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JES6 - Pour une France Juste, Ecologique et Sociale

Ce blog rassemble mes idées et constitue une modeste pierre pour bâtir une alternance en 2022.

Le PS a une carte à jouer !

Deux faits d'actualité ramènent sur le tapis la question du libéralisme politique, face auquel le PS devra - dans son programme - prendre position. Occasion pour les différents prétendants au poste de premier secrétaire de s'exprimer sur le sujet et de livrer aux militants, et aux autres citoyens, leur vision de l'économie et d'un monde meilleur. La première de ces affaires peut être qualifiée d'insolite: le PDG d'une entreprise iséroise, décédé en juillet, quatre ans après son épouse - avec laquelle il n'a pas eu d'enfants -, a décidé de léguer une partie de sa fortune aux 300 salariés de son usine, fabriquant articles de lingerie et pantalon. Même si ni la fortune de ce monsieur, ni le montant de l'héritage que chacun des salariés touchera n'ont été révélé par la presse locale, le communiqué annonçant la (bonne) nouvelle précisait que cette somme d'argent, variant selon les cas, représenterait plusieurs mois de salaires pour chaque employé. D'où cette conclusion: la rémunération des patrons, toute justifiée qu'elle soit par leurs responsabilités ou la prise de risque qui correspond à leur fonction, demeure assez décalée de la réalité. L'écart qui existe entre la rémunération d'un employé et celle de son patron devrait être fixé à un maximum raisonnable... Pourquoi un gouvernement s'interdirait-il de légiférer dans ce domaine? Pourquoi est-il pertinent de fixer un minimum, le SMIC (pas toujours respecté d'ailleurs !) alors que la détermination d'un seuil maximal de rémunération (x fois le SMIC) paraît inconcevable? Ce type de mesure, qui devrait être accompagnée d'une limitation des retraites-chapeau et des golden-parachutes (dans des proportions tout aussi raisonnables), pourrait être fixé dans le programme législatif de gauche, comme une des premières priorités.

L'autre fait économique majeur nous vient, une fois n'est pas coutume, des Etats-Unis ! Encore une fois, les républicains, pourtant clairement ultra-libéraux sur le plan économique, ont montré leur incohérence idéologique: adhérant pleinement au modèle capitaliste, qui domine le monde actuellement, ils viennent de montrer au reste du monde leur vrai visage. En décidant de nationaliser deux des principaux établissements de crédit américain, Fannie Mae et Freddie Mac, l'administration Bush, par la voix de son secrétaire au Trésor (l'équivalent de notre ministre de l'Economie), envoie un signal aux marchés financiers, la possible faillite de ces deux organismes pouvant créer une crise similaire à celle de 1929. Faillite qui aurait été la conséquencede la fameuse crise des subprimes, ces deux organismes étant impliqués dans les prêts accordés aux ménages les plus modetes, non solvables. Et cette nationalisation reflète la réalité du modèle capitaliste, que j'essaie de dénoncer depuis quelques mois: si l'Etat américain n'était pas intervenu, ce soi-disant modèle (le seul qui soit efficace d'après ses défenseurs) se serait effondré de lui-même. Dès lors, les ultra-libéraux n'ont qu'un programme: "privatiser les profits et nationaliser les pertes". Cette expression d'un économiste hostile à la politique bushiste est limpide: quant tout va bien, les actionnaires sont grassement rémunérés mais, quand un problème survient, c'est le contribuable qui paie la note !

J'ouvre une parenthèse: les deux candidats à la Maison-Blanche ont fait savoir leur accord pour cette décision de leur gouvernement, dans la mesure où elle permet d'éviter (pour le moment) une crise financière et boursière qui aurait des conséquences catastrophiques sur l'économie des pays développés et sur la vie quotidienne de leurs habitants. Cependant, chacun d'eux a émis des réserves: Obama aurait préféré trouver une solution qui ne pèse pas sur le contribuable, tandis que McCain a fait savoir qu'il n'y voit qu'une solution provisoire, le crédo ultra-libéral de son parti (et de son programme !) ne tolérant pas ce genre de décision. Bref, pour le candidat républicain, une fois remis sur pied, ces deux établissements pourraient redevenir des banques privées, de manière à ce que les actionnaires puissent se partager les nouveaux bénéfices... quelle honte !! Bref, dans cette affaire, pour les deux grands partis politiques américains, nationaliser n'a rien de choquant: au pays de la libre entreprise, c'est tout de même un sacré paradoxe.

Mais, revenons en France: avec ces deux affaires, en particulier cette dernière, le PS a, selon moi, une belle carte à jouer. Pas uniquement pour critiquer la politique de l'administration Bush qui, dans tous les domaines (économie, diplomatie, santé, éducation, environnement), est nulle ! Mais pour affirmer haut et fort que le libéralisme, le vrai, est une chance pour le développement harmonieux du monde, à condition qu'il ne soit pas entravé par des décisions temporaires et inéquitables. Il est temps que le PS, s'il veut s'ancrer à gauche, affirme sa condamnation du capitalisme, ce libéralisme faussé qui ne profite qu'à une petite minorité de privilégiés et qui cause tant de ravages (en creusant les inégalités entre individus et entre Etats dans le monde). Il faut que le PS donne, aux classes moyennes et populaires, une raison d'espérer l'avènement d'un modèle économique meilleur, en se lançant dans l'élaboration d'une alternative crédible au capitalisme, qui place l'être humain au coeur de ses préoccupations, et qui fait de la justice, de l'équité et de la solidarité entre les hommes son crédo. Parmi les premiers socialistes à avoir réagi à la nationalisation des deux banques américaines de crédit, le porte-parole et candidat au poste de premier secrétaire, Julien Dray, invité des Qautre vérités mardi matin, reprenait à son compte la condamnation d'une "privatisation des profits asscoiée à une nationalisation des pertes". Avant de rebondir sur l'occasion pour dénoncer une décision du gouvernement français, celle de privatiser en partie la Poste: pour lui, l'affaire américaine est révélatrice du fait que l'Etat peut être un régulateur pertinent dans le système économique et que, dès lors, cette utilité sociale - permettant de maintenir l'équité et la solidarité nationales - doit se traduire dans des services publics efficaces, à l'abri de l'appétit d'actionnaires qui ne cherchent que la rentabilité, au détriment de l'aménagement du territoire. Une autre mission d'un Etat efficace.

C'est donc ce modèle, purement libéral à l'échelle du monde, et qui laisse toute sa place à un Etat régulateur et aménageur à l'échelle nationale, que le PS doit développer, en en faisant la coeur de son projet. Cette base étant posée, le parti pourra alors décliner ces grands principes dans tous les domaines de notre vie politique, afin de construire des propositions crédibles dont l'association constituera une alternative crédible au sarkozysme. Il dispose d'un peu plus de trois ans pour le faire !
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