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JES6 - Pour une France Juste, Ecologique et Sociale

Ce blog rassemble mes idées et constitue une modeste pierre pour bâtir une alternance en 2022.

Bilan de Sarko (5) : finie, l'immigration subie?

"Je ne veux plus d'une immigration subie, mais d'une immigration chosie": la promesse résonne encore dans tous les esprits. Pour mettre hors jeu le FN, ce dont il s'auto-félicite encore chaque jour, le candidat Sarkozy n'avait pas renoncé à aller sur le terrain de l'extrême-droite et à marteler ses propres idées dans les thèmes qui gonflent les voiles des Le Pen. A juste titre, il avait donc fait de l'immigration un thème de campagne... mais, faute d'avoir résolu le problème, ce thème lui reviendra probablement, tel un boomerang, lors de la campagne de 2012. C'est d'ailleurs ce qu'il souhaite, persuadé de pouvoir vaincre son adversaire socialiste sur ses thèmes favoris (immigration, insécurité, pouvoir d'achat), là où son bilan semble pourtant le moins flatteur. Suicide politique ou manque de lucidité? Le pire, c'est que le président sortant semble persuadé, et ses fidèles conseillers avec lui, que le bilan est bon. Claude Guéant, ministre de l'Intérieur, continue sur la lancée de son prédécesseur, Brice Hortefeux, à nier les réalités les plus évidentes pour façonner un discours positif en trompe-l'oeil ! Démonstration.

 

En avril dernier, Marianne consacrait un dossier d'une dizaine de pages au bilan du tandem Sarko-Guéant sur le dossier de l'immigration, qu'ils ont co-géré depuis 2002 (soit place Beauvau, soit à l'Elysée, soit en cumulant les deux depuis peu). Extraits: "Claude Guéant fixe à 28 000 le nombre d'étrangers à reconduire à la frontière en 2011. Nul doute que cet objectif sera atteint puisqu'il est précisément calibré pour justifier la séance annuelle d'autocongratulation au cours de laquelle Nicolas Sarkozy affirmera qu'il maîtrise bel et bien l'entrée et le séjour des migrants. (...) En début d'année, chaque préfet est prié d'indiquer le nombre d'éloignements envisageables dans son département, compte tenu du potentiel d'étrangers expulsables et surtout des moyens humains et financiers disponibles. "Sur cette base, on fait des additions, et voilà" poursuit un haut fonctionnaire. (...) "Il s'agit de montrer que tous ceux qui entrent en France n'ont pas vocation à y être régularisés". (...) La lutte contre l'immigration clandestine représente le poste le plus important du budget de la police nationale (682 millions d'euros en 2010). (...) Fin février, le commissariat de Cannes a donc émis une note incitant les policiers à cibler les étrangers "de nationalité tunisienne". Or, les contrôles au faciès ne sont pas seulement injustifiables, mais aussi illégaux, et provoquent souvent l'annulation des procédures...

 

(...) Lors d'un placement en rétention, le Juge des Libertés et de la Détention (JLD) interviendra désormais au bout du 5ème jour, et non plus du 2ème, laissant trois jours de plus à l'administration pour accomplir une expulsion par la force. (...) En moyenne, les pays d'émigration ne reconnaissent comme leurs ressortissants qu'un tiers des "candidats" au retour (31,3% en 2009). La nouvelle loi sur l'immigration prévoit de porter le délai maximal de rétention de 32 à 45 jours, sans garantie d'augmenter le taux de réadmission. (...) Chaque mardi, à la sous-préfecture d'Antony, seules 15 personnes sont admises à déposer une première demande de titre de séjour. "C'est illégal. Il y a plein de recours déposés et, devant les juridictions administratives, on gagne tout le temps". Mais, en attendant d'obtenir le droit de déposer un dossier, les étrangers sont expulsables, là est l'essentiel. (...) "On a attiré en France des Roumains, des Bulgares et de Roms de toute l'Europe, qui savaient qu'ils pouvaient après quelques mois de séjour se présenter à la police, recevoir une prime au départ et un billet de retour ! Tout cela pour permettre à M. Sarkozy d'annoncer la réalisation de ses objectifs". Car, il faut compter, parmi les 28 000 éloignements, environ 10 000 retours volontaires, dont une part reviendra en France dans des délais courts et, faute d'enregistrements biométriques, retoucheront leur pécule" (n°730, p. 22-23).

