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JES6 - Pour une France Juste, Ecologique et Sociale

Ce blog rassemble mes idées et constitue une modeste pierre pour bâtir une alternance en 2022.

Clearstream et la présidentielle de 2012

Les rôles sont désormais inverser: "Sarkozy n'est plus la victime d'un Villepin comploteur, mais l'ancien premier ministre est la victime de l'acharnement de l'actuel chef de l'Etat". Ce n'est pas un villepiniste ni même un membre de l'opposition de gauche française qui l'affirme. Mais le quotidien allemand Die Welt, au lendemain de l'appel du Procureur de la République, Jean-Claude Marin, dans l'affaire Clearstream... dans laquelle Dominique de Villepin a donc été innocenté par une relaxe prononcée jeudi. Le feuilleton, qui a valu à l'ancien ministre des Affaires étrangères une traversée du désert (qui s'est révélée être une épreuve douloureuse pour lui et sa famille) de plus de deux ans, va donc continuer. Ce qui constituait une affaire bien sombre a donc trouvé, jeudi, un début d'éclaircissement. L'affaire Clearstream, du nom d'un organisme bancaire luxembourgeois, n'était donc pas une manipulation politique visant à destabiliser Nicolas Sarkozy. D'après le jugement, aucune preuve ne permet d'affirmer que M. de Villepin soit à l'origine des listings truqués sur lesquels le nom de l'actuel président apparaissait. Et cela apparaît d'autant plus clairement que, tout au long de l'affaire, M. Marin a fait évoluer sa position au gré des informations dont il disposait: constant que l'ancien chef du gouvernement n'était pas l'instigateur de l'affaire, le procureur l'avait finalement poursuivi pour complicité (par omission) après avoir hésité à rendre un non-lieu. Pendant le procès, le même procureur a réclamé une condamnation du rival de Sarkozy parce qu'il aurait tardé à avertir la justice de ces faux listings, dont il connaissait l'existence. Ces revirements montrent bien que la thèse initiale, qu'il avait défendu au début de l'enquête, n'était pas fondée. D'après le tribunal, seules deux personnes sont coupables: Imad Lahoud pour avoir truqué les listings en question et Jean-Louis Gergorin qui est considéré comme le calomniateur. A la thèse sarkozyste que cette affaire serait un complot de Villepin visant à l'écarter de la scène politique, le tribunal répond par la négative.
 
Ce qui est sûr, en revanche, c'est que le procès intenté à l'ancien premier ministre - une formidable occasion pour Nicolas Sarkozy, partie civile - et le second volet (provoqué par l'appel du Parquet) constituent deux manipulations politiques du président pour éliminer un concurrent sérieux dans son propre camp politique. Car, avec ce second procès, qui devrait se dérouler début 2011 - à un an de la présidentielle - il y a deux issues possibles: soit M. de Villepin est condamné en appel et le voilà écarté de la course à la Présidence (ce qui permettrait au chef de l'Etat de dormir sur ses deux oreilles); soit il est de nouveau innocenté et, avec les primaires socialistes, la course sera véritablement engagée... remettant l'ancien premier minsitre en selle au bon moment. Imaginez un peu: Villepin candidat en 2012 avec la volonté de rassembler, au-delà des lignes partisanes traditionnelles, sur des thèmes comme l'égalité des chances ou la défense de l'intérêt général. Sarkozy perdrait une part de son électorat de la droite modérée qui, déjà, ne se reconnaît plus vraiment dans son action. Il prendrait alors le risque d'être dépassé par le (ou la) candidat(e) socialiste et de ne pas être présent au second tour... si la mayonnaise Villepin prend. Car, l'opération Villepin 2012, bien que mal jugée par les Français (la moitié des sondés ne souhaitent pas qu'il se présente), ne fait que commencer. Entendre un homme de centre-droit, symbole du refus de la France de participer à la guerre en Irak, expérimenté de par les fonctions (non électives) qu'il a occupé, évoquer la voix de la France, le service de l'Etat, la nécessité de réformer le pays pour le tenir debout, de lutter contre le creusement inquiétant de sa dette et des inégalités... c'est rejouer, cinq ans après, la rupture. 2007 fût la rupture du sarkozysme avec le chiraquisme. 2012 serait, alors, la rupture d'un néo-gaullisme avec un sarkozysme déclinant. La partie promet d'être belle. Car ces thèmes, chers à une partie de l'électorat conservateur (représenté par des élus UMP qui n'hésitent plus à se rebeller), sont plus que jamais d'actualité... moins d'un mois après la mort de Philippe Séguin dont Villepin a repris certains traits (insistant sur sa "volonté de servir la France, non pour faire carrière, mais pour défendre des convictions", comme il l'a dit, jeudi soir, face à David Pujadas).
 
