DST, des civils, de s'en occuper discrètement ".

A la lecture de cet article, on ne peut que constater deux choses:
1- il se passe entre Sarko et l'armée la même chose que ce qui se passe entre le reste du pays et Sarko: après l'espoir qu'a suscité, auprès de ses seuls électeurs, son arrivée à l'Elysée, la plupart de ceux-là regrettent leurs choix. Une profonde division s'est instaurée dans la société, entre ceux qui adhèrent - presque sans nuance - à la politique sarkozyenne et ceux qui s'y opposent de manière non moins réfléchie et systématique. Sarko fait partie de ces hommes politiques que l'on adore ou que l'on déteste... contrairement à un Chirac qui semblait sympathique à un grand nombre de Français, quel que soit leur "camp" idéologique;
2- la droite est en train de se fissurer, entre une tendance plutôt modérée (ex-chiraquiens et villepinistes) qui sait mettre en avant de grands principes et des valeurs qui guident ses décisions, et la droite sarkozyenne que caractérisent une sorte de vie de cour autour du monarque, un intérêt pour la politique du chiffre et l'attaque virulente de tous les opposants qui critiqueraient - ne serait-ce qu'un peu - l'action de la majorité et du gouvernement. "Avant moi, le chaos" pourrait être la devise de Sarko et de ces sarkozystes qui, avec le même aveuglement que les socialistes, défendent ce que fait le président, en utilisant la même rhétorique, histoire de lui plaire !!
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