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JES6 - Pour une France Juste, Ecologique et Sociale

Ce blog rassemble mes idées et constitue une modeste pierre pour bâtir une alternance en 2022.

Faut-il réformer le bac?

Comme tous les ans, il fait l'ouverture des journaux télévisés ou radio-diffusés ! Il s'agit, bien évidemment, du baccalauréat. Et, plus précisément de l'épreuve tant redoutée de philosophie qui donne le coup d'envoi d'une semaine d'épreuves pour les lycéens de terminale. Chaque jour, parfois à raison de deux épreuves par jour, les sujets vont s'enchaîner... et les politiciens vont multiplier les débats sur l'importance de cet examen de fin de scolarité à l'issue de trois années de lycée. Parmi les invités des médias ces derniers temps, l'incontournable Luc Ferry qui, depuis son passage au ministère de l'Education, fait régulièrement la Une. En particulier quand il s'agit de commenter l'épreuve de philosophie, sa discipline. Commentant la possibilité d'une réforme du bac, il a tenu à rappeler une évidence qui, à mon avis, doit constituer le préalable indispensable à tout article portant sur ce thème: même s'il ne s'agit pas d'un concours, pour lequel le nombre de reçus est limité, cet examen est l'une des trop rares occasions qu'ont les lycéens de se confronter au monde de la fac où tout semestre s'achève par une succession d'épreuves en temps limité, qui sont réussies si le candidat franchit le seuil de la moyenne.

Maintenir ce rôle d'antichambre du monde universitaire est une nécessité. Tout comme le maintien d'épreuves finales du brevet des collèges, malgré l'existence d'un contrôle continu, est une autre nécessité. Pour une fois, un homme politique mène une réflexion globale sur l'école: les différents niveaux constituent les différentes étapes de la scolarité et doivent s'enchaîner logiquement, chacun préparant le niveau suivant. Selon la même logique, chaque niveau (primaire, collège, lycée) doit être marqué par une épreuve finale, ce qui suppose de rétablir un examen en fin de l'année de CM2 (qui puisse empêcher un enfant ne maîtrisant pas les acquis fondamentaux que sont la lecture, l'écriture et le calcul de passer en classe de 6ème, contrairement à ce qui se passe actuellement). Il semble par ailleurs nécessaire de revaloriser chacun des diplômes existants: si le brevet n'a aucune valeur, comme c'est le cas aujourd'hui, il est inutile. Il est indispensable que cette épreuve devienne le premier des échelons professionnalisants, soit une sorte de sésame pour l'entrée au lycée ou dans une formation en alternance. Dès lors que le brevet jouerait ce rôle, le baccalauréat reprendrait une place tout aussi importante en tant que sésame incontournable pour l'entrée en université.

Pour cela, il faut aussi que ce diplôme sanctionne l'acquisition de méthodes de travail et de connaissances, la maîtrise parallèle de ces deux éléments permettant de juger une scolarité réussie et la capacité d'un futur citoyen à réfléchir. Ainsi, cette année, l'épreuve d'histoire des séries générales n'a pas véritablement joué ce rôle: alors que le programme de la classe de terminale vise à comprendre le monde actuel de l'après seconde guerre mondiale, les deux sujets de dissertation pouvaient sembler complexes. Si bien que les concepteurs de sujets ont jugé nécessaire de donner aux candidats une liste de dates utilisables pour les traiter. Et le message est clair: "vous n'avez pas appris tout votre cours? vous n'avez retenu les dates fondamentales qui permettent de comprendre le programme de l'année? vous avez appris un cours d'histoire sans chercher à retenir des dates-clés? ce n'est pas grave, on vous les donne". Si le sujet sur "la guerre froide" pouvait apparaître particulièrement vaste et celui sur "le rôle de la France dans le monde" possiblement polémique, il est probable que les correcteurs surnotent les copies: dès l'instant où les candidats peuvent réutiliser des dates qui leur sont données et où ils mènent une réflexion un minimum cohérente (chronologiquement bien menée), il n'y a pas lieu de donner une mauvaise note.

Et après cela, on va nous faire croire que le bac n'est pas bradé. Qu'un certain pourcentage d'admis doit être atteint et que, pour y parvenir, les jurys ne vont pas, une fois de plus, donner des points jurys permettant à un élève limite d'obtenir un diplôme qui, dans ce cas, ne sanctionnera pas les capacités de l'élève. Au-delà des types d'exercice réalisés et de leur difficulté, il semble par ailleurs logique de réfléchir à deux autres aspects de cet examen: la part de contrôle continu qui pourrait être introduit et l'enchaînement des différentes épreuves proposées. Ce qui suppose une réforme plus profonde du lycée, qui redéfinisse le tronc commun à toutes les filières, les options obligatoires et les options facultatives. Sans donner de solution, je propose deux pistes de réflexion (que je vous invite à discuter, en postant vos commentaires):

- d'une part, il apparaîtrait judicieux de ne rendre obligatoire le passage d'une seule épreuve de langue vivante étrangère: il est nettement préférable de donner aux jeunes Français la possibilité d'apprendre convenablement une langue étrangère plutôt que de n'en maîtriser qu'imparfaitement deux. Faire de la langue des signes et des langues régionales de nouvelles options, qui aient une finalité professionnalisante, permettrait de faire du bac un vrai tremplin vers le monde du travail ;
- d'autre part, la concentration de trop nombreuses épreuves en fin d'année de terminale pourrait être abandonnée au profit d'une dose de contrôle continu (réelle mais inférieure à celle du brevet, pour que ces deux examens soient différenciés) et du passage de certaines épreuves, qui ne correspondent pas au projet professionnel de chaque élève, en fin de classe de première.
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