La haine qui lie ces deux hommes, palpable alors que l'un dirigeait un gouvernement auquel appartenait l'autre (sans en partager toutes les décisions), devait conduire à un combat politique... après le combat judiciaire. Il faudra attendre encore un peu. Et, en attendant, on ne peut éluder la question du jour: l'appel du Procureur a-t-il été dicté par l'Elysée? Evidemment, officiellement, du côté des porte-parole de l'Elysée (par la voix de Claude Guéant) ou du parti présidentiel, on jure que "non". Peuvent-ils dire le contraire? En tout cas, Sarko est un sacré malin: dans son communiqué du jeudi, il affirme se retirer du procès et ne pas vouloir se constituer partie civile en appel... et, en coulisse, il parvient à organiser cet appel. Même si M. Marin n'a pas été directement prié de faire appel du Villepin-mediatique.jpgjugement, l'esprit de cour qui peut exister autour du chef de l'Etat et la dépendance hiérarchique du Parquet vis-à-vis de l'exécutif ne peuvent que susciter ces doutes que l'opposition exprime sans ambiguité. Certains avancent des arguments juridiques pertinents: "faire appel est un droit et on voit mal un Procureur désavoué par le jugement d'un tribunal ne pas en user"; ou encore "dans un procès comme celui-là, où les deux coupables sont condamnés, on ne comprendrait pas que le Parquet ne fasse pas appel, laissant le troisième prévenu hors-jeu d'un second procès". Tout cela est pertinent. Mais, on conviendra tout de même que le cirque médiatique qui entoure cette affaire a une connotation politique évidente: voit-on beaucoup de procureurs venir au micro d'une grande radio généraliste (en l'occurence Europe 1) pour annoncer le scoop de sa décision? M. Marin n'est pas venu dans la matinale de Marc-Olivier Fogiel pour commenter sa décision, qu'il aurait préalablement diffusée par communiqué, mais pour annoncer, en direct et en exclusivité, sa décision. Bref, faire un coup médiatique... qui a d'ailleurs eu l'effet escompté. Plutôt que disserter sur la relaxe de Villepin (photo), les médias sont immédiatement passés à la procédure d'appel qui prolonge l'affaire... et replonge l'ancien premier ministre dans l'épreuve ! Dommage que tout cela permette d'éviter des confrontations d'ordre politique et des débats nécessaires à l'avenir de notre pays ! Au final, comme avec la réforme du juge d'instruction, c'est la démocratie qui y perd le plus.
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M
<br /> Salut Aurélien,<br /> <br /> Sarkozy n'aurait jamais dû se porter partie civile, a force de vouloir de montrer un president comme les autres citoyens, il desacralise la fonction ce qui n'est pas mal en soi, mais en l'espece le<br /> procureur etant forcement hierarchiquement soumis au garde des sceaux (il représente l'Etat t donc aussi le pouvoir democratiquement élu), on ne peut s'empecher de se dire qu'il est derriere la<br /> tentative de condamnation et pas seulement comme partie civile. Bref, sinon le procureur ne pouvait ne pas faire appel contre Villepin sachant que Lahoud et Gergorin faisaient appel. C'est<br /> technique mais en effet pertinent.<br /> <br /> Maintenant Villepin n'a pas été condamné faute de preuves flagrantes c'est tout. Sinon le fait que sa belle famille recevait les Lahoud chez eux et qu'il maintient ne pas les connaitre me laisse<br /> songeur, les carnets de Rondot laissent songeur egalement.<br /> Villepin n'est pas blanc comme neige a mon sens ,mais vaut mieux acquiter un coupable que de condamner un innocent<br /> <br /> Amicalement<br /> <br /> Matt<br /> <br /> <br />
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A
<br /> Je partage ton analyse... et j'adhère totalement à ta conclusion.<br /> <br /> Ce qui est drôle, dans cette affaire, c'est en effet l'attitude de Sarko. Et, sur ce point, la chronique de Guillon ("vidéo du moment", dans la colonne de droite, jusqu'à lundi) appuie là où cela<br /> fait mal !<br /> <br /> <br />
S
