Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
JES6 - Pour une France Juste, Ecologique et Sociale

Ce blog rassemble mes idées et constitue une modeste pierre pour bâtir une alternance en 2022.

De l'utilité des "petits candidats"

Seize candidats en 2007. Dix prétendants à la présidentielle en 2012, dont cinq n'ont pas atteint la barre des 5% au-delà de laquelle l'Etat leur rembourse les frais de campagne (il s'agit de Jacques Cheminade, Nathalie Arthaud, Philippe Poutou, Nicolas Dupont-Aignan et Eva Joly). Les élections d'envergure nationale, qui rythment notre vie politique une fois tous les cinq ans, sont l'occasion de voir fleurir des candidatures de "petits" partis. Ainsi, pour ceux qui ont la curiosité de regarder les clips diffusés dans la campagne officielle sur les chaînes du service public, un nombre incroyable de micro-partis, dont je ne connaissais parfois pas l'existence. La campagne des législatives 2012 voit apparaître le parti pirate, le parti de la France (la version Carl Lang du FN), l'Alliance écologiste indépendante (la version Francis Lalanne des Verts), le Parti Libéral-démocrate, le Partie chrétien-démocrate (de Christine Boutin) ou encore "Solidarité et Progrès" (de Jacques Cheminade). Cet éparpillement des candidatures, au-delà du fait qu'il rend le choix des électeurs compliqué, a une explication: avec 1% des voix dans 50 des 577 circonscriptions, ces micro-partis obtiendront, de l'Etat, une subvention d'1,6€ par suffrage obtenu. Ce phénomène fragilise notre démocratie: les leaders de ces micro-formations font passer leur quête de cet argent public devant leurs idées puisqu'avec des candidatures sans lendemain (des personnalités locales qui receuillent, tous les 5 ans, 2% des voix), les propositions défendues ne pèsent rien dans le débat public... et n'ont aucune chance d'être reprise par les "gros" candidats.

 

Bref, les candidatures multiples m'ont toujours gêné. J'ai toujours expliqué, sur ce blog, espérer le jour où de grandes formations politiques, réunissant tous les courants voisins qui peuvent s'en réclamer, verraient le jour pour proposer, au maximum, six à huit projets aux électeurs. Que ce soient aux régionales, aux législatives, aux européennes ou aux présidentielles, ces six à huit candidatures sont nécessaires à double titre: ne pas tomber dans un bipartisme excessif (actuellement, avec ces candidatures multiples, dont ils peinent à cerner les différences, les électeurs hésitent entre le sortant et son challenger de l'autre camp !) ; donner de la clarté et de la force à ces forces politiques avec lesquelles les citoyens se seraient familiariser. Ainsi, ces grosses structures ne coureraient pas après l'argent, et placeraient la défense de leurs idées au premier plan. A mes yeux, il ne devrait y avoir, en France, que sept formations politiques: une à l'extrême gauche (LO+NPA+Front de gauche + toutes les micro-formations voisines, comme celle de Gérard Schivardi... qui fait sa réapparition dans la campagne législative); une à gauche (PS+PRG+MRC); une écologiste (Verts+tous ses concurrents); deux au centre (d'un côté, le MoDem européiste et de l'autre, l'agglomérat de tous les souverainistes libéraux, façon Dupont-Aignan); une à droite (en gros, l'UMP); une à l'extrême-droite (FN+tous ses concurrents). Accepter cela supposerait qu'il n'y ait, en France, que sept chefs de parti: or, la classe politique, où chacun aime avoir un titre de "président" de je-ne-sais-quoi (un parti, une association), n'en est pas capable !

