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JES6 - Pour une France Juste, Ecologique et Sociale

Ce blog rassemble mes idées et constitue une modeste pierre pour bâtir une alternance en 2022.

Objectif "Zéro SDF": rêve ou réalité?

Il s'appelle Alain Régnier (photo) et sa mission, de "super-préfet des mal-logés", va véritablement commencé dans les prochaines semaines... alors que les premières vagues de froid sont annoncées sur la France. Cet homme de 48 ans, nommé en avril dernier par le gouvernement, a notamment été choisi pour sa compétence dans ce domaine des sans-abris et pour sa méthode (aller sur le terrain, rencontrer les "vraies" gens plutôt que de rester dans un bureau). Rencontré par une journaliste du service enquête de France Info la semaine dernière, alors qu'il inaugurait un foyer à Bourges, Alain Régnier est revenu sur les principales priorités que s'est fixé le gouvernement en matière de logement: humaniser les centres d'hébergement, prévenir les expulsions, s'occuper de la construction de logements sociaux, lutter contre l'habitat indigne et l'errance des jeunes. Bref, une tâche gigantesque... qui nécessitera autant de bonne volonté et de courage politique que d'argent public ! Matignon a déjà annoncé le débloquage de 300 millions d'€uros sur quatre ans (2008-2012) pour venir en aide aux Sans Domicile Fixe (SDF), mais M. Régnier déplore qu'il ait à "ramer" chaque fois qu'il se rend à Bercy pour obtenir de l'argent pour ce que le ministère de l'Economie ne considère pas comme une priorité, mais plutôt comme une dépense que le budget de l'Etat n'aurait pas à supporter. Et le "super-préfet" de citer un exemple: pour financer un projet d'expérimentation à Marseille, il a du se battre pendant cinq mois ppour que l'argent soit versé aux opérateurs qui ont procédé à la construction du chantier. Opéateurs qui ont du avancer la somme, soit 400 000 €uros, pour pouvoir débuter les travaux dans les plus brefs délais. Donc, pour lui, "l'Etat n'est pas crédible".

La principale critique qu'il formule concerne la jungle des démarches auxquelles les différentes administrations sont confrontées: le logement servant ici de révélateur au fait que le "mille-feuilles" des niveaux de décision et de compétences, auquel la majorité veut s'attaquer, empêche la France de se réformer de manière efficace... Car, le constat est simple: les différents échelons de décision se renvoient la balle chaque fois que le problème des sans-abris refait surface. Comme le déplore la président de la communauté d'agglomération de Bourges qui regrette qu'à chaque réunion sur les sujet, les trente ou quarante personnes qui se retrouvent autour d'une table se regardent, en chien de faïence, pour savoir qui va devoir intervenir et payer. Car, au moins trois échelons ont une compétence en lien avec ce problème du mal-logement: le Conseil général pour les aides sociales, l'Etat pour l'hébergement d'urgence ou les communautés de communes pour le logement durable. Dès lors, ces différentes collectivités placent en Alain Régnier tous leurs espoirs... pour qu'il fasse comprendre au gouvernement qu'il suffirait de mettre en place une meilleure coordination des moyens pour résoudre le problème car, avec l'argent des uns et des autres, le volet financier est presque déjà réglé.

Sauf que ce manque de coordination produit des résultats catastrophiques. Exemple concret: vous vous souvenez sans doute de l'occupation, par 374 familles de sans abris, de locaux rue de la Banque à Paris. C'était il y a un peu plus d'un an. Que sont-elles devenues aujourd'hui? Seule une centaine d'entre elles a obtenu un logement décent, les autres devant encore se contenter d'une place en foyer ou d'une chambre d'hôtel ! Cette seule information en dit déjà beaucoup sur la nécessité d'un grand "chantier national prioritaire pour les sans-abris (ils sont environ 100 000 en France) et les mal logés (dont le nombre est estimé à 3 millions)", comme celui que François Fillon a lancé au printemps dernier. Il faut dire que le premier ministre avait alors reçu, sur son bureau, le rapport d'un député UMP des Yvelines sur le sujet. Rapport qui estimait que la situation de l'hiver 2008-2009 allait être encore pire que celle de l'hiver précédent (comme le répètent d'ailleurs les associations du secteur) dans la mesure où il manque environ 500 places d'urgence pour la seule ville de Paris...  sans compter les insuffisances du système d'accueil dans l'ensemble de la région parisienne, où se concentre l'essentiel des difficultés.

La résolution de ce problème, soulevé par Lionel Jospin lors de sa deuxième tentative présidentielle en 2002 (tout le monde se souvient de son "Objectif Zéro SDF" qui était une des mesures-phare de son programme en matière de logement), n'a que trop traîné... Il devient donc urgent d'apporter des réponses à la fois financières et structurelles à un dossier que la crise économique et sociale, que la France s'apprête à traverser, risque d'aggraver. Deux priorités doivent, à mon avis, être définies: la lutte contre les expulsions qui, comme le souligne M. Régnier, marque le début d'une "spirale de la paupérisation"; une politique salariale qui mette un terme à ce phénomène des travailleurs pauvres qui, avec des emplois précaires, à temps partiel, rémunérés sur la base d'un SMIC encore trop bas, ne peuvent pas vivre dans des conditions décentes. Deux solutions peuvent ainsi être avancées: revalorisation du SMIC pour le porter, dans un premier temps, à 1200€ net par mois, et mise en place d'un bouclier logement qui permettrait de garantir aux familles que leur loyer ne puisse dépasser 25% de leurs revenus. Voilà deux propositions concrètes, qui garantissent une justice sociale plus que jamais bafouée et pourtant indispensable, que le Parti Socialiste a récemment avancé. Propositions qui concernent le quotidien de millions de nos concitoyens. Et dont l'efficacité économique est bien plus nette que celle, prétendue, du bouclier fiscal voté au lendemain de l'élection de Nicolas Sarkozy ! Sauf que ces mesures vont réclamer, comme je le disais en introduction, un courage politique qui semble faire défaut: au-delà de l'annonce du chef du gouvernement, il est à noter, comme le soulignait l'enquête de France Info, qu'aucun ministre n'a pour l'instant prévu le moindre déplacement en province ou en région parisienne sur le sujet des sans-abris !

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