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JES6 - Pour une France Juste, Ecologique et Sociale

Ce blog rassemble mes idées et constitue une modeste pierre pour bâtir une alternance en 2022.

Réponse à Marien Defalvard

Septembre, c'est le mois de la rentrée. Rentrée scolaire bien sûr. Mais aussi rentrée littéraire: des milliers d'ouvrages s'étalent dans les librairies... En attendant que le monde de l'édition décerne, dans les prochains mois, les prix qui départageront les meilleurs auteurs du moment. Pour l'instant, ce sont les avis des critiques et les performances de vente qui dictent les succès: parmi eux, le premier roman de Marien Defalvard (19 ans), intitulé "Du temps qu'on existait", devrait faire un carton. Ecrit en un an quand il en avait 16, il semble avoir toutes les qualités d'un premier ouvrage. L'auteur, qui a quitté l'école à 16 ans (il était alors en Hypokhâgne, 1ère année de classes préparatoires littéraires), était, samedi soir dernier, invité de l'émission de Laurent Ruquier "On n'est pas couché". Ce soir-là, celui qui est présenté comme LE romancier de la rentrée et l'un des plus grands espoirs de la littérature française, a croisé la route de Ségolène Royal, invitée politique de l'émission, venue vendre son propre livre et expliquer son projet pour la France. A la fin de l'entretien, le jeune écrivain interpelle la présidente de Poitou-Charente; voyez plutôt.

 

 

De cet extrait, on retiendra deux passes d'armes. La première à propos de l'affrontement entre les sphères politique et économique: à Marien Defalvard, expliquant que le politique ne peut qu'être un "illusionniste" tant qu'il ne reprendra pas le dessus sur le financier qui mène le monde, la candidate de 2007 montre sa foi dans le combat politique et explique, assez intelligemment, que des alternatives existent à condition que le politique en ait la volonté. Et d'expliquer qu'il vaut mieux que l'Etat dépense de l'argent pour maintenir les emplois dans le pays (y compris au moyen de nationalisation ou d'entrée de le capital des entreprises) plutôt que dépenser ce même argent à verser des allocations chômage aux salariés mis sur le carreau. Ou l'on voit que la prétendante élyséenne a réfléchi aux questions économiques, sans se couper de ce nécessaire réalisme dont tout candidat doit faire preuve.

 

Deuxième sujet (plus intéressant): le peuple serait-il une masse infantile à laquelle il faut tout expliquer, comme le suggéreraient les politiciens, à écouter l'analyse du jeune romancier? Ce dernier déplorait que Mme Royal, comme nombre d'hommes et femmes politiques, parlent de "pédagogie" dans leur rapport aux citoyens. Pour lui, il existe une contradiction entre le fait de prendre le peuple pour une "créature infantile" à laquelle il faut enseigner quelque chose et faire appel à son intelligence. Dommage que Ségolène Royal n'ait pas pris le temps de lui répondre (visiblement, elle n'avait d'ailleurs pas, à ce moment-là, une réponse à apporter !). Je le fais pour elle. Car, je pense que Marien Defalvard, applaudi par le public, est dans l'erreur. Tout citoyen ne peut pas s'improviser homme ou femme politique, en tout cas au niveau national voire mondial. Je crois que, pour diriger un pays, il faut une masse de connaissances importantes afin de comprendre, sans se tromper, la complexité du monde dans lequel nous sommes. Et, par conséquent, le peuple, a fortiori les citoyens lamdba qui ne s'intéressent à la politique que tous les cinq ans (et c'est tant mieux), a besoin de se faire expliquer, par les "experts" mais aussi les politiciens, cette complexité à travers des raisonnements simplifiés. Il est du rôle du politique de proposer, de façon simple (et non simpliste), le constat de la situation dans laquelle se trouve le pays ainsi qu'une liste de propositions pour la résoudre. Le peuple, ainsi instruit des positions des uns et des autres, choisit le (la) plus à même de changer son quotidien.

