Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
JES6 - Pour une France Juste, Ecologique et Sociale

Ce blog rassemble mes idées et constitue une modeste pierre pour bâtir une alternance en 2022.

Quand la SNCF déraille...

Il y a des moments, comme ces dernières semaines, où nombreux sont les usagers de la SNCF qui, comme moi, ne souhaitent qu'une chose: que la société soit privatisée... Dans nos esprits, l'équation est simple: qui dit cheminot, dit fainéant - facilement gréviste - qui n'a rien à faire des usagers et pour lequel un retard, même insignifiant, n'est finalement pas grand chose. Sauf que, quand un retard de dix petites minutes empêche le salarié de prendre une correspondance, un RER ou un bus à la sortie de la gare, cela donne plus souvent trente minutes de retard au bureau (le temps d'attendre le bus ou le métro suivant). Sauf que, quand les horaires de passage sont modifiés et qu'un retard peut alors avoir davantage de conséquences avec ces nouveaux horaires, le stress de ne pas être à l'heure augmente. Sans compter les fois où, de manière tout de même exceptionnelle, un problème sérieux se pose. Un retard annoncé de dix minutes se transforme parfois en retard de vingt, puis trente, minutes avec détournement du train sur un autre quai que celui annoncé (de telle sorte à libérer le passage pour les trains directs qui ne s'arrêtent pas dans la gare concernée et dont le passage ajoute cinq minutes au départ du train déjà retardé). Et, cette fois, c'est une heure de boulot à rattraper à un autre moment dans la semaine... Bref, de manière ponctuelle mais récurrente, les incidents se multiplient. Incidents qui semblent d'autant plus insupportables qu'ils s'acommpagnent au mieux d'un manque d'information ("pour des raisons techniques..."), au pire d'une totale désinformation (en essayant de nous faire gober des motifs de retard improbables). Tout cela, c'est - vous l'aurez compris - du vécu. Et, pour un actif dépendant du train comme moi, ces quelques désagréments s'ajoutent au sentiment d'être "pris en otage" lors des grèves fréquentes (quoi que moins nombreuses, depuis quelques mois, en province).

 

Or, cette semaine, les raisons du mécontentement général se sont multipliées:

- la grève qui a touché la gare Saint-Lazare à Paris, déclenchée après l'agression d'un agent, a d'abord entraîné la fermeture de la gare et la non-circulation des trains au départ et à l'arrivée de cette gare;

- les associations de défense des usagers dénoncent la tendance de la SNCF à consacrer l'essentiel de leur budget aux lignes à grande vitesse au détriment des liaisons régionales ou moins fréquentées, devenant davantage une agence commerciale (qui cherche à vendre des billets selon la même logique que les compagnies aériennes - peu chers quand ils sont pris à l'avance, très très chers à quelques jours, ou heures, du départ -, en jouant la carte de l'Internet - les problèmes du site de réservation étant de plus en plus fréquents, d'ailleurs-) qu'un véritable service public.
 
Il faut d'ailleurs dire que, sur ces points, les raisons d'être inquiet sur cette tendance sont légion:
- d'une part, les décisions de se mettre en grève chaque fois qu'un agent est aggressé (ce qui pénalise la majorité d'un public d'actifs sans problèmes à cause des agissements - condamnables - d'une minorité de délinquants), comme c'est le cas dans les transports urbains de Marseille notamment, ne semble pas la piste la plus intelligente. La sécurité des personnels est évidemment indispensable et il est du ressort de l'entreprise d'y veiller... mais sans que cela ne se fasse au détriment des usagers qui n'en sont pas responsables et qui, par contre-coup, paient une partie de la note;
- d'autre part, alors que les Régions s'investissent indubitablement dans le financement des liaisons régionales et de la modernisation des équipements et des matériels (notamment les TER qui se multiplient un peu partout en France), la priorité donnée à la rentabilité est insupportable. Au point que la région de Haute-Normandie vient de décider de suspendre le versement de ses aides à la SNCF, tant que des garanties sur la ponctualité et l'amélioration du service ne sont pas prises.
 
En effet, pour ceux qui, en province, utilisent quotidiennement le réseau TER, on ne peut que confirmer que, depuis quelques semaines (mi-décembre notamment), la qualité du service s'est nettement dégradée. Et, dans le même temps, ceux qui, comme moi, s'intéressent à la politique, et scrutent les décisions des Conseils Régionaux, on ne peut que constater également que la part des budgets consacré aux transports régionaux, et à l'aménagement du territoire, a clairement augmenté et que les conditions politiques et financières sont bien souvent réunies pour améliorer la situation sur ce dossier. Sans que cela ne se ressente clairement... Bref, la colère des usagers est évidemment légitime. Et les excuses, formulées par le président de l'entreprise (Guillaume Pépy), suffisent-elles à calmer cette colère? Pas sûr. Car, au fond, est-ce au PDG d'une entreprise de s'excuser face à une situation dont les seuls responsables sont les syndicalistes et les salariés? Et ces excuses, même sincères, ont-elles une efficacité dès lors qu'elles ont été dictées par Nicolas Sarkozy qui, pensant ne pas avoir assez à faire comme président de la République, s'est immiscé comme s'il était lui-même le chef de gare? Outre une attitude présidentielle totalement incompréhensible (le chef de l'Etat ayant par ailleurs demandé le remboursement des abonnements pour les voyageurs concernés - à peine n'a-t-il pas précisé le taux de remboursement et les modalités ! -, comme si Pépy ne pouvait rien décider seul), les réactions médiatiques de ce dernier ont été plus mesurées. Avant de présenter ses excuses en direct au 20 heures de France 2, il a considéré que son entreprise a défailli dans sa mission de service public. Et, c'est finalement là que se trouve le fond du problème. Plutôt que de céder à l'émotion, et d'envisager l'avenir de l'entreprise au seul regard de cette émotion, réfléchissons à la manière de maintenir un service public de qualité dans le domaine du transport ferroviaire de passagers. Le chantier est énorme: je l'ouvre volontiers et, dans les prochains mois, toutes les contributions seront les bienvenues pour faire des propositions concrètes.

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article