Quelle gauche pour 2007?

A une semaine de la fin de ma période de voeux pour 2006, j'inagure aujourd'hui une nouvelle catégorie d'articles intitulée "Europe et élections" pour y parler des modes de scrutin, de la tendance électorale en Europe, mais aussi du projet européen et de notre rapport à l'Europe. Et pour commencer cette question, doublement liée à l'actualité, quelle gauche voulons-nous pour 2007? Je souhaite une gauche victorieuse qui, pour s'en assurer, devra opérer quelques changements dans son attitude et son programme. La gauche, aujourd'hui, représente l'espoir pour les Français les plus modestes, tandis que la droite traine une réputation de camp des riches, des aisés et des patrons (ce qui n'est pas faux - philosophiquement parlant - même si c'est exagérément réducteur). L'échéance de 2007 peut paraître bien loin dans les discours de ns hommes politiques, de la majorité comme de l'opposition. Mais, dans les faits, tous sont déjà sur la ligne de départ, et les Français aussi: depuis la réelection de Chirac en 2002, les Français n'attendent q'une chose, retrouver un débat présidentiel traditionnel et donner sa chance à une gauche que l'on a détesté et qui pourtant peut mieux faire.

Une fois ce diagnostic posé, il faut s'interroger sur le projet de la gauche. Mais d'abord quelle gauche: une gauche divisée entre partisans du non et du oui? une gauche rassemblée autour d'un candidat unique? Ce dimanche, les électeurs portugais se sont prononcés pour la désignation de leur Président de la République qui, sans surprise, vue la configuration du scrutin, est désormais un professeur d'économie de centre-droit. En effet, alors que le pays est gouverné à gauche, par un gouvernement socialiste issu des urnes en 2004, les électeurs ont du faire face à une terrible division de la gauche, présentant cinq candidats différents, pendant que la droite n'en présentait qu'un qui, ayant fait le plein des voix, l'emporte avec un peu plus de 50% dès le premier tour. Conclusion: bien que cette configuration n'est pas applicable à la France, évitons ne trop nous diviser et de multiplier les candidatures au sein d'une même famille politique. Essayons donc de présenter un même candidat pour plusieurs partis proches, comme par exemple les Verts, le PS et le PRG. Pour autant, est-il préférable de réaliser des primaires à gauche? Cette idée est doublement mauvaise, d'abord parce que le candidat qui en ressortitrait serait nécessairement socialiste (on est loin d'être sûr que des partis comme LO ne présente pas tout de même son propre candidat), ensuite parce que ce serait presque anti-démocratique, le premier tour servant à sonder l'opinion qui, par son vote, fait ressortir les rapports de force entre les partis de gouvernement.

La césure que le référendum sur la Constitution européenne a fait naître dans notre paysage politique est-il viable ou faut-il le dépasser? Il serait préférable de la dépasser même si cela semble particulièrement difficile; on ne pourra y parvenir qu'avec beaucoup de volonté, notamment à gauche (la "synthèse" du Mans montre la difficulté d'une véritable entente). Mais, pour rester en phase avec son électorat, qui a manifesté d'indéniables attentes le 29 mai dernier, la gauche devra tirer de ce vote toutes les conclusions en offrant un programme conforme à ces attentes, et en affichant davantage d'idées (une vraie philosophie politique) que de promesses chiffrées avec des objectifs qui, lorsqu'ils ne sont pas tenus, mènent à la défaite électorale assurée. Le programme d'une gauche de gouvernement devra donc proposer un large volet européen, en reprenant les grandes lignes d'un projet de constitution, en indiquant une nouvelle philosophie européenne dans tous les domaines...  car, quand on est aux affaires, il faut gérer les affaires intérieures mais ne pas négliger la question extérieure. La preuve? Dans le fameux sondage couronnant François Mitterrand meilleur président de la Vème République, celui-ci estlargement devancé par Jacques Chirac sur les questions du rayonnement international et de la construction européenne. Et, vu l'intérêt des Français pour les questions de l'Europe, il serait absurde (voire suicidaire) de considérer cette voie comme secondaire !!