 

Ajoutons qu'il n'y a absolument aucune contradiction entre le fait de vouloir enseigner quelque chose à quelqu'un et parier sur son intelligence. Je dirais même que l'un ne va pas sans l'autre. Ainsi, l'enseignant que je suis travaille, chaque jour, face à une "masse infantile" (autrement dit, des élèves). Mon rôle est de leur transmettre mon savoir et de transformer en propos simplifiés, mais non simplistes, la complexité des phénomènes historiques ou géographiques que j'ai appris à la fac ! Ma mission ne sera pleinement réussie qu'à deux conditions: 1- que mon propos soit clair; 2- que mes élèves soient doués d'intelligence afin qu'ils saisissent le sens dudit propos. Chacun comprendra qu'il est extrêmement compliqué d'expliquer un phénomène à un élève "idiot". Il en va donc de la politique comme de l'enseignement: le responsable politique doit apporter sa connaissance du monde, à travers des propos simplifiés, à un peuple intelligent qui, en s'en saisissant, peut faire un choix (le jour des élections) dont dépendra l'avenir du pays ! Defalvard 0 - Royer 1, non?

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S
<br /> <br /> Ton article m'interpelle et la tentation est trop grande pour moi d'y ajouter ma propre analyse...<br /> <br /> <br /> Ma première impression (de littéraire) quand je l'ai vu pour la première fois chez Ruquier fut celle-ci : tiens! une figure du beau ténébreux. Cette expression figée a une histoire. Elle remonte<br /> aux archétypes des auteurs romantiques : c'est ainsi que Sainte-Beuve parlait de Chateaubriand. On pourrait évoquer également Lamartine et les auteurs décadents comme Barbey d'Aurevilly ou<br /> Lautréamont...<br /> <br /> <br /> Observons le personnage dans l'émission : jeune homme, habillé de noir,  aux cheveux noirs, au teint pâle, à l'allure grave, pessimiste, un peu rebelle. On est très proche de la figure du<br /> dandy à la manière d' Oscar Wilde, de Baudelaire ou de Proust... avec un langage affecté qu nous  sort, il faut bien le dire, de la vulgarité ambiante...<br /> <br /> <br /> Un personnage hors du temps... Je dis bien personnage et pas personne car je pense que Marien Defalvard est trop intelligent pour ne pas jouer ce rôle du beau ténébreux, et ne pas<br />  créer sa  propre légende : petit génie sortant de Lettres sup' avec des années d'avance ;  son livre écrit à 16 ans. 16 ans? Peut-être. Mais écrire, c'est réécrire et<br /> réécrire. Je pense qu'il a dû y retoucher depuis forcément...<br /> <br /> <br /> Je ne crois pas au hasard, à l'adolescent naïf et romantique comme on  a tous pu l'être dans nos années lycée. Marien Defalvard maîtrise déja trop bien les plateaux télé... et sa<br /> "leçon" à Ségolène Royale sur la notion pégagogie en est un exemple flagrant...<br /> <br /> <br /> En tout cas, même s'il essaie de s'en démarquer, il fait bien partie de sa génération, d'une jeunesse pessimiste (qui m'ennuie terriblement) qui pense que l'humain, le politique n'est plus<br /> capable d'influer sur le monde. Et Ségolène Royal de lui rétorquer qu'elle y croit au contraire, qu'elle aime la vie, qu'elle veut mettre de la couleur sur ce teint blafard! ...<br /> <br /> <br /> Si la jeunesse d'un pays ne rêve pas d'un avenir meilleur, ce pays meurt...<br /> <br /> <br />  Marie Defalvard, je n'envie pas vos 19 ans...<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> (Suite de mon analyse quand j'aurai lu son livre!)<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br />
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A
<br /> <br /> J'adore ta conclusion ! Il est vrai qu'à 19 ans, il faut encore avoir des rêves et croire en la capacité des hommes à changer les choses. Or, dans le monde actuel, il y a tant de projets<br /> utopiques à réaliser... pour le partage des richesses, l'égalité réelle femmes-hommes...<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> C'est vrai qu'en entrant dans la vie adulte (en ayant un métier, en payant des impôts), on devient plus terre-à-terre. Moins ambitieux aussi. Personnellement, je suis assez satisfait de garder<br /> une capacité d'indignation et, en parallèle, d'utopie. Mon glissement à gauche, à la faveur de la crise, me fait encore espérer en un monde meilleur !<br /> <br /> <br /> <br />