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JES6 - Pour une France Juste, Ecologique et Sociale

Ce blog rassemble mes idées et constitue une modeste pierre pour bâtir une alternance en 2022.

Billet d'humeur: Pasqua, ça passe ou ça casse?

Disons-le d'emblée: je n'ai pas beaucoup de sympathie pour Charles Pasqua dont le nom a été trop souvent mêlé à des affaires plus que douteuses. A l'instar d'un Jean Tibéri ou d'un Patrick Balkany, inquiétés eux aussi par la justice, il est toujours en place: ses déboires et son grand âgé (82 ans !) n'empêchent pas ses électeurs de le reconduire comme sénateur !! Il faut dire que la loi française est si bien faite qu'elle permet aux personnalités comme lui, qui ne sont pas des modèles de vertu, de continuer à participer à la vie publique et à jouer avec les intérêts des Français. Ce genre de procès ne fait que renforcer ma position: dans une VIème République, moderne, tout homme politique condamné en justice pour des faits graves (incompatibles avec toute mission politique) doit être déclaré inéligible à vie !! Point final. Sauf que... dans le cas de Pasqua, l'homme a tout eu beaucoup de chance. Dans sa déclaration au 20 heures de France 2, le soir de sa condamnation dans l'affaire de l'Angolagate, il dénonçait le fait que les journalistes prennent un malin plaisir à rappeler ses condamnations, passant sous silence ses relaxes. Un peu comme ces usagers qui critiquent la SNCF les jours de grève, sans se féliciter que les trains soient à l'heure la plupart du temps. Sauf que, dans le cas de l'ancien ministre de l'Intérieur, être déclaré innocent en appel après avoir été condamné en 1ère instance, en se payant un meilleur avocat capable de trouver une faille dans le dossier, cela n'enlève pas le soupçon. Si M. Pasqua est innocenté en appel, il n'en demeure pas moins qu'il aura auparavant été reconnu coupable par un autre tribunal.
 
Respecter la justice, c'est prendre acte de la dernière décision et laisser à tout justiciable les occasions (il en a 4 en comptant la Cour européenne des droits de l'homme) de prouver son innocence. Attendons donc de voir... En tout cas, l'octogénaire ne m'a pas fait bonne impression en répondant aux questions, pointues, de Marie Drucker: il paraissait constamment sur la défensive et pas très à l'aise. Un signe de culpabilité? En tout cas, en vieil animal politique qu'il est, il a su trouver la parade: dans un premier temps, il s'est posé en victime d'un complot qui visait à l'écarter. Il a ainsi expliquer que ces affaires, au départ des rumeurs, l'ont visé alors qu'il songé à se présenter à la présidentielle de 1995. Bref, l'Angolagate, c'est une sorte d'acte II du procès Clearstream: l'affrontement entre deux politiciens (ou plus) - ici Pasqua et Chirac (photo), voire Balladur -, l'un tentant de mettre son adversaire au tapis par le biais d'une affaire verreuse, de quoi plomber sa popularité. Dans un deuxième temps, après avoir indiqué ne pas vouloir commencé une carrière de dénonciateur à son âge, il a tout de même balancé: Jacques Chirac, alors président, Edouard Balladur et Alain Juppé, anciens premiers ministres, auraient été au courant du versement de commissions lors de la vente d'armes à l'Angola dans les années 1990... voire dès la décennie précédente ! Mis en cause, l'auteur d'un ouvrage intéressant sur la cohabitation avec feu François Mitterrand s'est défendu: "Je ferais remarquer à M. Pasqua que je n'ai jamais été premier ministre de Jacques Chirac (...) et que je n'ai jamais eu connaissance de ce dossier" expliquait, en substance, Edouard Balladur.
 
Troisième scène (avant l'épilogue) de ce drame: l'accusé, toujours innocent jusqu'à la sentence de la Cour d'appel, réclame la levée du secret sur toutes les affaires de vente d'armes à l'étranger de ces dernières décennies. Aussi bien celles qui concernent son affaire, que toutes les autres. Une belle bombe politique en perspective qui aurait le mérite de lever les doutes sur les circonstances de l'attentat de Karachi, où onze ingénieurs français avaient trouvé la mort dans l'explosion de leur bus. Dans cette affaire, ce serait une affaire de rétrocommissions non versées à des intermédiaires pakistanais qui seraient à l'origine du drame, ceux-ci (et non Al-Qaida, dans la version jusque-là officielle) aurait visé des intérêts français. A suivre... En tout cas, pour revenir à la demande de M. Pasqua, seule Ségolène Royal a réagi en argumentant davantage, ne se contentant pas, comme les autres, de dire leur sentiment: pour l'ex-candidate à la présidentielle, toute affaire de ce type devrait systématiquement passé par la commission de la Défense des deux assemblées, afin que les parlementaires soient au courant et exercent leur contrôle de l'exécutif... y compris dans les affaires sensibles. Voilà une proposition, renforçant encore la transparence de notre démocratie, qui mérite d'être débattue. Sauf que, sous Sarkozy, l'envoi de troupes supplémentaires en Afghanistan ne faisant l'objet que d'un débat sans vote, cette proposition est tout simplement inenvisageable !
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