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JES6 - Pour une France Juste, Ecologique et Sociale

Ce blog rassemble mes idées et constitue une modeste pierre pour bâtir une alternance en 2022.

Après Kadhafi, à qui le tour?

Dans les prochains jours, osons l'espérer, le régime sanguinaire du dictateur libyen Kadhafi va tomber ! Ce sera, après la Tunisie et l'Egypte, le troisième Etat arabe à connaître un bouleversement politique majeur, avec la fin d'un système autoritaire et répressif... laissant, osons l'espérer, sa place à un système plus démocratique. Si les révoltes actuelles aboutissent à de tels résultats, l'année 2011 aura été celle de la "Révolution arabe"... que l'on enseignera, dans les cours d'histoire, comme un des moments clés de l'histoire du XXIème siècle, aux côtés des attentats terroristes du 11 Septembre. Gageons que, dans un avenir proche, on puisse expliquer à nos enfants que ces mouvements de colère, laïcs, et dont le déclencheur a été la misère sociale sur laquelle ces régimes continuaient d'exister, correspondent à l'anti-thèse de l'attaque sur le World Trade Center. La décennie aura commencée par une attaque monstrueuse de l'islam radical contre un Occident démuni et haï. Elle se terminera par la revanche d'un islam modéré auquel les peuples arabes sont attachés et qu'ils ne concoivent pas comme un ennemi d'un Occident chrétien. Les peuples arabes auront ainsi conquis, par eux-mêmes, leur liberté. Ils auront construit des régimes stables et modérés en s'appropriant le concept, universel, de démocratie, qu'ils auront su adapter à leurs traditions, à leurs pratiques politiques et religieuses.

 

Si l'on arrive à un tel scénario, qui aura fait basculer nombre de pays (car cette révolution, historique, est sans doute loin d'être terminée !), le monde deviendra meilleur et bien plus sûr. Non par l'action des Occidentaux, mais par la détermination de ces peuples arabes qu'Obama qualifiait, au Caire (un symbole !), de peuples amis. Toute la politique bushiste est, en quelques mois, balayée, déconsidérée pour toujours ! Et tant mieux ! Pourtant, tout n'est pas si "rose". Le changement politique auquel aspirent les peuples tunisien, égyptien, lybien et, demain, algérien, yéménite ou encore marocain, ne se fera pas du jour au lendemain ! Certes, les choses semblent aller vite en Egypte, où les premières réformes constitutionnelles sont annoncées par les militaires au pouvoir, parmi lesquelles l'impossibilité de briguer plus de deux mandats présidentiels de quatre ans. Certes, les manifestants tunisiens sont repartis dans les rues de la capitale pour réclamer le départ du gouvernement transitoire, jugé trop proche de l'ancien régime et trop lent à mettre en place le changement tant désiré. Mais, souvenons-nous qu'il aura fallu 80 longues années à notre pays, la France, pour passer d'une monarchie absolue et tyrannique, à un régime républicain stable et incontesté... en passant par des moments de régression démocratique, comme sous le Second Empire. 80 ans: de 1789 à 1871, et l'instauration de la IIIème République, la France a connu l'instabilité, l'incertitude, la République, la monarchie, l'Empire... Démocratiser un pays, même celui qui a inventé les droits de l'homme et le concept même de démocratie, n'est pas chose facile. Les pays arabes ont des modèles en Occident. Ils peuvent s'en inspirer, sans les copier. Mais, cela nécessitera du temps. Les peuples et les élites y sont prêtes. Nous devons les encourager.

 

Autre enseignement des révolutions en cours: les peuples ont pris leur destin en main et, en Libye plus qu'ailleurs, on ne peut qu'être admiratif de la Genealogie-Kadhafi.jpgdétermination de ses opposants prêts à mourir pour que leur pays sorte des griffes du colonel Kadhafi et de celles de son clan (image ci-contre). Or, plus que jamais, le peuple libyen semble seul face à ce clan qui, depuis plus de quarante ans, assassine, terrorise, exploite, s'enrichit sur le dos du peuple... Et d'ailleurs, certaines voix s'élèvent contre l'Occident: on ne nous reproche pas de ne pas être intervenu militairement pour faire chuter le régime Kadhafi. Les peuples arabes savent à quel point cet interventionnisme, même auréolé des meilleurs intentions, est dévastateur: l'Irak est là pour le montrer... ce pays qui, d'après Boris Boillon, ancien ambassadeur de France en Irak et nouvel ambassadeur à Tunis, devait être un "laboratoire de la démocratie moyen-orientale" ! Les Libyens savent que la chute de Kadhafi n'est que leur affaire: c'est à eux de la faire tomber, d'exprimer leur désir de le voir partir, sans qu'aucune puissance étrangère ne vienne le faire à leur place ! Ce qu'ils pourraient nous reprocher, c'est désormais de ne pas intervenir, y compris militairement, pour mettre fin au bain de sang qui s'y déroule. Chaque jour apporte son lot de victimes, de combats sanglants et de témoignages insoutenables de la répression mise en place par ce régime à l'agonie. Maintenant que le peuple libyen, prenant son sort en main, a enclenché le mouvement, une aide extérieure semble nécessaire pour "finir le travail".