<br /> Bonsoir Aurélien, Dans toute cette affaire, ce qui est irritant, et sur ce point je rejoinds Zemmour, c'est l'irruption du politique dans la justice, ou inversement du judiciaire dans le politique.<br /> On n'en est pas à la première magouille, et le président le premier n'est pas indemme. Alors sa fausse magnanimité, contrastant avec sa hargne contre les "coupables" montre que la présomption<br /> d'innocence est un mot vide quand on touche à certains privilèges, ou on met en cause certains réseaux.. Ne faudrait-il pas revoir les relations entre l'exécutif (garde des sceaux) et le corps de<br /> la magistrature afin d'éviter le plus possibles d'interférences ?<br /> <br /> <br />
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A
<br /> Bonjour Sacha !<br /> <br /> Heureusement, ce n'est pas encore le procureur de la République qui décide de la sentence. Ce sont des juges indépendants du Siège qui ont prononcé la relaxe de M. Villepin... et le procès en<br /> appel, s'il va dans le même sens, confirmera le contenu du verdict rendu la semaine dernière (à savoir que Villepin n'est pas à l'origine de la manipulation).<br /> <br /> Certes, que le parquet fasse appel, cela suscite la suspicion d'une connivence avec le pouvoir. Mais, le plus grave, c'est ce que prépare Sarko avec sa réforme du juge d'instruction: avec des<br /> enquêtes uniquement commanditées et réalisées sous l'autorité du procureur, la suspicion se généralisera... et cette perspective a de quoi inquiéter.<br /> <br /> Une justice à deux vitesses (où les puissants, défendus par des ténors qui profitent des affaires médiatiques pour se faire une réputation, s'en sortent mieux que les citoyens "moyens") est à<br /> craindre. Avec Clearstream, on comprend jusqu'où peut aller la relation justice-politique ! Et vous avez raison de vous en inquiéter...<br /> <br /> Ceci dit, l'appel du parquet semblait inévitable dans la mesure où la justice a condamné, lourdement, les deux faussaires sans que le commanditaire (et ses motivations) n'ait été identifié. C'est<br /> ce qu'expliquait Fillon, ce matin, sur Europe 1: et je le rejoins. Le problème, c'est que la justice a affirmé que Villepin n'était pas commanditaire en question... alors qui? Je ne sais pas si un<br /> procès d'appel, où seront rejugés les mêmes personnes, apportera la réponse claire qu'attend, officiellement, l'UMP !<br /> <br /> <br />
B
<br /> Salut Aurélien<br /> <br /> La saga va donc continuer<br /> Les média doivent s'en réjouir de ce mettre quelque chose sous la dent<br /> Y a une chose qui tourne pas rond quand même dans cette affaire <br /> Comment se fait t-il que des sbires comme Imad Lahoud et Gergorin peuvent être condamnés sans le commanditaire de toute cette machination ?<br /> Car falsifier et faire usage de faux est logiquement lourdement condamnable<br /> D'ou la logique de reprendre le procès ^^<br /> <br /> Si Villepin pensait se présenter en 2012 c'est perdu aujourd'hui pour lui<br /> En effet une campagne se prépare sereinement et suffisamment à l'avance<br /> Je constate donc que la droite est sans candidat à ce jour<br /> A moins que Xavier Bertrand face un tour de passe passe pour y parvenir<br /> <br /> <br />
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A
<br /> Et oui, Bria, la saga médiatique n'est pas prêt de s'arrêter... comme le dit Stéphane Guillon, dans sa chronique de lundi: c'est la "vidéo du<br /> moment" dans la colonne de droite.<br /> <br /> Je vois, concernant la prochaine présidentielle, qu'une candidature Sarko n'est pas à l'ordre du jour, en ce qui te concerne. Quant à savoir si Villepin est définitivement cuit pour cette fois,<br /> j'en serais moins sûr. Si el procès en appel s'achève un an avant la présidentielle sur une nouvelle relaxe, il peut encore se relancer.<br /> <br /> D'autant qu'avant même le verdict, il avait réalisé des visites en province ! Pourquoi ne le ferait-il pas dans les prochains mois? Car, en plus, cette fois, il a une sorte de statut de victime de<br /> l'acharnement de Sarko qui lui profite ! Et, derrière lui, il y a un réseau qui se tisse patiemment avec des élus (dont des députés) qui lui sont fidèles. Et qui préparent - justement - patiemment<br /> et sereinement la candidature de leur champion...<br /> <br /> Affaire à suivre. Et en attendant, il y a le nouveau "sondage de la quizaine" qui porte sur cette candidature Villepin.<br /> <br /> Et Copé, dans l'affaire? Si Sarko et Villepin n'y vont pas, je privilégierais l'hypothèse Copé à celle de Xavier Bertrand...<br /> <br /> <br />