 

Imposture? Le pire, c'est que cet article ne nous apprend rien de bien nouveau: en effet, les tours de passe-passe et la course à la statistique ont été démasqués depuis bien longtemps en Sarkozie. Que ce soit sur le terrain de l'immigration, de la lutte contre l'insécurité ou le chômage, tout citoyen avertit sait désormais que le gouvernement appuie son argumentaire sur des statistiques "globales" au point de nier la complexité de ces phénomènes. Pourtant, les exemples ne manquent pas pour débusquer les mensonges élyséens. Dernier exemple en date: les statistiques de la délinquance à Nice, ville tenue par Christian Estrosi, ami du Président et ancien ministre de son gouvernement. Quel est le constat? Que les vols à main armée ont tellement augmenté dans cette cité que la municipalité a affecté deux policiers supplémentaires "à plein temps" dans la traque à cette forme de délinquance. Or, que nous dit-on au niveau national? Que la délinquance recule, que les atteintes aux biens sont en chute libre... La réalité quotidienne, même dans les villes les plus sécurisées, montre le contraire ! Mais, revenons à l'immigration. Car, le mérite de cet article est de donner des exemples précis, des statistiques et de démontrer, témoignages à l'appui, la réalité de la politique migratoire que l'on peut résumer à une chasse à l'immigré clandestin, sans trop de risque de s'éloigner de la réalité. Mieux: il démontre, en énonçant les récents textes de loi, que le gouvernement mène, avec aussi peu d'efficacité, la même politique que pour la lutte contre la déliquance, à savoir l'empilement de lois comme autant d'artifices pour gonfler les statistiques sans pour autant s'attaquer aux causes du problème. Or, depuis 2002, la phrase revient sans cesse: "le pouvoir s'attaque aux effets et non aux origines des maux !".

 

Dernière illustration: la querelle franco-italienne sur la gestion des migrants venus de Tunisie, fuyant un pays fragilisé par la révolution de janvier et menacé par une contre-révolution institutionnelle. Porte d'entrée en Europe méditerranéenne, l'Italie doit gérer les migrants, dans des centres implantés, par exemple, sur la célèbre île de Lampédusa. Parmi les migrants, des centaines parviennent à gagner la France, la destination qu'ils ont choisi puisque la communauté maghrébine y est fortement présente et que ces migrants parlent plus facilement français qu'italien. Voyant de nouveaux migrants arrivés (une menace pour la réussite statistique pré-citée), le gouvernement français nie désormais le principe de solidarité européenne et somme Rome de garder ses migrants pour les renvoyer dans leur pays. Et les deux pays de réclamer une réforme des statuts de l'espace Schengen, permettant la libre circulation des individus en Europe... qui profite bien sûr aux immigrés ! Sur ce point, je vous renvoie au dernier article de Pelion (cliquez ICI). Or, c'est justement au niveau européen que se trouve la solution dans le lutte contre l'immigration: politique commune de quotas, accueil des réfugiés politiques, police des frontières co-financée par tous les Etats membres, harmonisation des formalités d'accueil (maîtrise de la langue, capacité d'intégration par l'obtention d'un emploi ou d'un logement...). Bref, tant que l'UE ne se saisira pas de ce thème et que les gouvernements nationaux ne l'y pousseront pas, les causes ne seront pas réglées.

 

Or, quelles sont-elles? Si l'on met de côté, les causes immédiates et temporaires (guerres civiles, conflits armés, révolutions, régimes dictatoriaux), la cause profonde est simple: l'écart de richesse qui existent entre pays de départ (pauvres) et pays d'accueil (riches) incite les habitants des premiers à partir vers les seconds. Objectif? Y travailler pendant quelques temps pour amasser de l'argent et le renvoyer à la famille restée au pays pour que celle-ci sorte au minimum de la misère. Dans certains cas, le migrant fait venir sa famille dans une volonté d'intégration, parce qu'il dispose d'un emploi et d'un logement capable de l'accueillir. Ces phénomènes, étudiés de longue date par les géographes, sont enseignés dans les écoles et les collégiens (futurs citoyens) les comprennent facilement. L'une des solutions consiste donc à mener la fameuse politique de co-développement, c'est-à-dire le fait que des Etats riches puissent aider leurs voisins pauvres à se développer et à mieux partager les richesses dont ils disposent afin de réduire le besoin d'immigration. Or, en comprenant que l'immigration n'est pas toujours choisi mais subi (par l'immigré qui cherche à nourrir sa famille), un gouvernement changera radicalement la politique menée. Première décision à prendre en 2012? Rétablir ce ministère de l'immigration, de l'intégration et du co-développement (sans "l'identité nationale", évidemment !) que N. Sarkozy avait imaginé en 2007. C'était, assurément, la seule bonne décision de son quinquennat dans ce domaine; pour le reste: bilan plus que mitigé !

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