Raymond Aubrac: les photos

14/12/2007 00:57

C'était donc l'évènement de l'année au lycée Gay Lussac de Chauny: nous avons eu l'honneur de recevoir, le mois dernier, le résistant Raymond Aubrac. Voici donc, comme promis, les photos prises par les enseignants documentalistes, chacune étant accompagnée d'une des anecdotes qu'il a livré à des élèves comblés !

L'arrivée de Raymond Aubrac dans l'amphithéâtre du lycée s'est faite dans un silence déjà emprunt de beaucoup de respect.

Anecdote 1: à la gare de Nîmes. Pour rejoindre l'actuelle préfecture du Gard, M. Aubrac avait pris le train qui, même en zone libre, faisait l'objet d'une surveillance particulièrement attentive de la part de la police du régime de Vichy. A sa descente du train, au milieu d'une foule qu'on ne rencontre plus qu'à Paris aujourd'hui, il du "affronter" un contrôle de police au pied de l'escalier de bout de quai, qui donnait accès au centre-ville. Or, dans la valise qu'il transportait, se trouvaient les quelques pièces détachées qui composaient un fusil. Le gendarme, trouvant l'un de ces morceaux, demanda à M. Aubrac de quoi il s'agissait, ce dernier répondant, angoissé mais convaincant: "Vous le voyez bien... c'est une pièce de machine agricole !" Et il parvint à passer le contrôle de police.

Raymond Aubrac a pris place aux côtés de monsieur le proviseur et de madame le proviseur adjoint.

Anecdote 2: la rencontre avec Jean Moulin.

Raymond Aubrac était l'un des piliers de la Résistance lyonnaise et avait reçu la mission de

mettre sur pied la partie armée de l'organisation de résistance à laquelle il appartenait, et qui se contentait alors d'agir par voie de propagande. De Gaulle préparait, depuis Londres, l'union des résistances intérieure et extérieure: c'est pour cette raison qu'il envoya à Lyon le célèbre Jean Moulin chargé de mettre sur pied et de présider le Conseil National de la Résistance (CNR). Pour parvenir à cette mission, Moulin devait prendre contact avec les chefs locaux des nombreux mouvements de résistance intérieure, parmi lesquels celui de Lyon. M. Aubrac, remplaçant le "chef" lyonnais, indisponible ce jour-là, devait donc nouer contact avec Moulin. Pour cela, ils devaient se rencontrer sur une des places de la capitale des Gaules et, s'échangeant quelques mots (codés, évidemment), s'identifier mutuellement. Lors de sa conférence, M. Aubrac a ainsi révélé les mots qui avaient été utilisés ce jour-là: à Jean Moulin qui lui disait que "la Lune est carrée ce soir", le résistant devait répondre "n'est-elle pas plutôt bleue?".

Anecdote 3: l'évasion. Et comme tous les résistants et opposants politiques au régime nazi et au régime de Vichy, Raymond Aubrac fut arrêté à plusieurs reprises, dont une fois aux côtés de Jean Moulin. A chaque arrestation d'un résistant, les membres de réseau auquel il appartient organisent son évasion: et, dans son cas, c'est son épouse Lucie, qui s'est chargée de mettre sur pied un stratagème. Les prisonniers n'étaient alors pas interrogés dans les prisons mais dans les bureaux de la Gestapo de la ville la plus proche: chaque matin, un camion bâché partait donc de la prison, avec quelques prisonniers à son bord, et revenait le soir. Pour les complices de Raymond, impossible de savoir quel jour il fairait partie du "lot"... pour contourner l'obstacle, Lucie se rendit auprès d'un des collaborateurs français et lui demanda d'avoir droit à une entrevue avec celui qu'elle présentait comme son concubin, qui l'avait mis enceinte et qui lui avait promis le mariage. L'entrevue fut alors fixée: il ne s'agissait plus qu'à intercepter le convoi en l'attaquant, sans que les prisonniers ne soient au courant. Et l'opération réussit !