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JES6 - Pour une France Juste, Ecologique et Sociale

Ce blog rassemble mes idées et constitue une modeste pierre pour bâtir une alternance en 2022.

Sénat (1): la chute du dernier rempart

Ne vous y trompez pas... Ce que la France a vécu dimanche dernier n'est rien qu'une journée banale, sans saveur ni surprise. Ce n'est que la juste fin d'une histoire sans suspense auxquels les citoyens s'intéressent finalement peu ! Voilà ce que les responsables de la majorité, ministres ou parlementaires, devaient faire croire aux Français en suivant les consignes données à l'Elysée. Tous ont bien récité la leçon du grand chef, expliquant que le basculement à gauche du Sénat (avec 177 sièges sur 348) n'était que la conséquence logique des victoires de l'opposition aux scrutins locaux qui permettent de constituer le corps des grands électeurs. Que la majorité sénatoriale sortante ait pu croire, jusqu'à la fin d'après-midi, qu'elle conserverait, à défaut d'une majorité absolue, une majorité relative à égalité avec l'opposition, peu importe. Que Gérard Larcher, dans sa première réaction publique, ait expliqué qu'il allait se battre pour garder sa place en pensant pouvoir élargir sa majorité, ça n'a pas d'importance. Non, la droite n'a pas perdu ! Comme en 2009, au moment des élections européennes, les ténors de la droite nous expliquent que le recul était attendu et que le score finalement réalisé est honorable. A l'époque, Xavier Bertrand rappelait que l'UMP était arrivée en tête, devançant PS et EELV (au coude-à-coude)... oubliant de dire que le rapport gauche-droite était largement favorable à la première et que le score cumulé des deux principales formations de gauche dépassait largement celui de la majorité !

 

Aujourd'hui, rebelote. La droite a perdu le scrutin parce que la gauche avait une majorité de grands électeurs. A croire que les têtes pensantes de l'Elysée ou de l'UMP n'envisagent pas une remise en question, s'interdisant de constater que leur champion, Nicolas Sarkozy, est le seul chef de l'Etat, dans l'histoire de la Vème République, à avoir perdu toutes les élections intermédiaires. D'ailleurs, si la théorie de la droite était pertinente, le Sénat aurait déjà dû basculer lors du renouvellement de 2008. A l'époque, les régions étaient presque toutes à gauche (le basculement ne date pas de 2010, mais de 2004); les grandes villes et de nombreux départements avaient suivi le même chemin quelques mois plus tôt (lors des municipales et cantonales de mars 2008) ! D'ailleurs, en septembre 2008, quand M. Larcher a conquis "le Plateau", la gauche avait déjà enregistré une poussée: dans mon département, l'Aisne, le président du Conseil général se faisait alors élire sur un siège jusque-là UMP. Bref, si le Sénat a basculé en 2011, c'est aussi (et surtout?) parce que le rejet de la politique gouvernementale ne concerne plus les seuls électeurs, mais aussi ces élus locaux qui, même divers droite, ont refusé de voter pour une majorité présidentielle dont la politique locale est à la fois illisible, déséquilibrée et non financée. C'est bien là le coeur du problème pour la droite !

 

Aujourd'hui, mis à part l'Elysée et l'Assemblée nationale, tous les autres contre-pouvoirs sont donc administrés par l'opposition. Si bien que, comme la droite à certains moments de l'histoire politique récente, la gauche pourrait, en cas de victoire présidentielle et législative en 2012, contrôler tous les pouvoirs. Qui le constate? Jean-François Copé. Lequel ne se plaint évidemment pas d'une telle situation si sa famille politique en profite ! Que le Sénat ait pu rester si longtemps dans le camp conservateur, au bénéfice d'un système électoral anti-démocratique et remanié à l'envi, ne le choque pas ! Dernier rempart du sarkozysme déclinant, la Haute-Assemblée vit donc des moments historiques. Et il se pourrait bien que les bouleversements soient plus nombreux que prévus. Chacun, dans les couloirs et face aux micros, explique que le Sénat n'est pas un lieu de politique partisane: la majorité sénatoriale est bien plus complexe, les contours des groupes politiques n'étant pas nécessairement les mêmes qu'à l'Assemblée. Ici, on privilégie le débat d'idées, les discussions patientes et on repousse les effets de manche. Si bien que le président Larcher a pu espérer, quelques temps, subtiliser à la gauche quelques voix précieuses pour montrer sa popularité et achever le travail de modernisation qu'il aurait commencé (à en croire ses soutiens).

 

D'une assemblée de compromis, le Sénat pourrait bien basculer dans cette politique politicienne que ses membres disent combattre. Il aura fallu le rappel à l'ordre élyséen pour que les tractations en coulisses cessent: non, cher Gérard (expliquait le Président en milieu de semaine), il vaut mieux perdre le Plateau avec les honneurs (comprenez, sans débauchage) plutôt que d'aller piquer, une à une, les quelques voix qu'il manque pour mettre Jean-Pierre Bel en minorité. Finis donc l'ouverture et le débauchage personnel de quelques brebis égarées du camp d'en face: un des marqueurs du début du mandat sarkozyen. Finalement, c'est donc un socialiste, sénateur aux accents méridionaux, jusque-là inconnu du grand public, qui s'apprête à devenir 2ème personnage de l'Etat, président par intérim si le locataire de l'Elysée venait à être défaillant ! A moins que la gauche ne se livre à des tractations de couloir qui permettent à Jean-Pierre Chevènement de prendre cette présidence symbolique: des rumeurs affirmaient en effet que si deux tours échouaient à trouver un président, l'ancien ministre pourrait servir de recours au 3ème tour. Une idée pas si saugrenue qui permettrait, pour les socialistes, d'écarter de la course à la présidentielle ce candidat soi-disant responsable de la débâcle jospinienne en 2002. Le scénario paraît peu probable. Il faudra attendre la séance (ce samedi à 15h), présidée par le communiste réunionnais Paul Vergès (qui a reporté sa démission pour être le doyen du Sénat, en lieu et place de Serge Dassault, auquel la gauche ne voulait pas laisser l'honneur de présider la 1ère séance), pour connaître le nom du successeur de Gérard Larcher !

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