 

L'actuelle situation libyenne est particulièrement intéressante. Forts de leur détermination et de leur courage, les opposants au régime libyen ont choisi de prendre le contrôle des grandes villes du pays en y installant des comités de gestion. Cela passait par des combats, souvent meurtriers, avec les représentants du pouvoir central, en l'occurence l'armée. A chaque victoire, l'opposition revendiquait la "libération" d'une ville... comme s'il s'agissait de débarasser le pays d'un dictateur sanguinaire, retranché dans son palais, dans sa capitale, en lui faisait perdre, progressivement, le contrôle du reste du pays. Un parallèle vient tout de suite à l'esprit: on croirait vivre la libération de l'Allemagne nazie, quand les opposants à Hitler prenaient le contrôle de l'ouest et de l'est du pays, encerclant le dictateur dans Berlin où il finissait par se suicider. En Libye, Kadhafi ne contrôle plus qu'une infime partie de son pays et vit retranché à Tripoli, où des combats ont déjà lieu. Tel un fou furieux, le dirigeant libyen affirme vouloir combattre jusqu'à la dernière goutte de son sang... et envoie l'un de ses fils (Seif el-Islam), jusque-là présenté comme le successeur "moderne et modéré", pour expliquer, à la télévision, que l'armée utilisera la force contre les manifestants et que le régime est prêt à se lancer dans une guerre civile ! Ou l'on voit que le clan Kadhafi n'est pas au pouvoir pour protéger les intérêts de la nation et de son peuple, mais pour tenter de garder la main sur la manne pétrolière qui a déjà alimenté ses comptes à l'étranger !

 

La communauté internationale peut-elle choisir d'intervenir militairement? Elle ne semble pas choisir cette option, préférant geler les avoirs du dictateur libyen et de ses proches (famille et soutiens), bloquer les ventes d'armes (qui sont, partiellement, responsables de la dangerosité de ce régime !) et promettre l'ouverture d'une procédure devant les tribunaux internationaux. S'il ne meurt pas dans l'opération, Kadhafi serait ainsi traîné, tel Milosevic, devant le TPI pour crimes contre l'humanité... chef d'accusation qui valut la pendaison à Saddam Hussein, le despote irakien ! En attendant, d'autres despotes, pas seulement africais, mériteraient eux aussi d'être poursuivis pour les mêmes raisons. Citons Laurent Gbagbo, que les événements dans le monde arabe ont relégué loin de la scène médiatique internationale... lui permettant de continuer à confisquer impunément le pouvoir. Citons aussi le fou nord-coréen, Kim Jong-il qui prépare, lui aussi, sa succession au profit d'un de ses fils. Deux autres régimes, pas très démocratiques mais pourtant parmi les plus "fréquentables", tremblent quelque peu: la Russie de Dmitri Medvedev et la Chine d'Hu Jintao. En Russie, le président officiel a exprimé ses craintes quant aux conséquences des mouvements révolutionnaires arabes qui pourraient relancer l'islamisme radical et, dans les régions contestées, où le pouvoir moscovite pratique une répression tout aussi insotenable, il craint une remontée du terrorisme... qui fragiliserait son pouvoir ! Quant à la Chine, elle minimise l'impact des événements africains. Les médias officiels ne relaient quasi pas la vague de contestation, comme le révèle Courrier International, cette semaine, sur son site Internet. Inutile d'avoir fait Sciences Po pour comprendre que le régime chinois craint un effet contagieux, car il n'y a pas qu'en Afrique que les peuples muselés pourraient se réveiller. La révolution en Chine, demain? Chiche.

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