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JES6 - Pour une France Juste, Ecologique et Sociale

Ce blog rassemble mes idées et constitue une modeste pierre pour bâtir une alternance en 2022.

Cette banque qui a tout (ou rien?) compris à la crise

Dans mon précédent article, que j'avais commencé à rédiger hier soir et que j'ai publié il y a quelques instants, je terminais en disant que Sarko pourrait ne pas supporter d'être dans l'ombre d'un Barack Obama dont le monde attend beaucoup. En particulier pour la résolution de la crise mondiale et cette fameuse (et tant attendue) refondation du capitalisme. En rentrant du travail, j'écoute René Ricol, le médiateur du crédit nommé par l'Elysée pour veiller à ce que les banques française continuent de prêter aux entreprises et particuliers pour ne pas freiner ni l'économie ni la consommation, invité de l'émission "C à dire" présentée par Thierry Guerrier. Lequel reçoit, pendant une dizaine de minutes, un invité qui fait l'actualité pour l'interroger en prélude à l'émission d'Yves Calvi, qui suit, "C dans l'air". Et le médiateur du crédit de rappeler que le chef de l'Etat souhaite que les banques continuent de prendre des risques en poursuivant leurs prêts et en en élargissant même les bénéficaires, en contre-partie de la garantie apportée par l'Etat. Tout en finissant son exposé par cette phrase merveilleuse: "De toute façon, l'Histoire retiendra que c'est lui [Nicolas Sarkozy, qui l'a nommé], par son courage et sa volonté de rassembler ses partenaires, qui permit au monde de surpasser la crise qui le touche aujourd'hui". C'est vrai qu'avec de tels courtisans, qui flattent avec si peu de relâche celui à qui ils doivent leur poste, Sarko n'est pas prêt de comprendre qu'à lui seul il ne peut pas tout changer, et sauver le monde (comme il le croit). D'autant que le message de M. Ricol est simple: parce que l'Etat garantit leurs fonds, il demande aux banques de continuer à prêter, même aux moins solvables, pour relancer une économie (qui, il est vrai, n'a pas profité des mesures votées par la majorité depuis plus d'un an). Bref, les erreurs d'hier sont encore amplifiées... et la fragilité de certains emprunteurs sera compensée par ces cons de contribuables, qui règleront la note quoi qu'il arrive !

Mais, demander aux banques de soutenir la consommation n'était, en fait, pas nécessaire. Certains d'entre elles, malgré le contexte qui a fragilisé nombre de foyers modestes, ont inventé des outils qui permettent d'atteindre cet objectif. En effet, depuis quelques semaines, peu après le début de la grande crise boursière et financière mondiale, l'une des principales banques françaises - à qui l'Etat a du garantir une partie de ses fonds propres - diffuse une publicité dans l'air du temps. Elle a pour objet la nouvelle carte de paiement (photo) qui permet à son détenteur de payer ses achats (jusque-là rien de nouveau), en choisissant entre un règlement au comptant (ce que vous et moi faisons chaque jour) et un règlement à crédit... le montant de vos achats étant débités ultérieurement en totalité, ou par mensualités dans les mois qui suivent. Vous me direz: rien de bien révolutionnaire dans cette pratique... que les cartes de paiement des sociétés de la grande distribution proposent déjà. Payer au comptant ou à crédit, les cartes Accord (du groupe Auchan) vous le propose déjà. Désormais, ce sont donc les clients du Crédit Agricole - celui avec lequel "une relation durable, ça change la vie !" - qui vont pouvoir utiliser ce système.

Comment la banque vend-elle ce nouveau produit? Avec trois arguments. D'abord, on affirme aux  clients (potentiels) que cette nouvelle carte apporte plus de liberté (vous savez ce mot que la plupart des hommes politiques, notamment de droite, ont mis à la mode: les phrases du genre "je suis un homme libre" - sans référence au Titanic, quoique? - ont fleuri dans les interviews des Villepin, Raffarin, Copé et autres Devedjian depuis l'arrivée au pouvoir de Sarko). Bref, toujours plus de liberté puisque vous pouvez choisir le mode de règlement. Cette liberté dont vous étiez privés jusque-là ! Second argument: la carte apporte de nouvelles sécurités, puisque son prix comprend deux nouvelles assurances tous risques (notamment une pour le recouvrement des mensualités non honorées). Gage de souplesse et de sécurité dans son utilisation. Enfin, et pour compléter ce beau tableau, l'option "paiement au crédit" permet au client de reporter le coût de ses achats quotidiens, notamment lorsqu'en fin de mois, le solde du compte est un peu trop dans le rouge (proche de cette fameuse limite au-delà de laquelle frais de forcage et agios s'ajoutent pour doubler, tripler ou quadrupler le montant débité à partir duquel le plafond a été franchi).

Alors, bonne idée, cette acrte présentée comme révolutionnaire sur le site de la banque? Certes, a première vue, nombreux seront les foyers à se dire qu'il s'agit d'une réponse positive à ces temps difficiles que nous vivons. Il n'y a qu'à voir le nombre de clients possédant déjà les cartes à paiement différé des magasins Auchan. Il n'y a qu'à voir également le nombre de clients des sociétés de rachat de crédit, celles qui vous permettent de regrouper tous vos crédits en un seul, et d'en baisser la mensualité tout en l'étalant dans le temps et allongeant donc la période au cours de laquelle vous payez des frais de gestion ! Les crédits revolving (devenus, dans la bouche de leurs opposants, les "crédits revolver") sont la pire de toutes les solutions apportées à la précarité des ménages endettées qui sont aussi, quel hasard, les plus pauvres: en se contentant de regrouper tous les crédits cumulés par ces travailleurs pauvres qui, avec un salaire de misère à peine supérieur au SMIC, ne peuvent pas vivre décemment, on ne résoud pas la cause de ces situations dramatiques. On agit sur les seules conséquences et on fait du business sur le dos des plus vulnéarbles: c'est inacceptable ! Alors, la carte du Crédit Agricole? Et bien c'est clairement une fausse-bonne idée. Et pour au moins deux principales raisons: d'une part, en attirant les foyers aux revenus modestes avec ce système de paiment différé, on ne fait que repousser à demain un problème que l'on fait semblant de contourner aujourd'hui... aujourd'hui de faire débuter la "fin du mois" de ces familles de plus en plus tôt; sans compter que cela suscite un appel à la consommation inutile, en disant à ces foyers qu'ils peuvent faire une dépense inattendue et exceptionnelle d'autant plus facilement qu'ils ne la règleront que plus tard... quand la crise sera finie. Bref, en nous proposant un produit qui apporte une solution de surface à la situation de crise de certains de nos concitoyens, cette carte va participer à leur fragilisation toujours plus marquée. C'est pitoyable !! Et il est de mon devoir de citoyen d'alerter sur les méfaits de ces pratiques qui, hier similaires, ont conduit à la situation que nous connaissons.
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