 

La preuve? L'extrême complexité de l'extrême-gauche française est saisissante. Alors qu'en 2012 Jean-Luc Mélenchon, qui a rompu avec un PS trop centriste et mondialiste, a réussi un beau pari: permettre aux citoyens de gauche, qui voulaient exprimer leur ras-le-bol et leur voeu d'un monde plus juste, de peser. Jusque-là, le PCF n'incarnait plus cette espérance, tandis que les candidats anti-capitalistes ne parvenaient pas à créer une dynamique susceptible de peser sur les gouvernements. Malheureusement, le Front de gauche a enregistré un score inférieur à certaines prévisions lors de la dernière présidentielle... Certains commentateurs jugèrent alors que Mélenchon avait raté son pari et que la despérance restait du côté du FN. Je pense que, si la gauche de la gauche était plus soudée, derrière un seul et unique candidat, capable de porter les points communs de tous les courants situés à la gauche du PS, elle pourrait faire mal ! Imaginez une candidature de Mélenchon, sans celles de Nathalie Arthaud et Philippe Poutou: mathématiquement, il aurait pu atteindre 12,8% des voix (contre 11,1 à lui seul); politiquement, il aurait sans doute pu capter une part des électeurs de Mme Le Pen pour qui le spectacle des querelles stériles de l'extrême-gauche est un repoussoir. Car, au fond, si cette partie de l'échiquier politique était représentée par une seule personnalité (et non trois qui se tirent dans les pattes, pour des broutilles), son message politique (forte hausse du SMIC, nationalisations de secteurs clés, hausse des impôts des super-riches, encadrement des licenciements et des aides publiques aux entreprises...) serait plus audible. C'est d'ailleurs ce qui fut reproché à Philippe Poutou, par exemple, dans l'émission de Laurent Ruquier ("On n'est pas couché", 25 février).

 



Ce jour-là, le candidat du NPA est, pour la deuxième fois en quelques semaines, l'invité de l'émission: la 1ère fois, hors campagne officielle des présidentielles, il avait été invité pour évoquer sa candidature et son programme. Ruquier est connu pour son refus d'inviter Marine le Pen, sauf lorsqu'une élection l'y oblige... mais, parce qu'il a posé des questions gênantes (que certains Français, comme moi, se posaient), une certaine presse (Libération ou le site web du Nouvel observateur) avaient critiqué le mauvais traitement subi par le successeur de Besancenot dans cette émission. L'échange que montre la vidéo est intéressant, car il justifie toute l'inutilité, me semble-t-il, d'une candidature comme celle de M. Poutou. Non que, personnellement, il ne soit pas intéressant ou que son discours ne trouve pas un certain écho dans la population. Mais, politiquement, il n'est pas "dans les clous". D'une part, il explique être un des deux candidats salariés qui ne soit pas un politicien professionnel: une élection présidentielle n'étant pas une élection syndicale (je n'ai aucun mépris pour les syndicalistes qui, à leurs places, jouent un rôle essentiel) ni anodine, par laquelle les citoyens choisissent un chef des armées qui représentera le pays à l'étranger, être un politicien expérimenté semble nécessaire. D'autre part, confronté aux questions d'Audrey Pulvar (deux sont particulièrement pertinentes: pourquoi votre candidature ne suscite pas une adhésion plus forte en pleine période de crise? Que faites-vous des salariés des banques que vous voulez exproprier, nationaliser et dont vous voulez annuler les créances que l'Etat leur doit?), il se place en victime du système médiatique et récite son refrain anti-capitaliste. Sur le fond, je partage sa révolte et certaines de ses propositions, même si la plupart semble irréaliste. Sur la forme, j'estime que, pour peser, il ne suffit pas d'être sur les plateaux tous les cinq ans, de porter des coups de gueule et d'appeler à la révolution par le bas (qui, depuis la 1ère candidature de Laguillier en 1974, n'a toujours pas eu lieu !). Il faut aussi avoir le courage d'entrer dans les institutions !

 

De la même manière que les petites candidatures me semble inutiles dans une élection présidentielle, cette multiplicité de personnalités, candidates à vie dans des circonscriptions où leur stratégie les empêche d'espérer gagner, participe à la désaffection des Français pour la politique. A part la présidentielle, qui constitue un enjeu majeur et fédérateur, les autres scrutins restent marqués par une abstention forte. Sans doute proche des 40% pour le scrutin des 10 et 17 juin prochains. Mais, personne ne se sent responsable...

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article